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dire les premiers Miflionnaires? les autres qui ont continué de donner des relations de ce Pays là, ies ont-ils contredits, ou fe font ils rétractés enfuite! Il est bien ingénieux de trouver que les Miffionnaires pensent que le Defpotisme des Souverains d'Afie eft favorable aux fuccès de leurs miffions. Ces miffions ont-elles donc fait de fi grands progrès en Afie par le secours des Defpotes? N'est-ce pas partout, chez le Peuple, que les miffion, commencent à réuffir, & qu'elles parviennent quelquefois à dominer au point d'inquiéter les Souverains? Les Jéfuites ont obtenu d un Empereur de la Chine, il eft vrai, une loi favorable au Chriftianifme; mais cette loi a été nulle, parce qu'elle n'a pu être revêtue de formalités néceffaires pour avoir force de loi. La volonté d'un feul n'est donc pas à la Chine aflez décifive pour faciliter, autant que le dit M. de Montefquieu, les fuccès des Million

naires, & pour les avoir induits à fonder toute leur efpérance fur ce defpo

tisme.

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» Telle est la nature de la chofe, que

le mauvais Gouvernement y eft d'abord puni. Le défordre naît soudain, parce» que le Peuple prodigieux y manque de » fubfiftance.

Une grande population ne peut s'accumuler que dans les bons Gouvernements; car les mauvais Gouvernements anéantiffent les richeffes & les hommes. Un

peu d'attention fur ce peuple prodigieux fuffit pour diffiper tous les nuages qu'on voudroit répandre fur le Gouvernement de la Chine. En nous difant que les befoins d'une fi grande multitude d'hommes en impofent dans un mauvais Gouvernement, M. de Montefquieu forme un raisonnement qui implique contradiction; un Peuple prodigieux & un mauvais Gouvernement, ne peuvent fe trouv. cnfemble dans aucun Royaume du monde.

» Un Empereur de la Chine ne fentira pas, comme nos Princes, que s'il gouverne mal, il fera moins heureux » dans l'autre vie.

Si M. de Montefquieu a eu le bonheur d'être plus éclairé fur la Religion, que les Empereurs de la Chine, il ne devoit pas moins y reconnoître les dogmes de la Loi naturelle, & la perfuafion d'une vie future; dont ces princes font pénétrés. Il n'ignoroit pas non plus qu'il y a une multitude d'exemples de la piété qu'ils ont marquée d'une maniere éclatante, dans les cas où les befoius de l'Etat les ont portés à implorer la Providence divine.

دو

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Il faura

que

fi fon Gouvernement n'eft pas bon, il perdra fon Royaume & la vie.

Les Empereurs de la Chine ont donc de moins, felon M. de Montefquieu, que les autres Souverains, la crainte des châtiments d'une autre vie. Ce mo

tif n'entroit pas néceffairement dans le plan général de l'Auteur, qui s'eft fixé à l'efprit des Loix humaines, établies felon lui, pour la sûreté des Nations, contre les déréglements des Gouvernements, & contre les abus du pouvoir des Souverains, qui doit être modéré par des contrepoids qui le contiennent dans lordre.

La crainte de l'Empereur de la Chine de perdre fon Royaume & fa vie, feroitelle envisagée par M. de Montefquieu, comme un motif infuffifant pour tempérer le defpotifme de ce Souverain? Les contreforces qu'il voudroit établir, feroient elles plus puiffantes & plus compatibles avec la folidité parmanente d'un bon Gouvernement?

> Comme, malgré les expofitions des » enfants, le Peuple agmente toujours à la Chine, il faut un travail infati

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gable pour faire produire aux terres

» de quoi les nourrir; cela demande

» une grande attention de la part du » Gouvernement. Il eft en tout tems in» téreffé à ce que tout le monde puisse » travailler, fans crainte d'être fruftré de fes peines. Ce doit donc être moins un » Gouvernement civil qu'un Gouverne»ment domeftique. Voilà ce qui a produit les Réglements dont on parle

tant.

C'est donc, felon l'Auteur, la grande population qui réduit le defpotifme de la Chine à un Gouvernement domeftique, & qui a produit les Réglements nécessaires pour assurer la subsistance aux Habitants de cet Empire; M. de Montefquieu prend ici l'effer pour la cause. Il n'a pas apperçu que ce nombre prodigieux d'Habitans, ne peut être qu'une fuite du bon Gouvernement de cet Empire; cependant il auroit dû appercevoir, en confultant l'Hiftoire de la Chine, qu'effectivement ces bons Réglements, dont on parle tant, y font

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