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IVIL. Tous les jours precedents on travailla à 1627. la dépêche vers les Provinces, & l'on crea pour cela un Confeil tres-étroit, qui fut compofé des Sieurs Lacques David Echevin, Hierofme Colomiez Pasteur, & David de Fos Avocat. On envoya aufdites Provinces les Copies de la Propofition du Sieur Becher & de la Creance baillée par écrit au Duc de Buckinghant, leur demandant leur avis, & leur refolution au plûtoft. Les deux fufdites pieces étoient preffantes d'elles-mêmes ; mais les Lettres dont on les accompagna étoient fort fimples, & affez indifferen

tes.

Le Vendredy 30, vint en la Ville un Gentil-homme bien accompagné, & en apparence homme de ménagement & d'entreprise car il étoit pâle, penfif, bien parlant, & de bonne façon. Il vid le Maire, & parla à luy feul. On fceut qu'il étoit à Mr. le Duc d'Angoulême. Il s'en retourna trois ou quatre heures apres fon arrivée."

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Ledit jour quelque quarante ou quarante cinq Cavaliers fortirent de la Citadelle, & allerent jufques vers le Bourg de la Flotte fans faire autre chofe que tuer un Goujat d deux qu'ils rencontrerent; & le Samedy fui vant ils voulurent encore hazarder la mêm fortie; mais ils trouverent une embuscade e une certaine Mafure, & la Cavallerie An gloife prête à les charger. Ils y perdiren huit ou dix des leurs. Les Angois euren quelques bleffez.

Le lufdit jour de Vendredy 30, le Sieur d

Loudrieres, Senéchal de la Rochelle, paffa IvIL. de la Rochelle en l'Ile de Ré, avec fix ou 1627* fept cens hommes, pour se joindre au Duc de Buckinghant. Quelques jours apres fon arrivée, par le Confeil de Monfieur de Soubile & des François qui étoient en ladite Ifle, ledit Duc fit une Ordonnance, par laquelle il commanda aux Catholiques Romains, fur l'opinion qu'il avoit qu'ils donnoient avis à ceux de la Citadelle de tout ce qui fe paffoit en fon Armée, de fe retirer à la grand' terre, dans les Vaiffeaux qu'il feroit preparer à cet effet: De laquelle Ordonnance voicy les termies.

Omme ainfi foit que depuis Earrivée de l'Armée de Sa Majefté de la Grand Bretagne en ce Bourg de S.Martin, Monfieur le Duc de Buckinghant Grand Amiral d'An-gleterre, & General de l'Armée de fadite Majefté, tant par Mer que par terre, meu en cela de fon bon naturel, & aufi à l'inftante requefte que luy en avoient faite ceux de la Religion Reformée dudit Bourgs eût per mis à ceux de la Religion Catholique Romaine, de jouir de la liberté de leurs confciences, de leurs vies & biens, avec la même feureté & liberté que ceux de la Religion Reformée, fans faire ny permettre être fait aucun dommage ny incommodité, puniflant felon l'exigence des cas, ceux qui y auroient contrevenu, & par telles & autres voyes de douceur, tâché de faire contenir lef dits Catholiques Romains dans les termes

IVIL. de leur devoir, comme ils luy avoient pro 3627. mis. Mais tant s'en faut, que fuivant leurf

dites promeffes, ils y ayent obey & tâché de meriter la continuation de cette faveur, & d'en procurer l'accroiffement, qu'au contraire, ils ont averty journellement l'ennemy de ce qui fe pafloit, & fourny toutes fortes de provifions au prejudice des défenfes & de fes affaires,exigeant des Soldats un prix exceflif des denrées qu'ils leur debitent, & leur refufant beaucoup de chofes neceffaires. en payant. Pour ces caufes, & le déplaifir qu'il auroit de leur voir arriver le mal qu'à fon tres-grand regret ils ont attiré fur eux, par leurs déportements: De nôtre avis & Confeil, & apres avoir mis l'affaire divetfes fois en deliberation dans fondit Confeil de Guerre, ne trouve autre meilleur expedient pour prevenir lefdits maux, qui s'en alloient tomber fur ceux de la Religion Catholique Romaine, en ce Bourg de S. Martin, Que de leur ordonner de s'abfenter pour quelque temps, & aller à la grand' terre jufqu'à ce que par la grace de Dieu & la force de fes Armes, il ait reduit cette Ifle, & tous les Forts qui font en icelle, fous fon pouvoir. A cet effet, en confequence de ce qui a été arrété audit Confeil de Guerre, Nous avons commandé & enjoint, & par ces prefentes expreflement enjoignons & commandons à toutes perfonnes, de quelque qualité & condition qu'ils foient, faifans profeffion de la Religion Catholique Romaine, Manans & Habitans de ce Bourg de S. Martin, fur

peine de confifcation de biens, & d'être trai- IvIL. tez comme ennemis, Que dedans fix jours 1627. apres la publication defdites prefentes, ils ayent à fe retirer à la grand' terre: Et à cette fin, pour la plus grande commodité & feureté de leurs perfonnes, leur fera donné nombre fuffifant de Vaiffeaux de l'Armée Navale pour leur conduite, lefquels fe tiendront prefts tous les jours durant le fufdit temps és environs de ce Bourg, & iccux les plus propres & feurs pour les recevoir & paffer à la grand' terre avec ce qu'ils auront fur eux. Et afin que durant leur abfence ils ne puiffent recevoir aucun prejudice ny dommage en leurs biens, Nous leur permettons de les laiffer entre les mains de telles perfonnes de la Religion Reformée que bon leur femblera, ou bien de faire choix de telles Maifons qu'ils jugeront à propos pour les y laiffer; lefquelles Maifons, avec tous les biens y contenus, feront confervées : Et à ce que perfonne n'en pretende caufe d'ignorance, Lettres de Sauvegarde y feront affichées, attendant que ce qui refte à executer en cette Ifle, foit parvenu à tel point qu'on leur puifle témoigner, que ce qu'on fait à present eft pour leur bien & feureté.

Pour ce qui eft des Capucins du Convent dudit Bourg de Saint Martin, il ne les obligea point à partir tomme les autres mais eut foin de pourvoir à leur nourriture.

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Le Samedy 31, le Maire & le Corps de Ville, fuivant l'Arrété du Confcil, dépêche

Iva L. rent vers Monfieur le Duc de Rohan, & le 1627. Villes de Guyenne & Languedoc ; & leu

manderent que fur les divers avis qu'il avoient eus de prendre garde à leur confer vation, à caufe des grands defleins qu'o avoit fur leur Ville, ils avoient trouvé bon d recourir à Dieu par un Ieûne qu'ils avoien celebré le vingt-un de Iuillet. Pendant le quel étoit arrivée, entre les terres & rade plus prochaines de leur Ville, une tres-puif Tante Flotte du Roy de la Grand' Bretagne conduite par le Duc de Buckinghant Gran Amiral d'Angleterre, qui avoit envoyé ! même jour le Sieur Becher Secretaire d Roy, avec des Lettres dudit Duc pour leu Ville, afin de leur faire entendre le fujet d fa venue en cette côte. Mais l'action d jeûne l'ayant obligé de se retirer, il étoit re tourné le lendemain avec Monfieur de Sou bife, & avoit été oiiy au Conseil, aflembl pour cela; où, outre fa creance il avoit fai voir un Efcrit figné de la main du Roy, pa lequel il promettoit à ceux de la Religio Reformée de ce Royaume, un puiffant f cours par Mer & par Terre, à fes frais & d pens, & de le continuer jufques à l'établif inent d'une bonne paix & feureté d'icelle avec cette condition bien expreffe, qu'il le laifloit l'entiere liberté de demeurer en la delité & fujetion qu'ils dévoient à leur Ro le tout à condition qu'ils ne pourroient fa re aucun Traité, Accord, ou Paix, fans f avis & confentement ; promettant aufli même de fa part: duquel écrit ledit Sie

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