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immodéré eft comme l'ornement d'une victime qui fe dévoue à l'indigence.

Si la raison, au contraire, impofant filence aux paffions, garde en tout un milieu convenable, elle établira une fi jufte proportion entre nos facultés & nos talens, & l'ufage que nous en ferons, que nos forces & l'exercice qu'elles prendront, feront toujours dans un parfait équilibre, malgré toutes les fecouffes de la fortune; car entre le foin d'acquérir & celui de conferver, il eft une différence, qui ne doit pas échaper à

notre attention.

Quand nous fommes encore dans la mêlée au milieu de la chaleur du combat, nous ne fommes pas refponfables des événemens; le hazard y domine, & devient fouvent l'Arbitre des fuccès; fi nous ne fommes fecondés par des circonstances heureuses, tous nos efforts, toute notre prudence ne nous feront pas prendre l'afcendant fur nos Rivaux : mais quand par notre adreffe à profiter des occafions, nous nous trouvons enfin établis dans le pofte que nous difputions, les droits de la fortune diminuent, & ceux de la bonne conduite augmentent à proportion. C'est prefque toujours notre faute, quand le fruit de nos Conquêtes dépérit entre nos mains ; de là, ce fentiment de honte que nous éprouvons quand nous venons à déchoir de notre fituation: fentiment dont ne feroit pas fufceptible; celui, qui malgré tous fes foins, n'auroit pû réüffir à son élévation.

Heureux celui, qui fur l'exemple des fages Citoyens de cette Ville, fçaura luter contre la fortune, ou profiter de ses faveurs, par tous les moyens que la probité laiffe à l'induftrie la plus active & la plus éclairée. Il ne fçauroit choisir de guides plus sûrs pour acquérir en honnête homme. heureux celui, qui fur le même modéle, fçaura joüir en fage des fruits de fes travaux, & maîtriser par ses vertus, la dureté des tems & les caprices de la fortune.

FIN.

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ELOGES ET COMPLIMENS.

C

AVERTISSEMENT.

OMME la plupart de ces Eloges & de ces Complimens n'ont du rapport qu'à des faits particuliers, & qu'aux conjonctures du tems où ils ont été faits & prononcés, on les trouveroit aujourd'hui fort déplacés, fi le Lecteur n'avoit la bonté de ne pas perdre de vue les motifs particuliers, & les circonstances dans lesquelles ils ont été faits. Les Eloges & les Louanges ne peuvent embraffer que le préfent ou le passé de nouvelles Vertus méritent, fans doute, de nouveaux Eloges; mais elles ne doivent pas pour cela faire perdre la mémoire, ou affoiblir l'éclat des anciennes, ou des belles actions paffées.

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AU

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LA SITUATION préfente de votre Royaume paffe les efpérances de vos Prédéceffeurs; & nous fommes furpris nousmêmes de notre propre félicité. Après ce que Votre Augufte Bifayeul avoit acquis de gloire à la France, devoit-on penfer qu'elle pût fe foutenir longtems à ce haut point de Grandeur ? L'expérience des fiècles paffés fembloit la menacer d'une décadence, qu'entraînent ́ordinairement après foi les longues profpérités; mais Votre Sagefle, SIRE, vos Vertus, ont interrompu le cours des chofes humaines. Ce n'eft pas nos dépens que nos Pères ont été couverts de gloire, & nous n'avons rien à leur envier. LOUIS XIV. avoit aggrandi fon Etat par fes Conquêtes; mais en augmentant le fardeau de la Royauté, il ne vous a rien préparé au-deffus de vos forces; & fi votre amour pour la Paix & pour vos Peuples a tenu longtems vos Armes en fufpens, vous avez auffi montré dans l'occafion que vous fçaviez conquérir.

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L'EMPIRE François, accrû d'une riche & fuperbe Province, a fait voir à toute l'Europe, que quand VOTRE MAJESTE' borne fes foins à conferver, c'eft qu'elle craint d'accabler fes Ennemis par fa Puiffance: Ce rare fentiment de modération est fi connu de nos voisins, qu'il a changé leur jaloufie en confiance, & qu'ils ne nous envient plus que le bonheur d'être fpécialement votre Peuple. Saifis d'admiration de voir plus que jamais la Justice, la Paix, le Commerce & les Arts, fleurir parmi nous, ils ne fouhaittent que d'attirer fur eux quelques rayons de cette fageffe qui nous gouverne fi glorieufement. La reconnoiffance de vos Sujets en rendra compte à la postérité; & dans le parallèle qu'elle fera du Régne de tant de Princes de Votre Augufte Sang; c'eft fous le Vôtre, SIRE, que chacun de ceux qui en liront les Annales, souhaitera d'avoir vêcu.

A LA REINE.

MADAME,

LES Vertus cherchent en vain à fe cacher fous le voile de la modeftie, lorfque le rang fuprême les donne en Spectacle à l'Univers: auffi n'avez-vous pû dérober à vos Sujets, ni vos qualités royales, ni cette grande Ame que le Ciel vous donna en vous destinant au premier Trône dont la Religion confacre la grandeur. Le titre que nos Souverains font gloire de porter, vous annonçoit la Couronne qui vous étoit préparée par la Providence; & les Evénemens qui vous ont conduite à être l'Epouse du Roi Très-Chrétien, ne pourroient paroître furprenans qu'à celui qui ne connoîtroit pas vos Vertus.

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QUAND ces prières ferventes, ce religieux mépris de votre rang, ce zéle pour toutes les œuvres dont fe nourrit la ferveur chrétienne; quand tout cela ne feroit pas publié par autant d'admirateurs que vous avez de fujets fidéles nous reconnoîtrions affez par nos profpérités, qu'il eft un cœur digne de fixer les regards de celui par qui régnent les Rois : Nous fçaurions de quelle bouche fortent ces vœux, qui follicitent fi efficacement les faveurs du Ciel pour toute la Nation. Quel gage plus affuré de la confervation du Trône François ? & faut-il plus d'une Esther, pour rendre heureux tout un Peuple?

A MONSEIGNEUR LE DAUPHIN.

MONSEIGNEUR,

LA France entière a les yeux ouverts fur Votre Augufte Perfonne Vous êtes pour elle un gage affuré du plus heu: reux avenir. L'amour de la Nation vous eft acquis par le Sang dont vous fortez, & c'eft l'héritage le plus précieux que pouvoient vous laiffer vos Ancêtres. Votre âge encore tendre ne vous empêche pas de le fentir; votre application à former

votre Esprit aux grandes chofes, & votre cœur aux grands fentimens, nous annonce un PRINCE qui mettra un jour toute fa Gloire à conferver l'affection de fes Peuples; l'augmenferoit une entreprise au-deffus de la Puiffance Royale: mais en est-il quelqu'une au-deffus de vos Vertus ?

ter,

A SON EMINENCE

MONSEIGNEUR LE CARDINAL DE TENCIN,

Archevêque-Comte de Lyon, Primat des Gaules, Commandeur de l'Ordre du St. Efprits Chargé des Affaires de S. M. T. C. auprès de N. S. P. le Pape; à préfent Miniftre d'Etat.

MONSEIGNEUR,

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LE premier Siége des Gaules demandoit une attention particulière de la part du Souverain, & votre mérite généralement reconnu, follicitoit pour vous des marques fingulières

de fon eftime. Le Roi en confiant le foin de ce Diocèfe à

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VOTRE EMINENCE a parfaitement répondu à notre attente Il nous a donné dans votre Perfonne une des principales Lumières du Clergé de France; & pour mettre le comble notre bonheur, fon choix eft tombé fur un Prélat, en qui le fçavoir & l'élévation d'Esprit laiffent agir en toute liberté les fentimens du cœur, & toutes les qualités qui attirent la confiance.

SA MAJESTE' avoit à fa difpofition des graces, des honneurs, qui peuvent être indifféremment la récompenfe de toutes fortes de fervices: mais comme vous vous êtes fpécialement fignalé par votre attachement à la Religion, le Roi a jugé fagement que c'étoit à la Religion à vous honorer de fes Dignités & de fes Titres; Dignités éminentes, mais dont l'éclat ne fçauroit durer autant que le fouvenir & les monumens de vos Talens & de vos Vertus.

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