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redoublés, fans qu'elle puiffe s'y CHAP. III. fouftraire, & fans qu'aucune autre puiffance foit capable de l'en delivrer. Comment donc cette ame brifée par des coups fi pefans, oferoit-elle penfer que la terrible main qui les décharge fur elle, eft pleine de compaffion, & qu'elle en fent en quelque maniere tout le poids, fi la douleur lui étoit abfolument étrangere, & fi fon propre Fils ne l'avoit pas éprouvée ?

2. Il est vrai que ce Fils dans fa nature divine eft impaffible comme Lon Pere, Mais fon humanité fainte lui étant perfonnellement unie, & cette humanité fainte étant plongée dans la douleur ; on ne peut plus dire que la douleur lui foit étrangere, puifque c'eft le Fils même qui la fouffre dans une nature qui est à lui, qui hui appartient, & qui ne peut être feparée de lui. C'est pour cela que faint Paul dans l'exhortation qu'il fit aux anciens, c'est-à dire, aux chefs de l'Eglife d'Ephefe, ne craignit point de leur dire que Dieu avoit acquis par fon propre fang l'Eglife dont le faint Efprit leur avoit confié l'inten

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CHAP. III. dance & le foin: Attendite vobis, &

univerfo gregi, in quo vos Spiritus San

Act. 20. 18° Etus pofuit Epifcopos, regere Ecclefiam Dei, quam acquifivit fanguine fuo. Expreffion forte, mais très-exacte, qui› prouve que le fang qui a été la re. demption de l'Eglife, eft le fang de Dieu même, & que c'eft Dieu qui l'a verfé pour l'acquerir, & pour fe P'attacher étroitement. Ainfi le Fils de Dieu a éprouvé la douleur dans. une chair & dans une ame qui lui font unies perfonnellement : & le Pere, qui eft inféparable de fon Fils, ne peut être indifférent à des douleurs dont fon Fils a fenti la vive impreffion, & au milieu desquelles il a expiré.

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3. Combien ces vérités font-elles propres à confoler ceux qui font dans les fouffrances, & à les remplir de confiance en celui qui connoît leur état par fa propre experience, & qui s'en eft approché de fi près, même felon fa divinité, quoiqu'elle soir toujours demeurée impaffible.» Pen» fez, leur dit l'Apôtre, mais penfez. » y avec reflexion, à celui qui a fouffert une fi grande contradiction

III.

Heb. 12.3.

de la part des pecheurs: » Recogitate CHAP. 111. eum, qui talem fuftinuit à peccatoribus adversùm femetipfum contradictionem. Car vous n'éprouvez qu'une légere partie de ce qu'il a fouffert : & vous n'avez pas encore répandu votre fang, pour réfifter au résister au péché (& à l'injuftice: Nondum enim ufque ad fan- v. 4. guinem reftitiftis adversùs peccatum repugnantes.

pas

4. Avez-vous oublié, continue « v. 5. faint Paul, cette exhortation & « cette confolation qui s'adreffe à vous comme étant les enfans de « Dieu : Mon fils, ne recevez pas avec indifférence & fans fruit le « châtiment dont le Seigneur vons corrige, & ne vous laillez ab-" battre lorfqu'il vous reprend? Car « v. 6. le Seigneur châtie ceux qu'il aime, & il frappe de verges tous ceux “ qu'il reçoit au nombre de fes enfans." Les paroles que cite faint Paul font celles de la Sageffe, c'est-à-dire, du Verbe éternel, qui confole en ces termes ceux qui font dans l'affliction : Difciplinam Domini, fili mi, ne abji- Prov. 3. 11. sias; nec deficias cùm ab eo corriperis. Quem enim diligit Dominus corripit,

CHAP. III. & quafi pater in filio complacet fibi

Cette confolation eft certainement très-grande mais combien devientelle plus fenfible, quand cette même Sageffe, qui fe contentoit autrefois de parler aux perfonnes affligées, se montre à elles au milieu des dou

leurs & des opprobres; quand elle reçoit fur elle-même le chatiment qui nous étoit dû; quand c'est elle qui fe foumet, non à des verges paternelles, mais à une cruelle flagellation; quand elle confent à n'en trer dans fon propre Royaume qu'à des conditions plus dures que: celles des enfans rebelles que la charité du pere corrige par de falutaires chatimens, afin de les rétablir dans les biens qu'ils avoient perdus ?

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S. III.

CHAP. III.

Il eft dit que la Sageffe defcendit avec Jofeph dans la prison; & elle promet au jufte d'être avec lui dans la tribulation. Mais la confolation est toute autre, quand on voit que cette Sageffe a bien voulu prendre fur elle & éprouver toutes nos peines. Alors chacun dans fes afflictions particulieres s'adreffe à elle avec bien plus de confiance,& lui représente fa foibleffe comme Job.

I. IL eft dit que lorfque le chafte Jofeph fut mis dans les fers en punition de fa vertu, la Sageffe defcendit avec lui dans la profonde prifon où l'on l'avoit enfermé, & qu'elle fe rendit comme captive avec lui: Def. Sap. 10. 13. cendit cum illo in foveam, & in vinculis non dereliquit illum. Mais quoique ces expreffions foient infiniment tendres & confolantes, c'est toute autre chose de voir la Sageffe en per

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