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lieu des deux corps avant la percuffion comme o aprés Ooo fera en ligne droite, & O o fera égal à oo: ce que je ne m'arrête pas démontrer, quoique cela fe puiffe faire geometriquement.

XXXI. Toutes ces regles font veritables, foit que les corps foient égaux, foit qu'ils ne le foient pas.

On s'étonnera, fans doute, que dans toutes les regles precedentes je n'aye point fait mention de l'égalité ou de l'inégalité des corps qui fe frappent. Et il femble d'abord qu'afin que ce que je viens de dire foit veritable, il faut que je fuppofe que les corps font parfaitement égaux car fi l'un eft plus grand que l'autre, toutes ces regles doivent varier ; & l'experience montre qu'un grand corps venant à frapper fur un petit qui fût auparavant immobile, le grand corps ne laiffe pas de continuer après le choc, quoique plus lentement = & tout au contraire, fi c'eft le petit qui frappe, il fe reflechit avec une partie de fa vîteffe. Mais fi j'ai omis ici de diftinguer ces cas d'égalité ou d'inégalité des corps, je l'ai fait avec reflexion: j'ai toujours confondu la vîteľfe & le mouvement, & j'ai voulu faire entendre que toutes ces regles feront veritables foit que les corps foient égaux, foit qu'ils ne le foient pas. Et fi l'on y prend garde la force de la raifon que j'ai apportée au § 16. eft toûjours la même, quoique les corps foient de differentes grandeurs. Car le corps frappé étant tout-à-fait indifferent à demeurer

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en repos ou à prendre le mouvement, & tout l'effet de la percuffion venant de l'impenetrabilité des corps: fi nous fuppofons que le corps frappé foit plus grand, pourveu que toutes fes parties foient bien unies ensembles, il faudra qu'il fe meuve de la même vîteffe que fe meut le corps qui frappe, par la même raifon que lorfqu'ils font égaux; c'eft à fçavoir, parce qu'ils font impenetrables, & que le corps fra pant ne peut le mouvoir plus avant,fans que le corps frapé qui cft au-devant, ne prenne toute fa viteffe. Et comme d'ailleurs, le plus grand eft auffi indifferent que le corps égal pour le repos & pour le mouvement; certes, le plus grand ne fera pas plus de refiftance que l'égal, puifque ni l'un ni l'autre n'en feront pas la moindre du monde. Que fi l'experience nous fait voir le contraire, c'eft que les mouvemens des corps que nous voyons, ne fe font dans le vuide, comme nous avons fuppofé jufqu'à cette heure, mais qu'il fe meuvent dans un efpace plein de quelque corps fluide, .com. me eft l'air & quelque autre fubftance.encore plus fubtile. Il faut done maintenant confiderer le mouvement qui fe fait des corps folides dans une fubftance fluide.

pas

XXXII. Un corps fe ment dans le plein, auffi librement que dans le vuide.

Si cetre fubftance eft parfaitement fluide, eft-à-dire, fi toutes ces parties,auffi-bien les petites que les grandeurs, font flexibles & liquides: fi d'ailleurs cette même fubftance est

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parfaitement pleine, fans qu'elle puiffe ai fe condenfer ni fe rarefier, comme fait une éponge qui fe comprime ou dilate à caufe de fes pores fi enfin elle eft renfermée en quelque lieu d'où elle ne puiffe fortir en aucune façon s alors un corps dur, qui aura commencé de fe mouvoir au milieu de cette liqueur, continuera de le faire auffi librement que dans le vuide, & ira jufqu'aux extrêmitez de la liqueur, où rencontrant un obstacle inébranlable, il se reflechira avec la même vîteffe & ainfi fe mouvra éternellement. La raifon en eft, que lorfqu'un corps dur fe meut dans une fubftance liquide, il fe fait une reflexion d'impetuo fité qui fe communique dans un moment à toutes les parties de la liqueur, enforte que le corps fe mouvant pouffe les parties de la liqueur qui fe trouvent au devant; & ainfi il devroit s'arrêter, s'il n'y furvenoit autre chofe : (par le §. 18.) mais ces parties de la liqueur étant pouffées, en pouffent d'autres, & ainfi jufqu'à l'extrémité, d'où il fe fait une reflexion par laquelle les parties qui fe trouvent après corps dur, font pouffées avec la même force pour fuivre ce même corps. Parce que toute la liqueur étant renfermée, & ne pouvant fe condenfer, & n'y ayant point de vuide; il n'est pas poffible que le parties qui dévancent le corps, fe meuvent, fans que les parties qui fuivent le même corps, ne fe meuvent auffi avec la même force. Ainfi autant que le corps dur eft retardé par les parties qui le precedent, autant eft-il repoufflé par celles qui le fuivents & par conféquent file mouvement a une fois commencé, il doit continuer comme fi c'étoit dans le vuide. D'où l'on voit que ceux-là qui

le

veulent prouver la neceffité du vuide par le
mouvement, ne raisonnent bien..
pas

XXXIII. Les mouvemens diminuent peu
pen dans l'air.

à

Mais fi les corps durs font dans une liqueur fpongieufe & capable de compreffion, ou bien que cette liqueur ne foit pas fi bien bornée. que fes extrêmitez. ne cedent un peu ; alors le mouvement ne fera pas perpetuel; mais il diminuera peu à peu, & enfin il s'éteindra entierement. Car le corps dur fentira plus de refistance par les parties anterieures de la liqueur, qu'il ne recevra d'impulfion par les pofterieu res: parce que comme la liqueur de devant fe compreffe, ou bien que les extrêmitez cedent, la communication de l'impreffion ne fe peut faire parfaitement ; & ainfi les parties pofterieures de la liqueur ne feront pas tant pouffées. que les anterieures, & par conféquent ne poufferont pas tant le corps dur, que celle de dedur,que vant le retardent. Et c'eft pour cette raison que, tous nos mouvemens ceffent dans l'air & dans l'eau ou dans les autres liqueurs, parce qu'il eft certain que l'air eft fpongieux, & qu'il fe comprime aifément. Et que les li queurs ne font terminées que par l'air, quand elles font à découvert, ou du moins par les bords de quelque vaiffeau qui peut ceder & fe fléchir tant foit peu. Car nous fçavons par des. experiences certaines, que les vaiffeaux de verre, & même ceux de fer ou de bronze, ne laiffent pas de fe fléchir aux coups qu'on leur: donne.

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XXXIV. Les percuffions des corps égaux fe font dans le plein comme dans le vuide.

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Les percuffions qui fe font par des corps qui fe meuvent ainfi dans les liqueurs, font differentes en quelque chofe de celles qui se font dans le vuide. Pour en comprendre la caufe, il faut remarquer,que lorfqu'un corps dur fe meut dans la liqueur, il communique aussi son mouvement la même liqueur,enforte qu'elle fe meut auf fi en fuivant le corps dur, de telle maniere qu'elle fe divife & s'ouvre au devant, & fuit & fe renferme apres le corps. Et fi le corps, par quelque forte d'accident, venoit à perdre son mouvement la liqueur neanmoins étant ainfi déterminée à le mouvoir, redonneroit au corps fon mouvement,& l'entraîneroit avec elle,à peu près comme les rivieres emportent ce bois qui flotte fur leurs eaux.Si donc un corps vient à en: fraper un autre qui lui foit égal, il en aviendra comme dans le vuide: parce que les deux corps égaux étant envelopez d'une égale quantité de liqueur autant que la liqueur du corps frapéempêche ce même corps frapé de fe mouvoir librement, autant une égale quantité de liqueur, qui eft autour du corps frapant, pouffe auffi de nouveau tant le frapant que le frapé, ainfi leurs mouvemens après la percuffion fe fera comme dans le vuide, puifque la refiftance de la liqueur du corps frapé eft précifément recompenfée par l'impulfion de la liqueur du corps frapant.

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