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tours, puifqu'il n'y avoit point de « forces humaines, ni de machines << qui fuffent capables de les y for-«<

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il

OUTRE ce raport de l'hiftoi

Dieu a tou

événemens

gne

du Mcf

re profane avec l'hiftoire facrée, jours réglé les qui est visible & qui fe fait fentir, humains par y en a un autre plus fecret raport au re& plus éloigné qui regarde le Mef- fic. fie, à l'avénement duquel Dieu, qui a toujours eu fon oeuvre devant les yeux, a préparé les hommes de loin par l'état même d'ignorance & de déréglement où il a permis que le genre humain demeurât pendant quatre mille ans. C'est pour fentir la néceffité d'un Médiateur, que Dieu a laiffé fi lontems les nations marcher dans leurs voies, fans que les lumieres de la raison, ni les instructions de la philofophie, aient pu ou diffiper leurs ténébres, ou corriger leurs inclinations.

Quand on envifage la grandeur des empires, la majefté des Princes, les belles actions des grands hommes, l'ordre des focietés policées & l'harmonie des différens b

membres qui les compofent, la fageffe des légiflateurs, les lumieres des philofophes, la terre femble n'offrir rien aux yeux des hommes que de grand & d'éclatant; mais aux yeux de Dieu elle étoit ftérile & in-: culte, comme au premier inftant de Gen. 1, 2. fa création, inamus, & vacua; c'est peu dire, elle étoit toute entiere fouillée & impure, (il faut fe fouvenir que je parle ici des payens.) & n'étoit devant lui qu'une retraite d'hommes ingrats & perfides, com-: Gen. 6. 11. me au tems du déluge: corrupta eft terra coram Deo, & repleta eft iniqui

tate.

Cependant l'arbitre fouverain. du monde, qui difpenfe, felon les régles de fa fageffe, la lumiere & les ténébres, & qui fait mettre des bornes au torrent des passions, n'a pas permis que la nature humaine, livrée à toute fa corruption, dégénérât en une barbarie abfolue, & s'abrutît entierement par l'obfcurciffement des premiers principes de la loi naturelle, comme nous le remarquons dans plufieurs nations fauvages. Cet obftacle auroit trop

retardé le cours rapide qu'il avoit promis aux premiers prédicateurs de la doctrine de fon Fils.

Il a jetté de loin dans l'efprit des hommes des femences de plufieurs grandes verités, pour les difpofer à en recevoir d'autres plus importantes. Il·les a préparés aux inftru&tions de l'Evangile par celles des philofophes; & c'est dans cette vûe que Dieu a permis que dans leurs écoles ils examinaffent plufieurs questions, & établiffent plufieurs principes, qui ont un grand raport à la réligion, & qu'ils y rendient les peuples attentifs par l'éclat de leurs difputes. On fait que les philofophes enfeignent par tout dans leurs livres l'exiftence d'un Dieu, la néceffité d'une Providence qui préfide au gouvernement du monde, l'immortalité de l'ame, la derniere fin de l'homme, la récompenfe des bons & la punition des méchans, la nature des devoirs qui font le lien de la focieté, le cara&ere des vertus qui font la bafe de la morale, comme la prudence, la juftice, la force, la tempérance,

& d'autres pareilles verités, qui n'étoient pas capables de conduire l'homme à la juítice, mais qui fervoient à écarter certains nuages, & à diffiper certaines obfcurités. C'eft par un effet de la même Providence, qui de loin préparoit les voies à l'Evangile, que lorsque le Messie vint au monde, Dieu avoit réuni prefque toutes les nations par les deux langues grecque & latine, qu'il avoit foumis depuis l'Océan jufqu'à l'Euphrate à un feul maître tous les peuples que le langage n'uniffoit point; & qu'il avoit fait ceffer toutes les guerres civiles & étran→ geres par une paix générale dans toute l'étendue de l'empire, pour donner un cours plus libre à la prédication des Apôtres. L'étude de l'hiftoire profane, quand elle est faite avec jugement & maturité doit nous conduire à ces réflexions, & nous montrer comment Dieu fait fervir les empires de la terre à l'établiffement du regne de fon Fils, Elle doit auffi nous apprendre le térieurs ac- cas qu'il faut faire de tout ce qu'il y a de plus brillant dans le monde,

Talens ex.

cordés aux

payens.

& de ce qui eft le plus capable d'éblouir. Courage, bravoure, habileté dans l'art de gouverner, profonde politique, mérite de la magiftrature, pénétration pour les fciences les plus abftrufes, beauté d'efprit, délicatesse de goût en tout genre, fuccès parfait dans tous les arts; voila ce que l'hiftoire profane nous montre, & ce qui fait l'objet de notre admiration, & souvent de notre envie. Mais en même tems cette même hiftoire doit nous faire fouvenir que depuis le commencement du monde Dieu accorde à fes ennemis toutes ces qualités brillantes que le fiecle eftime, & dont il fait beaucoup de bruit ; au lieu qu'il les refuse fouvent à fes plus fidéles ferviteurs, à qui il donne des chofes d'une autre importance & d'un autre prix, mais que le monde ne connoit & ne defire point. Beatum Pf. 143. 15¿ dixerunt populum cui hæc funt: Beatus populus, cujus Dominus Deus ejus.

louanges

UNE derniere réflexion, qui fuit Etre fobre naturellement de ce que j'ai dit dans les jufqu'ici, terminera cette premiere qu'on leur partie de ma Préface. Puifqu'il eft donne.

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