que tant que le Roi ne fe mariroit point, il lui feroit impoffible d'obtenir de lui un agrément incompatible avec la bienféance & avec les loix de l'Etat. Cette trif te réflexion affligeoit infiniment; car on ne peut exprimer avec quelle paf fion il defiroit de pof feder la belle Marie. Il eut peut-être bien voulu avancer fes plaifirs, & prévenir fans façon une céremonie tardive. Mais il eftimoit trop la verta de fa Maîtreffe pour fon ger à lui donner atteinte. Marie de fon côté lui avoit fait affez connoître que malgré tout l'amour qu'elle ressentoit pour lui, elle étoit incapable de rien faire contre fa confcience & con-tre les rigoureux devoirs de fon fexe. Cependant le tems paroiffoit long, & on s'impatientoit de part & d'autre, de voir que le Roi refufoit tous les mariages que les Princes fes voifins lui propofoient. Pierre Roi de Ćaltille offroit à Ferdinand fa fille Beatrix, qui lui auroit porté en dot l'efperance de fucceder à la Couronne de Caftille; mais toutes les négociations fur cet article avoient été rompuës, & on ne doutoit point que ce ne fut la Marquife d'Acunha, qui craignant de perdre le cœur du Roi,lui dictoit fes refus ; on étoit bien perfuadé auffi que Barcellos y avoit bonne part, étant ravi de voir fon crédit foûtenu des charmes de fa Niéce. Cependant le Priuce D. Juan qui avoit quelque empire fur l'efprit de fon frere & en étoit regardé comme un homme fol de, lui reprefentoit de tems en tems qu'il étoit ́ tems de fe choifir une époufe; que le peuple murmuroit de fon retar dement, qu'un Roi ne devoit point vivre fi long-tems dans le celibat; que le Roi de Caftille lui proposoit un parti infiniment avantageux enlui offrant la Princeffe Beatrix; qu'il étoit étonnant étonnant que contre toutes les maximes de la po litique, il refufa une ail liance qui lui pouvoit donner de grandes pré tentions. Vous parlez contre vos propres interêts, mon cher D. Juan, lui dit un jour le Roi; ai - je besoin de fucceffeurs autres que vous ? Si le Ciel difpofoit de moi, la Couronne vous appartiendroit; les grandes qualitez que vous avez reçuës de la nature vous en rendent digne. Sire, vous voyez répon D |