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obligé de leur en payer deux à chacun.

Il en eft de même à l'égard des Dix qui valent un jetton chacun de chaque Joueur à celui qui les a jouez, s'il leve la main, & il lui en coûte également un pour chaque Joueur, fi le Dix qu'il a joué eft levé par un autre, foit parce qu'il eft coupé, ou autrement.

Celui après cela qui a plus de Points dans les levées qu'il a faites, gagne ensuite la Partie qui confifte en autant de jettons que l'on eft convenu. Voici la manière dont on -compte ces Points, après que toutes les cartes du Talon ont été prifes, & que l'on a joué toutes les cartes que l'on a en main : chacun voit les levées qu'il a, & compte pour chaque As onze Points, dix pour cha que Dix, quatre feulement pour chaque Roi, les Dames valent trois Points chacune, & chaque Valet deux, & les autres ne font comptées pour rien; ayant ainfi compté, celui, qui, comme il a été déja dit, fe trouve avoir plus de points, gagne ce qui a été mis par chacun au Jeu.

L'on doit par conféquent obferver de faire des levées où il y ait beaucoup de Points; par exemple, des As, des Dix, des Rois, des Dames ou des Valets, afin de pouvoir gagner le Jeu, qui eft ce qu'il y a de plus confidérable à gagner.

L'ufage & le bon fens aprendront mieux à bien jouer ce Jeu que tout ce que nous pourrions en dire; la fituation du Jeu de mandant de jouer un même coup, tantôt d'une maniére, & tantôt d'une autre ; par exemple, lorfque l'on eft avancé en Points, il faut quelquefois prendre, quoiqu'il n'y ait pas beaucoup de Points à la levée qu'on prend,

ce qu'il ne faudroit pas faire, fi l'on n'étoit pas avancé, puifqu'il faudroit attendre un grand Coup pour prendre.

Il fuffit de dire que pour bien jouer la Brufquembille, il faut une grande attention, puifqu'il faudroit fçavoir non-feulement les Triomphes qui font deja forties, mais en. core toutes les Brufquembilles qui font paffées, & celles qui font dans le Jeu, afin d'en faire fon avantage en jouant.

Il n'y a pas un grand nombre de Règles : voici celles qu'il eft à propos d'observer pour rendre ce Jeu amufant & interreffant..

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I. Celui qui en mêlant trouve une ou plufieurs cartes tournées, ou en tourne luimême quelqu'une, il remêle..

II. Si le Jeu fe trouve défectueux par une carte de moins, tout ce qui a été payé pen- dant le coup eft bien payé, mais perfonne ne peut gagner la Partie; & fi le Jeu eft faux. par deux cartes semblables le coup ceffe d'être joué dès qu'on s'en aperçoit, & file coup eft fini, le coup eft bon.

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III. Celui qui joue avant fon rang, ne peut reprendre fa carte.

IV. Celui qui a jetté fa carte, ne sçauroit y revenir, fous quelque prétexte que ce foit.

V. Celui qui prendroit avant fon tour au Talon, s'il a joint la carte prife avant fon tour à fon Jeu, paye à celui à qui elle iroit de droit, la moitié de ce qui eft au Jeu, & la lui rendroit ; & s'il ne l'avoit pas jointe à fon Jeu, mais vûë feulement, il donnera deux jettons feulement à chaque Joueur, & la laiffera prendre à qui elle va de droit.

VI. Celui qui en tirant fa carte du Ta

lon, en voit une feconde, paye deux jettons à chaque Joueur.

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VII. Lorsque l'on joue en Partie deux contre deux, fi l'un des Joueurs voit la carte qui doit aller à un de fes Adverfaires, il leur eft libre de recommencer la Partie; & fi la carte vûë lui revient à lui ou à son Compagnon. le jeu fe continuë.

VIII. Il n'y a point de renonce, ni l'on n'eft pas forcé à mettre plus haut fur une carte jouée.

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IX. Celui qui ayant accufé avoir un certain nombre de Points, en auroit davantage, & ne les accuferoit qu'après que les cartes feroient broüillées, il ne pourroit revenir & perdroit la Partie fi un autre Joueur avoit plus de Points dans les levées que ce qu'il auroit accufé.

X. Celui qui quitteroit le jeu avant la Partie finie, la perdroit.

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Ces Réglès, comme nous l'avons dit, ne font pas grande chofe, il eft même rare que les coups arrivent où elles ont lieu.

On ne peut rien dire fur le nom qu'on a donné à ce Jeu, finon que c'eft une idée plaifante de celui qui l'a inventé, & qui n'a aucun raport au Jeu.

Fin de la première Partie.

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ACADÉMIE

UNIVERSELLE

DES JEU X.

SECONDE PARTIE.

LE JEU DES ECHECS. Avec toutes les différentes maniéres de lejožer. L n'eft guéres de Jeux qui demandent plus de conduite, plus d'attention, & plus de raifonnement que celui des Echecs ; & l'adreffe y eft tellement requife que le hazard ne s'en méle point; & fi l'on y perd, ce n'eft que par fa faute. Le Jeu des Echecs eft trèsancien & univerfei. A la Chine, on aprend ce Jeu aux filles pour les rendre agréables.

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L'étimologie des Echecs vient, dit-on, de Ufcoques, fameux Brigand de Turquie: d'autres le décrivent de Scach, qui eft un mot Allemand. Gregorius Tholofanus dit qu'il vient de l'Hébreu Scach, qui fignifie Vallavit, &

de mat, qui fignifie mortuus eft; d'où eft venu Echec & mat,parce que pour en venir-là, il faut que le Roi foit tellement attaqué, environné, & ferré de près, qu'il ne fe puiffe retirer, nife couvrir fans être pris, & il faut qu'il meure.

Bochard veut auffi que le mot d'Echécs vienne de Scacb, qui eft un mot Perfan, felon lui & il dit que Scacb mat fignifie le Roi eft mort; cette derniére étimologie eft la plus vraisemblable.

Quant à ceux qui les premiers ont trouvé ce Jeu, Jean Fabicius dit que c'eft un certain Perfan, nommé Scatrenfcha; & qu'en Perfe même on apelle ainfi ce Jeu. Si l'on en croit le Roman de la Rofe, l'invention en doit être attribuée à Attalus: d'autres veulent que ce fut Palaméde qui trouva l'invention des Ecbecs, & de l'Ecbiquier pendant le Siége de Troye; d'autres l'attribuent à un Diomede qui vivoit fous Alexandre: mais la vérité est que ce Jeu eft fi ancien, qu'on n'en peut fçavoir véritablement l'Auteur.

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Il y a des gens qui excellent au Jeu des Echecs; & on raporte fur cela que Tamerlan y a parfaitement bien joué. Le Calabrois paffe auffi pour l'avoir fçû en perfection; & même il en a montré plufieurs fiftèmes, par lefquels il paroît que ce Jeu demande, comme nous l'avons déja dit, beaucoup d'attention & de raisonnement, & non moins d'expérience.

Il eft vrai auffi que toutes ces réfléxions font ordinairement fuivies d'un agréable divertiffement, qui ne coute guéres, fi l'on veut, fe contentant seulement en ce Jeu de remporter la victoire, fans aucun autre avantage.

Comme il peut arriver que ceux qui liront ce Livre, n'auront pas là connoiffance du

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