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20 COUPLET.

Es tu frente toda nieve

Y el alabastro batallas

Ofreció al Amor, haziendo

En ella vaya.

(Votre visage tout de neige et d'albâtre a fait des défis à l'Amour qui se moquait de lui.)

3e COUPLET.

Amor labrò de tus cejas
Dos arcos para su aljava,
Y debaxo ha descubierto
Quien le mata.

L'Amour a fait de vos sourcils deux arcs pour son carquois; mais il a découvert dessous qui le tue.)

4e COUPLET.)

Eres dueña de el lugar,
Vandolera de las almas,

Iman de los alvedrios,
Linda alhaja.

(Vous êtes souveraine de ce séjour, la voleuse des cœurs, l'aimant des désirs, un joli bijou.)

5e COUPLET.

Un rasgo de tu hermosura

Quisiera yo retratar la.

Que es estrella, es cielo, es sol:

No, es sino el alva.

(Je voudrais d'un seul trait peindre votre beauté : c'est une étoile, un ciel, un soleil : non, ce n'est qu'une aurore.¦

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Les couplets sont galants et délicats, s'écria l'écolier. Ils vous semblent tels, dit le démon, parce que vous êtes Espagnol; s'ils étaient traduits en français, par exemple, ils ne jetteraient pas un trop beau coton les lecteurs de cette nation n'en approuveraient pas les expressions figurées, et y trouveraient une bizarrerie d'imagination qui les ferait rire. Chaque peuple est entêté de son goût et de son génie. Mais laissons là ces couplets, continua-t-il; vous allez entendre un autre musique.

<< Suivez de l'œil ces quatre hommes qui paraissent subitement dans la rue : les voici qui viennent fondre sur les symphonistes. Ceux-ci se font des boucliers de leurs instruments, lesquels, ne pouvant résister à la force des coups, volent en éclats. Voyez arriver à leur secours deux cavaliers, dont l'un est le patron de la sérénade. Avec quelle furie il chargent les agresseurs! Mais ces derniers, qui les égalent en adresse et en valeur, les reçoivent de bonne grâce. Quel feu sort de leurs épées! Remarquez qu'un défenseur de la symphonie tombe; c'est celui qui a donné le concert : il est mortellement blessé. Son compagnon, qui s'en aperçoit, prend la fuite les agresseurs de leur côté se sauvent, et tous les musiciens disparaissent : il ne reste sur la place que l'infortuné cavalier dont la mort est le prix de la sérénade. Considérez en même temps la fille de l'alcalde: elle est à sa jalousie, d'où elle a

observé tout ce qui vient de se passer; cette dame est si fière et si vaine de sa beauté, quoique assez commune, qu'au lieu d'en déplorer les effets funestes, la cruelle s'en applaudit et s'en croit plus aimable.

« Ce n'est pas tout, ajouta-t-il : regardez un autre cavalier qui s'arrête dans la rue auprès de celui qui est noyé dans son sang, pour le secourir, s'il est possible; mais pendant qu'il s'occupe d'un soin si charitable, prenez garde qu'il est surpris par la ronde qui survient la voilà qui le mène en prison, où il demeurera longtemps, et il ne lui en coûtera guère moins que s'il était le meurtrier du mort.

Que de malheurs il arrive cette nuit! dit Zambullo. - Celui-ci, reprit le diable, ne sera pas le dernier. Si vous étiez présentement à la porte du Soleil, vous seriez effrayé d'un spectacle qui s'y prépare. Par la négligence d'un domestique, le feu est dans un hôtel, où il a déjà réduit en cendres beaucoup de meubles précieux; mais, quelques riches effets qu'il puisse consumer, don Pèdre de Escolano, à qui appartient cet hôtel malheureux, n'en regrettera point la perte s'il peut sauver Séraphine, sa fille unique, qui se trouve en danger de périr.

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Don Cléofas souhaita de voir cet incendie, et le boiteux le transporta, dans l'instant même, à la porte du Soleil, sur une grande maison qui faisait face à celle où était le feu.

CHAPITRE XI

De l'incendie, et de ce que fit Asmodée en cette occasion par amitié pour don Cléofas.

Ils entendirent d'abord les voix confuses de plusieurs personnes, dont les unes criaient au feu, et les autres demandaient de l'eau. Ils remarquèrent peu de temps après qu'un grand escalier par où l'on montait aux principaux appartements de l'hôtel de don Pèdre était de tout enflammé : ils virent ensuite sortir par les fenêtres des tourbillons de flamme et de fumée.

L'incendie est dans sa fureur, dit le démon; déjà le feu, parvenu jusqu'au toit, commence à s'y faire un passage et remplit l'air d'étincelles. L'embrasement devient tel, que le peuple qui accourt de toutes parts pour l'éteindre ne peut s'occuper qu'à le regarder. Démêlez dans le foule des spectateurs un vieillard en robe de chambre c'est le seigneur de Escolano. Entendez-vous ses cris et ses lamentations? Il s'adresse aux hommes qui l'environnent, et les conjure d'aller délivrer sa fille; mais il a beau leur promettre une grosse récompense, aucun ne veut exposer sa vie pour cette dame, qui n'a que seize ans, et dont la beauté est incomparable. Voyant qu'il implore en vain leur assis

tance, il s'arrache les cheveux et la moustache; il se frappe la poitrine; l'excès de sa douleur lui fait faire des actions insensées. D'un autre côté, Séraphine, abandonnée de ses femmes, s'est évanouie de frayeur dans son appartement, où bientôt une épaisse fumée va l'étouffer: aucun mortel ne peut la secourir.

-Ah! seigneur Asmodée, s'écria Léandro Perez entraîné par les mouvements d'une généreuse compassion, cédez à la pitié dont je me sens saisir, et ne rejetez pas la prière que je vous fais de sauver cette jeune dame de la mort prochaine qui la menace : c'est ce que je vous demande pour prix du service que je vous ai rendu. Ne vous opposez point, comme tantôt, à mon envie ; j'en aurais un chagrin mortel.

Le diable sourit en entendant parler ainsi l'écolier. — Seigneur Zambullo, lui dit-il, vous avez toutes les qualités d'un bon chevalier errant : vous êtes courageux, compatissant aux peines d'autrui, et très-prompt au service des jeunes damoiselles. Ne seriez-vous pas homme à vous jeter au milieu des flammes, comme un Amadis, pour aller délivrer Séraphine et la rendre saine et sauve à son père? Plût au ciel! répondit

don Cléofas, que la chose fût possible! je l'entreprenVotre mort, reprit le boiteux,

drais sans balancer.

serait tout le salaire d'un si bel exploit. Je vous l'ai déjà dit, la valeur humaine ne peut rien dans cette occasion, et il faut bien que je m'en mêle pour vous

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