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contenter regardez de quelle façon je vais m'y prender observez d'ici toutes mes opérations.

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Il n'eut pas sitôt dit ces paroles, qu'empruntant la figure de Léandro Perez, au grand étonnement de cet écolier, il se glissa parmi le peuple, traversa la presse, et se lança dans le feu comme dans son élément, à la vue des spectateurs, qui furent effrayés de cette action, et qui la blâmèrent par un cri général. — Quel extravagant! disait l'un; comment l'intérêt a-t-il pu l'aveugler jusque-là? S'il n'était pas entièrement fou, la récompense promise ne l'aurait nullement tenté. 11 faut, disait l'autre, que ce jeune téméraire soit un amant de la fille de don Pèdre, et que, dans la douleur qui lè possède, il ait résolu de sauver sa maîtresse ou de se perdre avec elle.

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Enfin, ils comptaient tous qu'il aurait le sort d'Empédocle 1, lorsqu'une minute après ils le virent sortir des flammes avec Séraphine entre ses bras. L'air retentit d'acclamations; le peuple donna mille louanges au brave cavalier qui avait fait un si beau coup. Quand la témérité est heureuse, elle ne trouve plus de censeurs, et ce prodige parut à la nation un effet très-naturel du courage espagnol.

Comme la dame était encore évanouie, son père

1 On a prétendu que ce philosophe, voulant cacher sa mort et se faire passer pour un dieu, se précipita dans le cratère de l'Etna, mais le volcan rejeta ses sandales d'airain.

n'osa se livrer à la joie : il craignait qu'après avoir été si heureusement délivrée du feu, elle ne mourût à ses yeux de l'impression terrible qu'avait dû faire en son cerveau le péril qu'elle avait couru; mais il fut bientôt rassuré : elle revint de son évanouissement par les soins qu'on prit de le dissiper. Elle envisagea le vieillard, et lui dit d'un air tendre-Seigneur, je serais plus affligée que réjouie de voir mes jours conservés, si les vôtres ne l'étaient pas. Ah, ma fille ! lui répondit-il en l'embrassant, puisque je ne vous ai pas perdue, je suis consolé de tout le reste. Remercions, poursuivit-il en lui présentant le faux don Cléofas, remercions tous deux ce jeune cavalier; c'est votre libérateur; c'est à lui que vous devez la vie : nous ne pouvons lui témoigner assez de reconnaissance, et la somme que j'ai promise ne saurait nous acquitter envers lui.

Le diable prit alors la parole, et dit à don Pèdre d'un air poli: « Seigneur, la récompense que vous avez proposée n'a aucune part au service que j'ai eu le bonheur de vous rendre je suis noble et Castillan; le plaisir d'avoir essuyé vos larmes, et arraché aux flammes l'objet charmant qu'elles allaient consumer, est un salaire qui me suffit. »

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Le désintéressement et la générosité du libérateur firent concevoir pour lui une estime infinie au seigneur de Escolano, qui le pria de le venir voir, et lui de

manda son amitié, en lui offrant la sienne. Après bien des compliments de part et d'autre, le père et la fille se retirèrent dans un corps de logis qui était au bout du jardin; ensuite le démon rejoignit l'écolier, qui, le voyant revenir sous sa première forme, lui dit : « Seigneur diable, mes yeux m'auraient-ils trompé ? n'étiezvous pas tout à l'heure sous ma figure? — Pardonnezmoi, répondit le boiteux, et je vais vous apprendre le motif de cette métamorphose. J'ai formé un grand dessein: je prétends vous faire épouser Séraphine; je lui ai déjà inspiré, sous vos traits, une passion violente pour Votre Seigneurie. Don Pèdre est aussi très-satisfait de vous, parce que je lui ai dit fort poliment qu'en délivrant sa fille je n'avais eu en vue que de leur faire plaisir à l'un et à l'autre, et que l'honneur d'avoir heureusement mis à fin une si périlleuse aventure était une assez belle récompense pour un gen_ tilhomme espagnol. Le bonhomme a l'âme noble : il ne voudra pas demeurer en reste de générosité, et je vous dirai qu'en ce moment il délibère en lui-même s'il vous fera son gendre, pour mesurer sa reconnaissance au service qu'il s'imagine que vous lui avez rendu.

«En attendant qu'il s'y détermine, ajouta le boiteux, gagnons un endroit plus favorable que celui-ci pour continuer nos observations. » A ces mots, il emporta l'écolier sur une haute église remplie de mausolées.

CHAPITRE XII

Des tombeaux, des ombres et de la Mort.

Avant que nous poursuivions l'examen des vivants, dit le démon, troublons pour quelques moments le repos des morts de cette église; parcourons tous ces tombeaux, dévoilons ce qu'ils recèlent; voyons ce qui les a fait élever.

<< Le premier de ceux qui sont à main droite contient les triste restes d'un officier général qui, comme un autre Agamemnon, trouva au retour de la guerre un Égiste dans sa maison. Il y a dans le second un jeune cavalier de noble race,qui, voulant montrer son adresse et sa vigueur à sa dame un jour de combat de taureaux, fut cruellement occis par un de ces animaux-là. Et dans le troisième gît un vieux prélat sorti de ce monde assez brusquement, pour avoir fait son testament en pleine santé et l'avoir lu à ses domestiques, à qui, comme un bon maître, il léguait quelque chose. Son cuisinier fut impatient de recevoir son legs.

<< Il repose dans le quatrième mausolée un courtisan qui ne s'est jamais fatigué qu'à faire sa cour; on le vit, pendant soixante ans, tous les jours au lever, au dîner, au souper et au coucher du roi, qui le combla

de bienfaits pour récompenser son assiduité. Au reste, dit don Cléofas, ce courtisan était-il homme à rendre service? A personne, répondit le diable : il promettait volontiers de faire plaisir; mais il ne tenait jamais ses promesses. Le misérable! répliqua Léandro si l'on voulait retrancher de la société civile les hommes qui y sont de trop, il faudrait commencer par les courtisans de ce caractère-là.

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- Le cinquième tombeau, reprit Asmodée, renferme la dépouille mortelle d'un seigneur zélé pour la nation espagnole, et jaloux de la gloire de son maître il fut toute sa vie ambassadeur à Rome ou en Frane, en Angleterre ou en Portugal; il se ruina si bien dans ses ambassades, qu'il n'avait pas de quoi se faire enterrer quand il mourut; mais le roi en fit la dépense pour reconnaître ses services.

« Passons aux monuments qui sont de l'autre côté. Le premier est celui d'un gros négociant qui laissa de grandes richesses à ses enfants, mais, de peur qu'elles ne leur fissent oublier de qui ils étaient sortis, il fit graver sur son tombeau son nom et sa qualité, ce qui ne plaît guère aujourd'hui à ses descendants.

« Le mausolée qui suit, et qui surpasse tous les autres en magnificence, est un morceau que les voyageurs regardent avec admiration. En effet, dit Zambullo, il me paraît admirable: je suis enchanté surtout de ces deux représentations qui sont à genoux; voilà

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