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un ouvrage vieux de quelques années. La remise du manuscrit s'effectua dès le tour de noces antérieur (conjecture encore risquée) ou l'envoi en a été, probablement, fait du château de la Tour près Vevay, après 1783; à moins que les souvenirs trouvés à Fonthill du juvénile isolement et de l'inspiration n'aient à un inconsolable rappelé tel projet de s'aboucher avec le libraire d'ici, dans la saison sise entre le retour d'auprès de chers restes et sa fuite au Portugal! Tout dénonce aux doutes l'hypothèse faite en vue d'approcher de la tardive date: et ceci qu'entre tant de notes intimes ou attentives à ne perdre un détail curieux (servant ensemble de fonds aux Lettres de Voyages), quelque allusion eût trahi l'arrivée dans les bosquets royaux et les fêtes, à Lisbonne, du volume frais d'encre; sinon déjà des épreuves. La rare pièce que voici, soustraite au bouquin demeurant ; d'où même émane-t-elle ? Divers points s'y éclairent, un surtout, des Episodes; et l'autre utile à l'achèvement de ma notice, car il indique l'origine d'une version anglaise: mais nul qui résolve la question en débat. Lisez. L'ouvrage que nous présentons au public a

été composé en François par M. Beckford. L'indiscrétion d'un homme de lettres, à qui le manuscrit avoit été confié il y a trois ans, en a fait connoitre la traduction Angloise avant la publication de l'original. Le traducteur a même pris sur lui d'avancer dans sa préface que Vathek étoit traduit de l'Arabe. L'auteur s'inscrit en faux contre cette assertion et s'engage à ne point en imposer au Public avec d'autres ouvrages de ce genre qu'il se propose de faire connoitre; il les puisera dans la collection précieuse des manuscrits Orientaux laissés par feu M. Wortley Montague, et dont les originaux se trouvent à Londres chez M. Palmer, régisseur du duc de Bedford. Perspicacité difficile! il doit y avoir eu, au milieu du refroidissement de chacun causé par maint délai à une publication oubliée et payée même dès longtemps, oui, mise au jour subite de ce VATHEK chez Poinçot, à l'insu du jeune auteur, qui repassant par Paris en 1788, ne s'ouvre à personne du Conte Arabe, soit que le peu de bruit fait autour de l'apparition ne l'engageât point à se nommer ou qu'il obéît à certaine susceptibilité de sa famille. Un exemplaire a-t-il été envoyé avec dédicace à des

sommités littéraires, doutez-en au silence unanime trouvé dans les annales du temps. L'adolescent, allant à Ferney avec son précepteur, saluait dix ans plus tôt Voltaire, mort à un moment qu'avait à peine hors des salons paternels brillé la future Madame de Staël, plus tard visitée par l'homme mûr à Coppet. Cent mémoires fouillés,(*)

(*) Le MERCURE d'abord, six tomes de 1787, puis le JourNAL DES SCAVANTS; enfin à la même date l'ANNÉE LITTÉRAIRE de Fréron: rien. Silencieux, Métra l'est au long de ses MÉMOIRES SECRETS pour servir à l'histoire de la République des Lettres en France depuis MDCCXLII jusqu'à nos jours ou JOURNAL D'UN OBSERVATEUR etc. et de Bachaumont la CORRESPONDANCE SECRÈTE politique et littéraire οτι MÉMOIRES pour servir à l'histoire des cours, des sociétés et de la littérature en France depuis la mort de Louis XV cesse avec les derniers mois de 1786 où pas d'œuvre du titre de VATHEK ne se fit d'avance annoncer. Bon à consulter, quelle mention fait de l'œuvre Barbier, en son DICTIONNAIRE des ouvrages anonymes et pfeudonymes, celle-ci : CAPRICES (Les) ET MALHEURS DU CALIFE VALTREK, traduits de l'Arabe (par BEAUFORT), Londres, 1791, in-12. Si quoi que ce soit s'y montre excepté la substitution d'un nouveau titre au premier de l'édition parisienne de 1787 (toute remportée à Londres et que précéderait alors l'Avant-propos nulle part vu par moi et transcrit page xxij): erreur de tout point et absolue qu'un tel renseignement; mais peut-être gros de révélations! L'idée qui vient de naître ici ressort d'une confusion précieuse faite par un autre oracle de la bibliophilie Quérard

voilà nos deux seuls littérateurs que Beckford ait abordés; et la société française qui l'accueillait au

entre ces dits CAPRICES etc. et un

tirage donné comme

de Poinçot, Paris, 1786: voyez la FRANCE LITTÉRAIRE OU Dictionnaire bibliographique des savants, historiens et gens de lettres de la France, ainsi que des littérateurs étrangers qui ont écrit en Français plus particulièrement pendant les XVIIIe et XIXe siècles. A quelque perspicacité le BEAUFORT en question n'apparaîtrait qu'une adaptation par jeu du nom (à bien dire cité là) de BECKFORD au parler français : par qui, sinon l'auteur; et faite pour perpétuer son incognito, lequel semblait toutefois de lui n'exiger point qu'il se donnât comme traducteur de l'arabe. Assez et que cette rencontre à travers les inexactitudes et les doutes de deux titres jusqu'à présent inconnus relève du hasard, tout demeure possible, un Manuel en copiant un antérieur: mais le dernier nous garde une révélation, absurde, improbable, fausse d'abord ; vraie, à savoir qu'existe une

Autre Edition sous ce titre HISTOIRE DU CALIFE VATHEK, Paris, Boucher, 1819, 2 vol. in-12, 4 francs. Le Livre avant la tentative d'à présent réimprimé. quoi! et vain tout le mystère avec soin ménagé par la Préface: Oui, à la faveur des recherches habiles qu'hier mena la Bibliothèque Nationale les deux petits tomes hideux ayant été mis sous mes yeux; non, parce que, copie imparfaite de l'édition anglaise de Clarke, 1815, dont il va être parlé page xxvij, cet exemplaire, débutant par un sot discours et suivi du luxe de notes aimables et érudites, ignore jusqu'à ce dont il est ici question, anonyme d'abord. Ce conte est arabe, je le déclare (c'est l'imprimeur qui a la parole) et le lecteur le croira sur ma parole, et même, je l'espère, après l'avoir lu. Si cependant quelque journaliste, car ces Messieurs sont souvent bien rudes pour les

passage se restreint à des cercles de haute aristocratie. Très-fièrement timide, peut-être attendait-il qu'on lui parlât d'abord de son livre de jeunesse : rien ne montre qu'il l'ait jamais employé près de nobles hôtes en tant qu'objet distinctif; ni comme un appoint à ses lettres d'introduction, carte de visite ou bien bouquet. Non que la personne du maître de Fonthill fût inconnue même cinq ou six ans plus tard, en plein changement

pauvres auteurs, mettait en avant quelques raisons spécieuses pour en établir le doute, je prie le lecteur de ne pas y croire, de lire l'ouvrage, et s'il y a trouvé du plaisir, de le tenir pour arabe. Fengage aussi messieurs les journalistes à parler de mon conte, s'ils en recoivent un exemplaire, comme ils croiront devoir le faire, pas d'avantage. Manque de goût, ou peutêtre pis; malgré tout et même le tracé de ses devoirs qui lui est fait, la presse resta muette et l'opinion: si bien que pareil incident pour moi de la dernière heure, intéressant le libraire spécial et les collectionneurs, n'a, quant à la Littérature, de valeur. VATHEK, CONTE ORIENTAL, par WILLIAM BECKFORD est aujourd'hui donné au public français pour la première fois; moralement: puisque tout à l'heure encore le savant Catalogue de la Bibliothèque du Petit-Trianon l'attribuait à Sébastien Mercier, auteur du Tableau de Paris. Seule compensation au regret que le devoir impartial du commentateur m'impose de mettre au jour cette méprise faite par le grand et sagace trouveur M. Paul Lacroix, un espoir! c'est que qui jette les yeux sur la Préface n'en a pas poursuivi la lecture à travers le dédale de cette Note.

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