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thiopie, avant que d'entrer en Egypte paffe par les cataractes. Alors, devenu tout d'un coup, contre fa nature furieux & écumant dans ces lieux où il eft refferré & arrété, après avoir enfin furmonté les obftacles qu'il rencontre, il fe précipite du haut des rochers en bas avec un tel bruit, qu'on l'entend à trois lieues de là.

Des gens du pays, accoutumés par un long exercice à ce petit manége, donnent ici aux paffans un fpectacle plus effraiant encore que divertiffant. Ils fe mettent deux dans une petite barque, l'un pour la conduire, l'autre pour vuider l'eau qui y entre. Après avoir lontems effuié la violence des flots agités, en conduisant toujours avec adreffe leur petite barque, ils fe laiffent entraîner par l'impétuofité du torrent qui les pouffe comme un trait. Le fpectateur tremblant croit qu'ils vont être abîmés dans le précipice où ils fe jettent. Mais le Nil, rendu à fon cours naturel, les remontre fur fes eaux tranquilles & paifibles. C'eft Séneque qui fait ce récit, & les voiageurs modernes en parlent de mê

me.

3. Caufes du débordement.

Herod. l. 2. c. 19-27. Diod. l. 1. p. 35-39% Senec. Nat. Quæft. 1, 4. c. 1. & 2. LES ANCIEN S ont imaginé plufieurs raifons fubtiles du grand accroiffement du Nil, que l'on peut voir dans Hérodote, Diodore de Sicile, & Séneque.Ce n'eft plus maintenant une matiere de probleme, & l'on convient prefque généralement que le débordement du Nil vient des grandes pluies qui tombent dans l'Ethiopie, d'où ce fleuve tire fa fource. Ces pluies le font tellement groffir, que l'Ethiopie, & enfuite l'Egypte, en font inondées, & que ce qui n'étoit dabord qu'une groffe riviere, devient comme une petite mer, & couvre toutes les campagnes.

Lib. 17. P.

Strabon remarque que les anciens avoient feulement conjecturé que le 789 débordement du Nil étoit caufé par les pluies qui tombent abondamment dans l'Ethiopie; & il ajoute que plufieurs voiageurs s'en font affurés depuis par leurs propres yeux, Ptoloméé Philadelphe, qui étoit fort curieux Four tout ce qui regarde les arts & les .fciences, aiant envoié exprès, fur les lieux d'habiles,gens pour examiner ce

qui en étoit, & pour conftater la cau fe d'un fait fi fingulier & fi confidé rable.

4. Tems & durée du débordement. Herod. 1. 2. c. 19. Diod. 1. 1. p. 32. HERODOTE, & après lui Diodo re de Sicile & plufieurs autres, marquent que le Nil commence à croitre en Egypte au Solstice d'été, c'est-àdire vers la fin de Juin, & continue d'augmenter jufqu'à la fin de Septembre: vers lequel tems environ il s'arrête, & va toujours depuis en dimi nuant pendant les mois d'Octobre & de Novembre: après quoi il rentre: dans fon lit, & reprend fon cours ordinaire. Ce calcul, à peu de chose près, eft conforme à ce qu'on lit fur ce fujet dans toutes les relations des modernes : & il est fondé en effet fur. la cause naturelle du débordement favoir les pluies qui tombent dans l'Ethiopie. Or, felon le témoignage cons ftant de ceux qui ont été fur les lieux, ces pluies commencent à y tomber au mois d'Avril, & continuent pendant: cinq mois jusqu'à la fin d'Août, & au commencement de Septembre. La crue du Nil en Egypte doit donc na

turellement commencer trois semai nes ou un mois après que les pluies ont commencé en Abysfinie: & auffi les relations des voiageurs marquentelles que le Nil commence à croître dans le mois de Mai, mais d'une maniere peu sensible d'abord, en forte apparemment qu'il ne fort point encore de fon lit. L'inondation marquée n'arrive que vers la fin de Juin, & dure les trois mois fuivans, comme Hérodote le dit.

Je dois avertir ceux qui confultent les originaux, d'une contradiction qui fe rencontre ici entre Hérodote & Diodore d'un côté, & de l'autre Strabon, Pline, & Solin. Ces derniers abregent de beaucoup la durée de l'inondation, & fuppofent que le Nil laiffe les terres libres après l'efpace de trois mois ou de cent jours. Et ce qui augmente la difficulté, c'eft que Pline femble appuier fon fentiment fur l'autorité d'Hérodote: In totum autem revocatur ( Nilus ) intra ripas in libra, ut tradit Herodotus, centefimo die. Je laiffe aux favans le foin de concilier cette contradiction..

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5. Mesure du débordement.

LA JUSTE grandeur du débordement, felon Pline, eft de feize coudées. Quand il n'y en a que douze ou treize, on eft menacé de famine; & quand l'inondation paffe les feize, elle devient dangereufe. Il faut fe fouvenir qu'une coudée est un pié & demi. Juli, Epift. L'Empereur Julien marque dans une lettre à Ecdice Préfet d'Egypte que la hauteur du débordement du Nil s'étoit trouvée de quinze coudées le 20 Septembre (en 362.) Les anciens ne conviennent point entierement fur la mesure du débordement ni entr'eux, ni avec les modernes : mais la différence n'eft pas fort confidérable, & elle peut venir 1°. de celle des mefures anciennes & modernes, qu'il est difficile d'évaluer fur un pié fixe & certain; 2°. du peu d'exactitude des obfervateurs & des historiens; ;o. de la différence réelle de la crue du Nil 3

a Juftum incrementum
eft cubitorum 16. Mino-
res aquæ non omnia ri
gant: ampliores detinent
tardiùs recedendo. Hæ
ferendi tempora abfu
munt folo madente: illæ
non dant fitiente, Utrum-licias, Plin. lib §. 6.9.

que reputat provincia. In
duodecim cubitis famem
fentit,in tredecim etiam
num efurit: quatuorde-

cim cubita hilaritatem afferunt, quindecim fecuritatem, fexdecim de

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