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dans lefquels brilloient à l'envi la ma gnificence des Princes qui les avoient construits, Phabileté des ouvriers qui y avoient été emploiés, la richeffe des ornemens qui y étoient répandus, la jufteffe des proportions & des fymmétries qui en faifoient la plus grande beauté; ouvrages, dans plufieurs defquels s'eft confervée jufqu'à nous la vivacité même des couleurs malgré l'injure du tems qui amortit & confume tout à la longue : tout cela, dis-je, montre à quel point de perfection l'Egypte avoit porté l'architecture, la peinture, la sculpture, & tous les autres arts.

Ils ne faifoient pas grand cas ni de Diod. l. ii cette partie de la gymnastique ou pa-P73 leftre, qui ne tendoit point à procurer au corps une force solide & une fanté robufte; a ni de la mufique ani qu'ils regardoient comme une occupation non feulement inutile, mais dangereufe, & propre feulement à amollir les efprits.

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2 Τὴν δὲ μεσικὴν νομία η ράν, ὡς ἂν ἐκθηλύνεσαν ζεσιν ου μόνον ἔχρήσιν τοῖς τῶν ἀνδρῶν Ψυχάς, ὑπάρχει, αλλά και βλαβες

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Diod. lib. 1. pag.67-68.

CHAPITRE CINQUIEME.

Des Laboureurs, des Pafteurs, des Artifans.

Es laboureurs, les pasteurs,

les

dans le

formoient les trois artifans, qui conditions du bas étage en Egypte, ne laiffoient pas d'y être fort eftimés, fur tout les laboureurs & les pafteurs. Il faloit qu'il y eût des emplois & des perfonnes plus confidérables, comme il faut qu'il y ait des yeux corps: mais leur éclat ne fait pas méprifer les piés, ni les parties les plus baffes. Ainfi parmi les Egyptiens, les prêtres, les foldats, les favans avoient des marques d'honneur particulieres: mais tous les métiers, jufqu'aux moindres,étoient en eftime, parce qu'on ne croioit pas pouvoir fans crime méprifer des citoiens dont les travaux, quels qu'ils fuffent, contribuoient au bien public.

Une autre raison fupérieure leur avoit pu dabord infpirer ces fentimens d'équité & de modération, qu'ils conferverent lontems. Comme ils defcendoient tous d'un même pere, qui

étoit Cham, le fouvenir de cette origine commune encore récente, étant préfent à l'efprit de tous dans les premiers fiecles, établit parmi eux une efpece d'égalité, qui leur faifoit dire que toute l'Egypte étoit noble. En effet la différence des conditions, & le mépris qu'on fait de celles qui paroiffent les plus baffes, ne vient que de l'éloignement de la tige commune, qui fait oublier que le dernier des roturiers, fi l'on veut remonter à la fource, defcend d'une famille auffi noble que les plus grands Seigneurs.

Quoi qu'il en foit, en Egypte nulle profeffion n'étoit regardée comme baffe & fordide. Par ce moien tous les arts venoient à leur perfection. L'honneur qui les nourrit fe mêloit par tout. La loi affignoit à chacun fon emploi, qui fe perpétuoit de pere en fils. On ne pouvoit ni en avoir deux,ni changer de profeffion. On faifoit mieux ce qu'on avoit toujours vû faire, & à quoi on s'étoit uniquement exercé dès fon enfance; & chacun ajoutant fa propre expérience à celle de ses ancêtres, avoit bien plus de facilité à exceller dans fon art. D'ailleurs cette coutume falutaiétablie anciennement dans la na

se,

p.67.

tion & dans le pays, éteignoit toute ambition mal entendue, & faifoit que chacun demeuroit content dans fon état, fans afpirer par des vûes d'inte- . rêt, de vanité, ou de légéreté à un plus haut rang.

C'étoit là la fource d'une infinité d'inventions fingulieres que chacun imaginoit dans fon art pour le condui re à fa perfection, & pour contribuer ainfi aux commodités de la vie & à la facilité du commerce. J'avois dabord Died. . 1. regardé comme une fable ce que Diodore raporte de l'industrie des Egyptiens, qui favoient, par une fécondité artificielle, faire éclore des pou lets fans faire couver les œufs par des poules. Mais tous les voiageurs modernes atteftent la verité de ce fait, qui mérite certainement d'être obfer vé, & que l'on dit auffi être pratiqué en Europe. Selon leurs relations, les Egyptiens mettent les œufs dans des fours aufquels ils favent donner un degré de chaleur fi tempéré, & qui fe ra porte fi bien à la chaleur naturelle des poules, que les poulets qui en viennent font auffi forts que ceux qui font couvés à l'ordinaire. Le tems propre à cette opération eft depuis la fin de

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Décembre jufqu'à la fin d'Avril, la chaleur étant exceffive en Egypte tout le refte de l'année. Pendant ces quatre mois ils font couver plus de trois cens mille œufs, qui ne réuffiffent pas tous à la verité, mais qui ne laiffent pas de fournir à peu de frais une quantité prodigieufe de volailles. L'habileté confifte à donner aux fours un degré de chaleur convenable, & qui ne paffe pas une certaine mesure. On emploie environ dix jours pour échaufer ces fours, & autant à peu près pour faire éclore les œufs. C'eft une chofe divertiffante, difent les relations, que de voir éclore ces poulets, dont les uns ne montrent que la tête, les autres fortent de la moitié du corps, & les autres tout-à-fait ; & dès qu'ils font fortis, ils courent au travers de ces œufs: ce qui fait un vrai plaifir. On peut voir dans les voiages de Corneille le Bruyn ce que les différens voiageurs ont écrit pag. 64. fur ce fujet. Pline en fait auffi men- Lib. 10. cap. tion: mais il paroit qu'au lieu de fours $4. les Egyptiens anciennement faifoient éclore les œufs dans du fumier.

J'ai dit que les laboureurs fur tout, & ceux qui prenoient foin des troupeaux, étoient fort confidérés en Egy

Tom. 2.

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