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certain que tous ces grands hommes, si vantés dans l'hiftoire profane, ont eu le malheur d'ignorer le vrai Dieu, & de lui déplaire, il faut être fobre & circonfpect dans les louanges qu'on leur donne. S. Auguftin, dans le Livre de fes rétractations, fe repent d'avoir trop élevé & trop fait valoir Platon & les philofophes Platoniciens, parce qu'après tout, dit-il, ce n'étoient que des impies, dont la doctrine étoit, en plufieurs points, contraire à celle de Jefus-Chrift.

Il ne faut pas pourtant s'imaginer que Saint Auguftin ait cru qu'il ne fut pas permis d'admirer ou de louer ce qu'il y a de beau dans les actions & de vrai dans les maximes des payens. Il veut qu'on y corrige ce qui s'y trouve de défectueux, & qu'on y approuve ce qu'elles ont de conforme à la régle. Il loue les

a Laus ipfa, qua Pla- | eft Chriftiana doctrina tonem vel Platonicos Retract. lib. 1. cap. 1. feu Academicos philofophos tantùm extuli,quantùm impios homines non oportuit, non immeritò mihi difplicuit: præfertim quorum contra errores magnos defendenda

b Id in quoque corrigendum, quod pravum eft; quod autem rectum eft, approbandum. De bapt. cont. Donat. lib. 7. c. 16.

Romains en plufieurs occafions, & fur tout dans fes livres de la Cité de Dieu, qui eft l'un de fes derniers & de fes plus beaux ouvrages. Il y Lib. 5. cap. fait remarquer que Dieu les a rendu 19.21.6. vainqueurs des peuples, & maîtres d'une grande partie de la terre, à caufe de la modération & de l'équité de leur gouvernement; (il parle des beaux tems de la République ) accordant à des vertus purement humaines des récompenfes qui l'étoient auffi, dont cette nation,aveugle en ce point, quoique fort éclairée fur d'autres, avoit le malheur de fe contenter. Ce ne font donc point les louanges des payens en elles-mêmes, mais l'excès de ces louanges, que Saint Augustin condanne.

Nous devons craindre, nous fur tout qui par l'engagement même de notre profeffion fommes conti nuellement nourris de la lecture des Auteurs payens, de trop entrer dans leur efprit, d'adopter fans prefque nous en apercevoir leurs fentimens en louant leurs heros, & de donner dans des excès qui ne leur paroif

foient pas tels, parce qu'ils ne con→ noiffoient point de vertus plus pures. Des perfonnes, dont j'eftime l'amitié comme je le dois,& dont je refpecte les lumieres, ont trouvé ce défaut dans quelques endroits de l'ouvrage que j'ai donné au public fur l'éducation de la jeuneffe, & ont cru que j'avois pouffé trop loin la louange des grands hommes du paganisme. Je reconnois en effet qu'il m'eft échapé quelquefois des termes trop forts, & qui ne font pas affez mefurés. Je penfois qu'il fuffifoit d'avoir inféré dans chacun des quatre volumes qui compofent cet ouvrage plufieurs correctifs fans qu'il fût befoin de les répéter, & d'avoir établi en différens endroits les principes que les Peres nous fourniffent fur cette matiere, en déclarant, avec Saint Augustin, que fans la véritable piété, c'est-àdire fans le culte fincere du vrai Dieu, il n'y a point de véritable vertu, & qu'elle ne peut être telle, quand elle a pour objet la gloire humaine; vérité, dit ce Pere, qui eft incontestablement reçue par

De Civit Dei lib. 5-Co

tous ceux qui ont une vraie & folide piété. Illud conftat inter omnes veraciter pios, neminem fine vera pietate, id eft 19. veri Dei vero cultu, veram poffe habere virtutem; nec eam veram effe, quando gloria fervit humane.

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Quand j'ai dit que Perfée n'avoit Tom. 4. 7. pas eu le courage de fe donner la mort, je n'ai point prétendu justifier la pratique des payens, qui croioient qu'il leur étoit permis de fe faire mourir eux-mêmes, mais fimplement raporter un fait, & le jugement qu'en avoit porté Paul Emile. Un leger correctif ajouté à ce récit, auroit ôté toute équivoque & tout lieu de plainte.

L'Oftracifme emploié à Athénes contre les plus gens de bien, le vol permis ce femble par Lycurgue à Sparte, l'égalité de biens établie dans la même ville par voie d'autorité,& d'autres endroits femblables, peuvent fouffrir quelques difficultés. J'y ferai une attention particuliere dans le tems, lorfque la fuite de l'Hiftoire me donnera lieu d'en parler, & je profiterai avec joie des lumieres que des perfonnes éclai

rées & fans prévention voudront bien me communiquer.

Dans un ouvrage comme celui que je commence à donner au public, deftiné particulierement à l'inftruction des jeunes gens, il feroit à fouhaiter qu'il ne s'y trouvât aucun fentiment, aucune expreffion, qui pût porter dans leur efprit des principes faux ou dangereux. En le compofant, je me fuis propofé cette maxime, dont je fens toute l'importance: mais je fuis bien éloigné de croire que j'y aie toujours été fidéle, quoique c'ait été mon intention; & j'aurai besoin en cela, comme en beaucoup d'autres chofes, de l'indulgence des Lecteurs.

§. II.

OBSERVATIONS PARTICULIERES Sur cet ouvrage.

LE VOLUME que je donne ici au public, eft le commencement d'un ouvrage où je me propose d'expofer l'Hiftoire ancienne des Egyptiens, des Carthaginois, des Affyriens tant de Ninive que de Babylone, des Medes & des Perfes,

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