Imágenes de páginas
PDF
EPUB

>>

» lem, après la mort de Philippe - Augufte (*). Ils » avoient pour fimulacre une Statue de main de maître, qu'ils avoient revêtue d'une peau humaine, & qui » avoit, à la place des yeux, deux efcarboucles d'un » éclat merveilleux : c'eft à cette Idole qu'ils facrifioient. » Avec les cendres des corps qu'ils brûloient, ils compofoient un breuvage qui avoit la vertu de rendre >> ceux qui en ufoient, d'autant plus fermes dans l'er» reur. Les enfans provenus d'un Templier marié avec » une vierge, étoient destinés à être rôtis, afin que la graiffe qui en découloit fervît à oindre le fimulacre, » & c'étoit là le culte le plus religieux qu'on pouvoit » lui rendre (10). »

>>

D

On ne fait s'il en faut croire à fes yeux quand on rencontre de femblables peintures; les expofer c'est en montrer le vice & l'abfurde : j'y vois autant d'erreurs groffieres qu'il y a de traits injurieux; mais ma surprise eft extrême, & je ne puis en revenir, quand je retrouve ces portraits affreux chez ceux qui ont traité les premiers cette matiere que nous effayons, je veux dire chez Dupuy & Gurtler, Ecrivains trop crédules, l'un par préjugé contre l'Eglife Romaine, l'autre par envie de défendre une mauvaife caufe.

quante ans avant fa naillance.

(*) Double Anachronifme, qui fait les Templiers plus anciens qu'ils ne font (10) Hofmanni Lexicon, littera T, de quatre-ving-huit ans, & qui met la poft LLoidium. Itera, Crinitus de homort de Philippe-Augufte plus de cin-neftâ Difciplina, lib. 24, cap. 13.

<< Non- feulement j'eftime probable, dit Gurtler, » mais je regarde comme certain que l'Ordre en géné» ral, depuis fon accroiffement, s'abandonna au luxe, » à l'intempérance, à l'ivresse, à l'impudicité & à tous » les excès qui font les fuites ordinaires des richeffes. » Et la preuve qu'il en donne eft finguliere. « C'est qu'alors » il n'y avoit ni Moines, ni Clercs, ni Chanoines, ni » Evêques, ni Cardinaux, ni Papes, qui ne fuffent dans » le même cas, & que quand ces Chevaliers auroient » eu la volonté de vivre autrement & en continence, » ils ne l'auroient pu fans miracle (11). »

A ces traits on reconnoît le Peintre, c'est-à-dire, un Proteftant intéreffé à défigurer ies objets, en exagérant les défordres des douzieme & treizieme fiecles, & en mettant fur le compte de tous les Corps Eccléfiaftiques ce dont il s'imagine les Templiers coupables. Son ouvrage parut, pour la premiere fois, à Amsterdam, 1691, &, pour la feconde, en 1703; il a été réimprimé depuis à la fuite de l'Hiftoire de la condamnation des Templiers, en 1712. Ce traité est rempli de digreffions fur l'inftitution des Chanoines Réguliers, fur les Vœux Monaftiques, fur les Vêpres Siciliennes, & plufieurs autres matieres qui n'ont aucun rapport à son fujet. Malgré fes préventions contre les Templiers, Gurtler n'a pu fe perfuader qu'ils fuffent tous coupables, ni

(11) Nicol. Gurtleri Hiftoria Templar. § mihi 136, & pag. 296.

CRITIQUE ET APOLOGÉTIQUE

DE L'ORDRE

DES CHEVALIERS

DU TEMPLE DE JÉRUSALEM,

DITS

TEMPLIER S.

PAR feu le R. P. M. J. Chanoine Régulier de l'Ordre de Prémontré,
Docteur en Théologie, Prieur de l'Abbaye d'Étival.

eune

TOME PREMIER.

A PARIS,

Chez GUILLOT, Libraire de MONSIEUR, Frere du Roi,
rue Saint-Jacques, vis-à-vis celle des Mathurins.

M. DCC. LXXXIX.

Avec Approbation & Privilége du Roi.

110. C. 43.
l.

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small]
« AnteriorContinuar »