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APPROBATIO N.

JAI lu, par ordre de Monfeigneur le Garde des Sceaux

le Manufcrit intitulé: Hiftoire Critique & Apologétique des Templiers. Les événemens par lefquels a fini cet Ordre célebre font fi extraordinaires, que les opinions ayant, depuis ce tems, toujours été partagées fur la forme & le fond de ce grand procès, & fur les jugemens qui y ont été rendus, chaque Auteur peut prendre celle qui lui paroît la plus vraie: au refte, j'ai trouvé cet Ouvrage écrit d'une maniere intéreffante, & j'eftime qu'on peut en per mettre l'impreffion. A Nanci, ce 3 Juillet 1780. CHASSEL.

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LOUIS, P

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PAR LA GRACE DE DIEU, ROI DE FRANCE ET DE NAVARRE A nos amés & féaux Confeillers, les Gens tenans nos Cours de Parlement, Maîtres des Requêtes ordinaires de notre Hôtel, Grand-Confeil, Prévôt de Paris, Baillifs, Sénéchaux, leurs Lieutenans Civils, & autres nos Jufticiers qu'il appartiendra: SALUT. Notre Amé D. *** Nous a fait expofer qu'il defireroit faire imprimer & donner au Public l'Hiftoire Critique & Apologétique de l'Ordre des Templiers, s'il Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Privilége pour ce néceffaires. A CES CAUSES, voulant favorablement traiter l'Expofant, nous lui avons permis & permettons par ces préfentes, de faire imprimer ledit Ouvrage autant de fois que bon lui femblera, & de le vendre, faire vendre & débiter par-tout notre Royaume. Voulons qu'il jouiffe de l'effet du préfent Privilége, pour lui & fes hoirs à perpétuité, pourvu qu'il ne le rétrocede à perfonne; & fi cependant il jugeoit à propos d'en faire une ceffion, l'Acte qui la contiendra fera enregiftré en la Chambre Syndicale de Paris, à peine de nullité, tant du Privilége que de la ceffion; & alors, par le fait feul de la ceffion enregistrée, la durée du préfent Privilége fera réduite à celle de la vie de l'Expofant, ou à celle de dix années, à compter de ce jour, fi l'Expofant décede avant l'expiration defdites dix années. Le tout conformément aux Articles IV & V de l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777, portant Réglement fur la durée des Priviléges en Librairie. FAISONS défenfes à tous Imprimeurs, Libraires & autres perfonnes, de quelque qualité & condition qu'elles foient, d'en introduire d'impreffion étrangere dans aucun lieu de notre obéiffance; comme auffi d'imprimer ou faire imprimer, vendre, faire vendre, débiter ni contrefaire ledit Ouvrage fous quelque prétexte que ce puiffe être, fans la permiffion expreffe & par écrit dudit Expofant, ou de celui qui le repréfentera, à peine de faifie & de confifcation des exemplaires contrefaits,

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de fix mille livres d'amende, qui ne pourra être modérée, pour la premiere fois, de pareille amende & de déchéance d'état en cas de récidive, & de tous dépens, dommages & intérêts, conformément à l'Arrêt du Confeil du 30 Août 1777, concernant les contrefaçons. A la charge que ces Préfentes feront enregistrées tout au long fur le Registre de la Communauté des Imprimeurs & Libraires de Paris, dans trois mois de la date d'icelles; que l'impreffion dudit Ouvrage fera faite dans notre Royaume & non ailleurs en beau papier & beau caractere, conformément aux Réglemens de la Librairie, à peine de déchéance du préfent Privilége: qu'avant de l'expofer en vente, le manufcrit qui aura fervi de copie à l'impreffion dudit Ouvrage fera remis, dans le même état où l'Approbation y aura été donnée, ès mains de notre très-cher & féal Chevalier, Garde des Sceaux de France le Sieur BARENTIN, qu'il en fera enfuite remis deux exemplaires dans notre Bibliotheque publique, un dans celle de notre Château du Louvre, un dans celle de notre très-cher & féal Chevalier, Chancelier de France, le fieur de MAUPEOU, & un dans celle dudit fieur BARENTIN. Le tout à peine de nullité des Préfentes: du contenu defquelles vous mandons & enjoignons de faire jouir ledit Expofant & fes hoirs pleinement & paisiblement, fans fouffrir qu'il leur foit fait aucun trouble ou empêchement. VOULONS que la copie des Préfentes, qui fera imprimée tout au long au commencement où à la fin dudit Ouvrage, foit tenue pour duement fignifiée, & qu'aux copies collationnées par l'un de nos amés & féaux Confeillers Secrétaires, foi foit ajoutée comme à l'original. COMMANDONS au premier notre Huiffier ou Sergent fur ce requis, de faire pour l'exécution d'icelles, tous Actes requis & néceffaires, fans demander autre permiffion, & nonobftant Clameur de Haro, Charte Normande, & Lettres à ce contraires. Car tel eft notre plaifir. Donné à Paris, le dix-feptieme jour du mois de Décembre, l'an de grace mil fept cent quatre-vingt-huit, & de notre Regne le quinzieme. Par le Roi en fon Confeil. Signé, LEBEGUE

Regiftré fur le Regiftre XXIV de la Chambre Royale & Syndicale des Libraires & Imprimeurs de Paris, N.° 1980, fol. 143, conformément aux difpofitions énoncées dans le préfent Privilége, & à la charge de remettre à ladite Chambre les neuf exemplaires preferits par l'Arrêt du 16 Avril 1785. A Paris, ce treize Mars 1789. KNAPEN, Syndic.

DISSERTATION

SUR le témoignage défavantageux que JEAN VILLANI rend à la mémoire de CLÉMENT V.

ON N connoît cinq auteurs italiens fous le nom de Villani; Nicolas, Jacques, Jean, Matthieu & Philippe ; le premier, de Pistoie; le second, de Rimini; les trois autres, de Florence, & iffus d'une famille audeffus du commun. Jean, dont il s'agit, étoit, en 1317, un des principaux Magiftrats de Florence, & de la faction des Guelphes, attaché par conféquent aux intérêts du Saint-Siége: il tient un rang diftingué parmi les hiftoriens du quatorzieme fiecle. Son ouvrage, qui finit en 1348, a été continué par Matthieu, fon frere, & celai de Matthieu par Philippe, fon fils. L'histoire de Jean est restée enfévelie dans la pouffiere des bibliotheques près de deux cents ans & n'a été imprimée qu'en 1537, à Venife, pour la premiere fois, ce qui fait qu'elle n'a été connue en France que fort tard.

Le caractere de cet auteur eft d'écrire avec un air de fimplicité & de droiture qui le rend estimable, & qui l'a fait suivre par quantité d'hiftoriens de tout pays & de toute religion, par S. Antonin même, le Prélat de fon tems le plus dévoué au Saint-Siége, lequel ne fait aucune difficulté de l'abréger en plufieurs endroits, fans craindre de paroître peu favorable aux Souverains Pontifes. Malgré l'eftime générale des favans pour Jean Villani, le P. Berthier, jéfuite, troifieme continuateur de l'Hiftoire de l'Eglife Gallicane, & louangeur perpétuel, ne trouvant pas fon compte dans cet hiftorien, s'eft mis en tête de répandre des nuages fur ce qu'il rapporte de Clément V, & fur ce que le P. Brumoi en a emprunté pour décrire la maniere dont cet Archevêque eft entré dans le pontificat (1).

(1) Difcours fur le pontificat de Clément V, à la tête du trcizieme tome de l'Hiftoire de I'Eglife Gallicane.

Tome I.

a

Si la narration de l'auteur Florentin eft exempte de tout reproche, celle des auteurs qui l'ont fuivi le fera de la même maniere; & s'il eft une fois prouvé que Jean Villani fut homme de bien, historien exact, fidele, impartial, autrement fondé que fur des bruits vagues & incertains, il s'enfuivra que les PP. Alexandre, Pagi, Daniel, qui l'ont adopté, que S. Antonin, Paul Emile, Nauclere, Felix Ofius, Amat de Gravefon, Ciaconius, Papire Masson, Rainaldi, Bzovius, Meffieurs Sponde, Fleuri, Dupin, & quantité d'autres, forment un tribunal que le P. Berthier devoit refpe&ter, & auquel il n'auroit pas dû fe fouftraire fi légèrement.

1. On ne peut refufer à Jean Villani la qualité d'homme de bien: fon éducation, la régularité de ses mœurs, cette conduite fage & prudente qui le fit élever aux premieres charges par fes concitoyens, forment un tel préjugé en fa faveur, que ceux mêmes qui n'ont pas voulu le fuivre en tout ce qu'il raconte de Clément V, comme Sponde & Rainaldi, lui rendent ce témoignage, qu'il fut homme de probité. D'ailleurs, fa narration & les fentimens de religion qu'on y trouve répandus démontrent affez quel fut fon caractere (2). Comment auroit-il été fuivi par tant de grands hommes & de fameux historiens, s'il y eût eu quelque fujet de le foupçonner de prévention?

2. Il eft exact & fidele; car, tout ce que la critique la plus févere peut lui reprocher avec fondement, c'est d'avoir été un peu trop crédule fur quelques faits qui fe font paffés long-tems avant lui, comme fur l'origine & la fondation de quelques villes; mais ce défaut, qui lui eft commun avec grand nombre des auteurs qui l'ont précédé, fe trouve bien compenfé par l'exactitude & la fidélité qui regnent dans ce qu'il nous raconte des événemens qui approchent de fon tems, & fur-tout de celui dans lequel il vivoit (3). « Ma quanto al hiftorie di fuoi tempi, ei ne ragiona tanto fidatamente, e con tanta verità, ch'ei fi può preftargli fede, come a un vero hiftorico, per

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(2) Muratorii prafatio in hiftoriam Joh. Villanii, rerum Italicar. Scrip. t. 13.

$96.

(3) Journal des favans de 1733, page

» non dire come a uno oracolo (4), " Quel est l'auteur qui, dans le fiecle le plus éclairé, ait écrit une histoire générale, à qui il ne foit arrivé de rapporter bien des chofes qu'on pourroit retrancher de fon ouvrage, fans en diminuer le prix? Nos habiles critiques ne s'accordent point entre eux fur plufieurs faits particuliers; les uns en défendent encore plufieurs que les autres croient devoir rejetter.

3. On conviendra que la partialité & la prévention n'ont jamais tant paru que dans les historiens qui ont écrit fur les différens des Guelphes & des Gibelins: fi donc Villani, quoique des premiers, & attaché par intérêt au parti du Saint-Siége, n'a pas laiffé de louer & de blâmer les SS. PP. de fon tems, felon qu'il les a trouvés dignes de louange ou de blâme, c'eft une marque que fes portraits n'ont été tracés ni par la passion ni par efprit de parti. En vain, diroit - on qu'il étoit Florentin, & que les Italiens n'ont jamais été portés pour les Papes d'Avignon. A cela il eft aifé de répondre que fi Villani n'eût fuivi que les préjugés de fa nation, il n'auroit pas plus épargné Jean XXII que Clément V, n'ayant pas plus reçu de mécontentement de l'un que de l'autre. S'il eft vrai, felon M. Baluze, qu'il étoit également indifpofé contre ces deux Papes (5), pourquoi donc a-t-il raconté tant de bien de l'un & tant de mal de l'autre? La raison en eft claire; c'eft qu'il n'étoit pas homme à facrifier à fon reffentiment des vérités connues & notoires. Le P. Berthier, qui reproche aux Italiens de n'avoir pas été portés pour les Papes d'Avignon, pourroit bien un jour être mis au nombre des François qui les ont trop flattés.

4. Villani n'a pas écrit l'hiftoire de fon tems fur des bruits vagues & incertains; il ne peut être accufé, fans injustice, d'avoir puifé dans les fictions poétiques de Dante: felon Muratori, il lifoit les nouvelles publiques, il écrivoit à fes amis, il avoit des correfpondances en France, en Angleterre, dans les Pays-Bas ; & tout ce qu'il ra

(4) Remigio Nannini Fiorentino in Villia- (s) Nota in Papar. Avenionenf. vitas. nium, loco citato apud rerum Italicar. Scriptores.

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