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206-211. 226-'

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nieres cruautés fans avoir égard ni au` fexe, ni à l'âge. Il permitaux habitans qui s'étoient fauvés par la fuite, de demeurer dans la ville après l'avoir démantelée, & de cultiver les terres, à condition de paier un tribut aux Carthaginois. Cette ville fubfiftoit depuis

242 ans.

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Himére, qu'il affiégea enfuite, & qu'il prit auffi d'affaut, après avoir été traitée avec encore plus de cruauté, fut entiérement rafée, 240 ang depuis fa fondation. Il fit fouffrir toutes fortes d'ignominies & de fupplices à trois milles prifonniers, & les fit égorger tous dans l'endroit même où fon grand-pere avoit été tué par les cavaliers de Gélon, pour appaifer & satisfaire ses mânes par le fang de ces malheureufes victimes.

Après ces expéditions, Annibal retourna à Carthage. Toute la ville fortit au devant de lui, & le reçut au milieu des cris de joie & des applaudiffe

mens.

Diod. 1. 13 CES HEUREUx fuccès renou. P. 201-203 vellérent le defir & le deffein qu'avoient toujours eu les Carthaginois de fe rendre maîtres de la Sicile entiere. Trois ans après, ils nommeren

encore pour Général Annibal; & comme il s'excufoit fur fon grand âge, & refufoit de fe charger de cette guerre, on lui donna pour Lieutenant Imilcon fils d'Hannon, qui étoit de la même famille. Les préparatifs de la guerre furent proportionnés au grand deffein que les Carthaginois avoient conçu. La flote & l'armée fe trouvérent bientôt prêtes,& l'on partit pour la Sicile. Le nombre des troupes montoit, felon Timée, à plus de fix vints mille hommes, & felon Ephore, à trois cens mille. Les ennemis de leur côté s'étoient mis en état de les bien recevoir, & les Syracufains avoient envoié chez tous leurs alliés pour y lever des troupes, & dans toutes les villes de la Sicile pour les exhorter à défendre courageufement leur liberté.

Agrigente s'attendoit à effuier les premieres attaques. C'étoit une ville puiffamment riche, & environnée de bonnes fortifications. Elle étoit fituée, auffi bien que Sélinonte & Himére, fur la côte de Sicile qui regarde l'Afrique. En effet Annibal commença la campagne par le fiége de cette ville. Ne la jugeant prénable que par un endroit, il tourna tous fes efforts de ce

côté-là, fit faire des levées & des ter raffes qui alloient jusqu'à la hauteur des murs, & emploia à ces ouvrages les décombres & les démolitions des tombeaux qui étoient au tour de la ville, & qu'il avoit fait abbattre pour cet effet. La pefte fe mit bientôt après dans l'armée, & fit périr un grand nombre de foldats, & le Général même. Les Carthaginois crurent que c'étoit une punition des dieux qui vengeoient ainfi l'injure faite aux morts, dont plufieurs même s'imaginerent avoir vû les spectres pendant la nuit. On ceffa donc de toucher aux tombeaux, on ordonna des prieres felon le rit obfervé à Carthage, on immola un enfant à Saturne par une fuperftition inhumaine, & l'on jetta plufieurs victimes dans la mer en l'honneur de Neptune.

Les affiégés, qui d'abord avoient remporté plufieurs avantages, fe trouvérent tellement preffés par la famine, que fe voiant fans espérance & fans reffource, ils prirent le parti d'abandonner la ville. On marqua la nuit fuivante pour le départ. On jugeaifément quelle fut la douleur de ces pauvres habitans, obligés d'abandonner

leurs maisons, leurs richeffes, leur patrie: mais la vie leur étoit plus chere que tout le refte. Jamais fpectacle ne fut plus trifte. Sans parler des autres, on voioit une troupe de femmes éplorées traîner après elles leurs enfans pour les dérober à la cruauté du vainqueur. Mais ce qu'il y eut de plus douloureux, fut la néceffité où l'on fe trouva de laiffer dans la ville les vieillards & les malades, à qui leur état ne permettoit ni de fuir, ni de se défendre. Ces malheureux exilés arriverent à Géla, qui étoit la ville la plus prochaine, & ils y reçurent tous les foulagemens qu'ils pouvoient attendre dans un état fi déplorable.

Cependant Imilcon entra dans la ville, & fit égorger tous ceux qui y étoient reftés. Le butin fut immenfe, & tel qu'on peut fe l'imaginer dans une ville des plus opulentes de la Sicile, qui avoit deux cens mille habitans, & qui n'avoit jamais fouffert de fiege, ni par conféquent de pillage. On y trouva un nombre infini de tableaux de vases, de ftatues de toutes fortes: (car cette ville avoit un goût exquis pour ces raretés) & entre autres le fameux taureau de Phalaris, qui fur envoié à Carthage.

Le fiege d'Agrigente avoit dure huit mois. Imilcon y fit paffer le quartier d'hiver à fes troupes, pour leur donner quelque repos, & au commencement du printems il en fortit, après avoir ruiné entierement la ville. If affiégea enfuite Géla, & la prit, malgré le fecours qu'y mena Denys le Tyran, qui s'étoit emparé de l'au torité à Syracufe. Imilcon termina la guerre par un traité qu'il fit avec Denys, dont les conditions furent, que les Carthaginois, outre leurs anciennes conquêtes dans la Sicile, demeureroient maîtres du pays des SicaLes Sica- niens, de Sélinonte, d'Agrigente, miens & les Si d'Himére, comme auffi de celui de mement étoient Géla & de Camarine, dont les habidenx peuples tans pourroient demeurer dans leurs villes démantelées, en paiant tribut aux Carthaginois: Que les Léontins, les Mefféniens, & tous les Siciliens vivroient felon leurs loix, & conferveroient leur liberté & leur indépendance: Qu'enfin les Syracufains demeureroient foumis à Denys. Imilcon, après la conclufion de ce traité retourna à Carthage, où la pefte fit encore périr un grand nombre de citoiens.

oiliens ancien

diftingués.

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DENYS

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