l'hommage qu'on leur rendoit, que par l'erreur & l'illufion, & par une frauduleufe imitation de la conduite du vrai Dieu. De là font nées les vaines obfervations des fonges, qu'une fuperftition crédule leur faifoit prendre pour des avertiffemens falutaires du ciel; ces réponses obfcures ou équivoques des oracles, fous le voile defquelles les efprits de ténébres cachoient leur ignorance, & par une ambiguité étudiée fe ménageoient une iffue, quelque dût être l'événement, De là font venus ces pronoftics de l'avenir, que l'on fe fatoit de trouver dans les entrailles des bêtes, dans le vol & le chant des oiseaux, dans l'aspect des aftres, dans les rencontres fortuites, dans les caprices du fort; ces prodiges effraians qui répandoient la terreur parmi tout un peuple, & qu'on croioit ne pouvoir expier que par des cérémonies lugubres, & quelquefois même par l'effufion du fang humain; enfin ces noires inventions de la magie, les preftiges, les enchantemens, les fortiléges, les évocations des Crop. lib. 1. morts, & beaucoup d'autres efpeces de divinations. Tout ce que je viens de raporter étoit un ufage reçu & obfervé généralement parmi tous les peuples; & cet ufage étoit fondé fur les principes de religion que j'ai Xenoph. in montrés fommairement. On en pag.25.37. Voit une preuve éclatante dans l'endroit de la Cyropédie où Cambyfe, pere de Cyrus, donne à ce jeune Prince de fi belles inftru&ions, & fi propres à former un grand Capitaine & un grand Roi. Il lui recommande fur tout d'avoir un fouverain refpect pour les dieux, de ne former jamais aucune entreprife, foit petite foit grande, fans les avoir auparavant invoqués & confultés, d'honorer les Prêtres & les Augures qui font leurs miniftres & les interpretes de leurs volontés ; mais de ne pas s'y fier & s'y livrer fi aveuglément qu'il ne s'inftruife par lui-même de ce qui regarde la fcience de la divination, des augures, & des aufpices. Et la raifon qu'il raporte de la dépendance où doivent être les Princes à l'égard des dieux, & de l'interêt qu'ils ont à les confulter en tout, c'est que quelque prudens & quelque clairvoians que foient les hommes dans le cours ordinaire des affaires, leurs vûes font toujours fort courtes & fort bornées par raport à l'avenir: au lieu que la Divinité d'un feul regard embraffe tous les fiecles & tous les événemens. « Comme les dieux font éternels, « dit Cambyfe à fon fils, ils favent.< tout, & connoiffent également le« paffé, le préfent, & l'avenir. En-tre ceux qui les confultent, ils ce donnent des avis falutaires à ceux qu'ils veulent favorifer, pour leur« faire connoitre ce qu'il faut faire, << & ce qu'il ne faut pas entrepren- « dre. Que.fi.l'on voit qu'ils ne « donnent pas de femblables con- < feils à tous les hommes, il ne « faut pas s'en étonner, puifque « nulle néceffité ne les oblige de « prendre. foin des perfonnes fur« qui il ne leur plait pas de répandre « leurs graces.c Telle étoit la doctrine des peuples les plus éclairés par raport aux différentes efpeces de divinations; & il n'est pas étonnant que des Hi ftoriens qui écrivoient l'hiftoire de ces peuples, fe foient cru obligés de raporter avec foin ce qui faifoit partie de leur religion & de leur culte, & qui fouvent étoit l'ame de leurs délibérations, & la régle de leur conduite. J'ai cru, par cette même raison, ne devoir pas entiérement fupprimer dans l'Hiftoire que je donne au public ce qui regarde cette matiere, quoique pourtant j'en aie retranché une grande partie. Je me propose de mettre à la fin de cet ouvrage un abregé chronologique de tous les faits, & une table exacte des matieres. Mon guide, pour la chronologie, eft ordinairement Ufférius. Dans l'hiftoire des Carthaginois je marque le plus fouvent quatre époques: l'année de la création du monde que je défigne par ces lettres pour abréger, AN. M. celles de la fondation de Carthage & de Rome; enfin l'année qui précéde la naissance de Jefus-Chrift: & je fuppofe avec Ufférius & les autres, que cette naiffance eft arrivée l'an du monde 4004. HISTOIRE HISTOIRE ANCIENNE DES EGYPTIENS, DES Origine & progrès de l'établissement des Roiaumes. OUR CONNOITRE COM- par venus à ce point de grandeur que l'hiftoire nous montre, par quels liens les familles & les villes fe font réunies pour compofer un corps de focieté, & pour vivre eufemble fous une même autorité & fous des loix communes ; il eft à propos de remonter ง |