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ne lui avoit pas permis de fe fatisfaire A. PA en ce point.en

En allant en Tofcane, il étoit encore incertain du lieu où il s'établi Foit, & s'étoit réfervé de prendre fon parti, fuivant les circonftances & les avantages qu'il trouveroit. Il paffa d'abord à Peroufe, où l'on voulut le retenir; mais le mauvais état où il vit le College de cette Ville, & le peu d'ardeur qu'il y remarqua dans la jeuneffe pour l'étude, l'en dégoûterent.

Ainfi il fe tranfporta à Sienne, dont la fituation lui plut, & où il forma le deffein de fe fixer, quoique cette Ville fut alors divifée en differentes factions, & qu'on n'y jouit point entierement du repos, qu'il fouhaitoit. Ce qui l'y détermina fut l'efprit vif & pénétrant de fes habitans, qu'il jugea par le foin qu'ils avoient pour cultiver leur Langue maternelle, être propres à s'appliquer avec fuccès à la Latine & à la Gréque.

Pour executer cette réfolution il vendit les biens qu'il avoit à Veroli, La patrie, qu'il abandonna pour touE j

LEARIUS

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A. PA-jours fans regret, parce qu'il n'y ARIUS. étoit pas aimé, comme il l'avoue luimême.

Il n'eut pas lieu de fe repentir de fon changement de demeure; car après avoir été quelque temps à -Sienne il y fut fait Profeffeur en Langue Latine & Gréque, & eut dans cet emploi un affez bon nombre d'Ecoliers.

Se voyant attaché par-là davantage à cette Ville, il acheta dans le voifinage une maison de campagnes nommée Ceciniano, qu'il prétend avoir appartenu à Cecina, dont Ciceron prit autrefois la défenfe, afin de s'y retirer les jours qu'il auroit libres; & il n'oublia rien pour faire de cet endroit un lieu de délices.

Ses amis le déterminerent enfuite à fe marier, & il époufa à l'âge de 34. ans une jeune fille de bonne famille, qu'il aima ardemment tant qu'elle vêcut, & dont il eut quatre enfans, deux garçons, qu'il nomma Lampride & Phedre, & deux filles qui furent appellées Afpafie & Sophonisbe.

Le repos dont il avoit joüi jufques

troublé par

la fut un peu là

la

que

A. PA

relle que lui fufcita un de fes Colle- LEARIUS gues, fâché de voir fa réputation obfcurcie par l'éclat de celle de Palearius. Il ne defigne ce Collegue que par le nom de Machus Blatero; mais il en parle comme d'un ignorant, qui enfeignoit la Langue Latine à Sien ne avec fi peu de capacité, que fes. propres écoliers n'avoient pour lui que du mépris. Il ne nous apprend point non plus le fujet de la querelle, dans laquelle il eut pour défenfeur Pierre Aretin, qui foit pour le vanger, foit pour fatisfaire fon genie mordant & fatyrique, compofa contre fon envieux une piece Italienne, qui fut reprefentée publiquement à Venife..

Il s'éleva quelque temps après contre Palearius une autre tempête bien plus confiderable. Antoine Bellantes, noble Siennois, accufé de plufieurs malverfations, engagea Palearius à prendre fa défenfe, & celui-ci prononça pour ce fujet dans le Senat de Sienne un difcours qui le tira d'affaire, & le fit abfoudre des accufations intentées contre lui. Quel-

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A. PA-que temps après Bellantes accufa quel LEARIUS. ques Moines d'avoir pillé fon ayeule, & fe fervit encore de l'éloquence de Palearius pour foutenir ce qu'il avoit avancé contre eux. Les-Moines ayant fait ferment qu'ils n'avoient rien enlevé à cette femme, furent mis hors de Cour & de procès; mais ils conferverent du reffentiment contre l'Avocat de leur partie, & ne manquerent pas de profiter de l'occafion qui fe prefenta de fe vanger de lui.

Palearius avoit pris du goût pour les opinions des Novateurs, & avoit même compofe un Traité des méri tes de la mort de Jesus-Chrift, où il s'éloignoit un peu de la croyance de L'Eglife Catholique. Cela leur fuffit pour déclamer contre lui & le déchirer dans leurs Sermons. Ils ne fe contenterent pas même de le traiter pour ce fujet d'heretique, ils en vinrent bien-tôt jufqu'à l'accufer d'impieté, parce qu'il avoit parlé des chofes divines avec un ftile plus pur & plus Latin qu'on n'avoit fait jufques-là, parce qu'il avoit cité plufieurs écrits des faints Peres, & plufieurs. monumens de l'antiquité

chretienne, qui leur étoient incon- APB nus, & qu'ils regardoient pour cela LEARIUS, feul comme faux & inventez, & parce qu'il n'approuvoit point toutes leurs pratiques & leurs ufages., Palearius crut devoir fe défendre contre toutes ces accufations, & il le fit par une Apologie qu'il adreffa aux Magiftrats de Sienne, & qui le difculpa entierement dans leur efprit. Cependant fatigué des traverfes qu'on lui fufcitoit de temps en temps, il prit le parti de fortir de cette Ville.

Les Magiftrats de Luques profiterent de cette occafion pour L'attirer dans la leur, & lui donnerent une Chaire de Profeffeur en Belles-Lettres, malgré toutes les menées de fon ancien adverfaire (Machus) qui y profeffoit alors, & qui n'oublia rien pour l'empêcher. S'il accepta cet emploi, ce ne fut pas par goût & par inclination, mais parce qu'il n'avoit pas affez de bien pour faire fubfifter fa famille. Safemme aimoit à paroître, fes enfans ne haiffoient pas le fafte, & il falloit que pour fubvenir à ces frais il gagnât la vie en

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