PREFACE DES DEUX MACHINES à faire des Quadrans. propre A difficulté que l'on experimente dans la pratique des Quadrans, & dans cette fuite ennuyeufe de diverfes operations qu'on eft obli gé de fairé quand on fuit la methode commune fait perdre ordinairement le plaifir que l'on auroit à s'exercer à une occupation qui eft d'ailleurs fi curieuse & fi utile. C'eft pourquoi on ne fçauroit affez eftimer les inventions qui nous rendroient ces pratiques aifées. Voici deux machines, qui femblent af fez propres pour cela, puifque par leur moyen on peut aprendre, en moins d'une heure, la maniere de faire toutes fortes de Quadrans, & qu'on peut pratiquer, comme en fe joüant, ce qu'on a apris, & faire fur les murailles, & dans les chambres routes fortes d'Horloges avec une très-grande facilité.. Il ne faut pas s'imaginer que l'ufage de ces inftrumens ne foit qu'une operation méchanique, où l'on agit à l'aveugle, fans fçavoir ce que l'on fait. S'il s'agit d'operation, les pratiques les plus fimples, les plus sûres doivent pader pour les plus fçavantes, & pour les plus Ff Geometriques ; & j'eftime qu'il eft bien mal-aifé de rien faire avec moins de peine, ni avec plus de certitude, que par le moyen de ces machines.Mais s'il s'agit d'aprendre la Theorie des Quadrans, je ne croi pas qu'on puiffe le faire mieux que par le moyen de ces machines mêoù l'on fait comprendre aifément la raifon de toutes les operations, le raport des li gnes horaires, & du cours du Soleil, les fections que font les arcs des Signes, & en un mot toute la fcience de la Gnomonique. mes, La defcription de ces Machines eft tirée d'un livre Latin, intitulé: Horologium Thaumanticum. C'est une forte d'Horloge, qu'on a apel lée ainfi Thaumantique, à cause d'une Iris artificielle, ou d'un Arc-en-ciel, qui étant repandu dans toute une chambre, y marque les diverfes heures, les Signes du Zodiaque, les degrez de hauteur, & tout ce qu'on peut marquer dans les Horloges, avec d'autres particu laritez qui doivent paroître d'autant plus curieufes, qu'elles font particulieres à cette forte de Quadran, & que ceux qui ont traité le plus exactement de ces chofes, n'ont encore donné rien de femblable. On y connoît à chaque moment quels font les endroits de la terre qui font éclairez du Soleil, & quels font ceux qui font dans l'obfcurité de la nuit. On y voit d'un coup d'œil tous les lieux où le Soleil fe leve actuel lement, & où il fe couche. On y remarque les Païs qui ont de longs jours, & ceux qui ont de longues nuits;on y diftingue vers les Poles tous les endroits qui ont une nuit perpetuelle, ou qui voyent le Soleil fans interruption; les heures Italiques & les Babyloniques, la grandeur des Crepufcules, la durée des jours & des nuits. Ces nouvelles heures fi ingenieufement inventées à Lyon, y font reprefentées par une feule ligne. Les fignes afcendans & les defcendans,les Maifons celeftes, & tout le refte, qui feroient un épouvantable embarras dans les Quadrans ordinaires, fe voyent ici fans aucune confufion, & avec tant d'ordre, que la vue même en eft affez agréable. A l'occafion de ce Quadran qui n'avoit pas encore paru, on en décrit un autre, qui a grand raport à celui-là, & qui fe fait fur un Globe, où fans aucun ftyle, l'ombre du Globe même marque toutes les mêmes chofes qui fe voyent en cet Horloge Thaumantique de forte que tout ce qui fe fait dans l'un par le confin de l'ombre & de la lumiere qui divife tout le Globe, fe fait dans l'autre par le moyen d'un Arc-en-ciel, qui entre dans la chambre, & qui la partage. Comme un Arc-en-ciel, qu'on fait ainfi par artifice, a quelque chofe d'admirable, on s'eft attaché dans ce Livre-la à donner divers moyens de le faire; & peut être que ceux qui fe plaifent aux inventions de la Dioptrique, en trouveront ici quelques-unes qui leur agréeront, ou du moins qui les exciteront à faire quelque nouvelle recherche fur les ouvertures qu'on y donne, pour perfectionner ce qui eft ici commencé, & qui peut avoir de trés grands ufages. Enfin, on donne en ce même Livre un moyen de trouver les foyers des fections Coniques propre à décrire dans les Quadrans les arcs des Signes. On avoit déja l'invention de faire ces fortes de lignes,par le moyen de certains filets ; mais certe invention, qui feroit trés-commode dans la defcription des Quadrans, a été jul qu'ici inutile dans la pratique, à caufe de la difficulté extrême qu'il y a de trouver les foyers, c'eft-à dire, les points où il faut attacher les fi lets: de forte qu'on avoit plûtôt fait de décrire les Signes par la methode ordinaire, quelque longue qu'elle fût, que d'entreprendre à calcu ler ou à operer, pour trouver le point de ces foyers. On donne donc ici une propofition generale, & une démonftration Geometrique, par laquelle on trouve très-aifément ces foyers en toutes fortes de fections, n'y ayant autre chofe à faire qu'à tirer deux lignes paralleles à deux autres lignes, déja données. |