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qui a entraîné tant d'Anglais à des exagérations regrettables, ne sauraient y reconnaître qu'une sorte de machiavélisme inconscient.

Seulement, on n'a pas le droit de fermer les yeux à la réalité. Or que nous apprend-elle, si ce n'est que la réédition de l'agitation pour les atrocités bulgares a fait long feu en Angleterre et que, si elle a produit un résultat, ç'a été de retarder et d'embarrasser l'adoption de la seule politique qui puisse enfin obtenir à l'Arménie les réparations, les réformes et les garanties auxquelles elle a droit ?

On regrette de devoir taxer de puérile une méthode préconisée par M. Gladstone : quel autre nom pourtant appliquer à l'étrange solution proposée par l'illustre vétéran dans son discours de Liverpool et qui consistait, après avoir menacé le Sultan de mesures qu'on serait fermement résolu à ne pas appliquer, à retirer l'ambassadeur de Constantinople sans faire suivre ce rappel d'une déclaration de guerre ? Non; les apôtres de l'action isolée ont vu leur mouvement avorter, comme il devait, par deux grandes raisons: la première, c'est que l'entrée en scène de l'Angleterre seule aurait équivalu à une provocation à l'Europe entière, et par conséquent à à l'ouverture d'un conflit universel; la seconde, c'est qu'euxmêmes sentaient si bien les vices rédhibitoires de cette politique, qu'ils avaient soin d'en émousser d'avance la pointe, en déclarant que rien n'était plus loin de leur pensée que de se voir prendre au mot. Ainsi l'Angleterre n'a été préservée de se lancer à corps perdu dans une politique qui semblait se modeler sur la conduite de Gribouille se jetant à l'eau pour éviter d'être mouillé par la pluie, que parce qu'on s'est borné en somme à des paroles. Verba et voces prætereaque nihil.

Je me trompe le bilan de cette agitation ne saurait être tout à fait résumé dans le mot "néant." D'une part, elle a paralysé pendant quelques semaines cette action européenne, cette politique du concert européen qu'il peut bien passer pour spirituel ou généreux de dénoncer ou de railler, mais qui n'en constitue pas moins le seul préservatif et le seul instrument du salut des Arméniens. Il n'est pas fort surprenant qu'en présence du danger d'une mobilisation séparée de l'Angleterre les autres puissances aient pris le temps de la réflexion. On ose

espérer que ce regrettable malentendu est dissipé. La seconde conséquence de l'agitation arménophile aura contribué à réparer le premier effet de ce mouvement. Lord Rosebery,

en se refusant à emboiter le pas derrière M. Gladstone, à jeter le poids de son influence officielle du côté des promoteurs d'une politique naïve ou forcenée, a rendu un service considérable à son parti, à son pays, à l'Europe. Ce n'est point exagérer que d'affirmer qu'il ne s'était jamais montré si digne du commandement des troupes libérales que dans l'acte par lequel il s'en est démis. Si son avénement avait été environné de circonstances un peu obscures, on dirait presque un peu louches, si son règne avait été marqué par de singulières incertitudes de pensée, de parole et de conduite et par des désastres presque sans précédent, son abdication a été dictée par un juste sentiment de sa dignité, par une conscience fort nette des intérêts supérieurs de son pays et par un courageux dédain des suggestions de l'ambition personnelle. Le discours d'Edinbourg a achevé l'œuvre qu'avait commencée la lettre à M. Ellis il a crevé la bulle de l'arménomanie à outrance.

Depuis lors plus personne ne veut avoir prêché cette politique à laquelle Lord Rosebery a refusé de s'associer. Tout le monde se déclare prêt à souscrire aux vues en général si justes exprimées par le noble lord sur le fond de la question arménienne et sur la méthode à employer. On dirait presque que Lord Rosebery a pris des vessies pour des lanternes, qu'il s'est suicidé gratuitement et que sa vision maladive lui avait grossi formidablement la force du courant qu'il a voulu remonter, si l'on ne savait que c'est le propre des mouvements artificiels de ce genre de tout entraîner avec eux comme un torrent débordé au temps de leur popularité, et de se réduire à rien dès qu'une main courageuse leur a barré le passage · Certes, les meetings continuent, on y vote toujours des résolutions contradictoires, commençant par traiter le Sultan d'assassin, l'Europe de complice, continuant par déclarer le ferme propos de l'Angleterre de se jeter dans le gouffre comme un nouveau Décius, et finissant par quelque formule plus ou moins anodine et quelque envoi bénin à Lord Salisbury, mais le cœur n'y est plus, ce n'est plus guère qu'une vaine forme : Lord Rosebery a cassé les ailes à cette agitation,

Il ne faut pas perdre de vue toutefois que cette retraite de Lord Rosebery peut être envisagée sous un second aspect. Au point de vue de la politique intérieure, elle a révélé au grand public ce qui était depuis deux ans le secret de Polichinelle des initiés, à savoir la discorde qui règne parmi les chefs du parti libéral. Lord Rosebery a déclaré que, condamné à une position des plus difficiles par le hasard de la naissance qui l'a confiné à la Chambre des Lords,, écarté de l'arène des vrais combats qui est la Chambre des Communes, il aurait eu besoin de l'appui constant, cordial, loyal, dévoué de ses collègues et qu'il ne l'avait pas rencontré. Ceci n'est ni plus ni moins qu'un acte d'accusation contre le haut état-major libéral. Lord Rosebery en a excepté a excepté nominalement M. Asquith, l'ex-secrétaire de l'Intérieur, le nouvel Elysée sur les épaules duquel il a semblé avoir la velléité de faire descendre son manteau. Si c'est contre Sir William Harcourt qu'il a voulu concentrer ses dénonciations, son attitude n'est ni très juste ni très logique. Après tout, quand une intrigue de cour et de coulisses parlementaires fit passer au printemps de 1894 la succession de M. Gladstone entre les mains du jeune pair, il ne pouvait se dissimuler que les droits de Sir William Harcourt ne fussent aux yeux du public, du parti et de cet homme d'Etat lui-même infiniment supérieurs aux siens. Il a certes été assez naturel qu'un rival ainsi dépossédé n'apportat pas dans ses rapports avec son chef nominal une effusion de cœur, un loyalisme débordant de zèle et une tendresse démonstrative. Si Lord Rosebery peut se plaindre du silence affecté observé à son égard par Sir William à la Chambre des Communes ou sur les plateformes des meetings, Sir William lui-même est en droit de lui reprocher de n'avoir jamais, ni à la Chambre des Lords ni devant le public du dehors, fait allusion par un seul mot à ses grands services et spécialement à ce budget historique de 1894.

En somme, la partie entre ces deux hommes politiques a été assez égale. Lord Rosebery avait gagné la première manche un peu par surprise, il cède la seconde à Sir William Harcourt, mais il ne veut pas qu'il emporte le trick et il prend ses précautions en conséquence. C'est là que sa conduite devient répréhensible. Puisqu'il a tant souffert comme leader des diver

gences de vues et du manque de discipline de son état-major, il aurait dû, si du moins il met l'intérêt du parti libéral audessus de la satisfaction de ses rancunes, tout faire pour faciliter le rétablissement de l'unité sur son successeur. Au contraire : il a eu soin de semer d'épines le chemin de Sir William Harcourt, de lui susciter une foule de difficultés, de rendre presque impossible le choix immédiat et l'acceptation universelle d'un leader. Il a réussi : ce qui revient à dire qu'il a frappé d'impuissance et paralysé le parti libéral pour un certain temps. C'est un beau résultat dont Lord Salisbury et M. Chamberlain doivent lui être reconnaissants.

Malgré tout Sir William Harcourt, en sa qualité de leader irremplaçable de la Chambre des Communes, a la possession -ce qui, comme le dit un proverbe anglais, fait les neuf dixièmes du droit. Le parti libéral a beau ajourner le choix explicite d'un leader en chef, se contenter de deux chefs, un pour chaque chambre, et remettre au Temps la solution de ce problème délicat. Sir William Harcourt est un gladiateur parlementaire trop exercé, il est trop maître de toutes les finesses de l'escrime, il a trop de ressources dans l'esprit, le tempérament et l'humeur pour que le résultat final puisse être douteux. Tout naturellement il sera reconnu peu à peu et proclamé le leader du parti libéral. Et peut-être, avec sa robuste bonne humeur, sa vigueur apparente, l'énergie de ses paroles si supérieure, au moins à ce que croit le public, à la fermeté de ses convictions,-est-il particulièrement fait pour mener le parti libéral dans ces heures sombres de la défaite, pendant le long séjour qu'il doit faire au désert avant de voir se rouvrir devant lui les avenues de la Terre promise du pouvoir.

Quant à Lord Rosebery son avenir est plus incertain. Penchera-t-il vers le libéralisme unioniste et impérialiste, du côté duquel semblent l'entrainer ses opinions whig et son tempérament? Restera-t-il dans le rang, comme simple soldat, après avoir commandé en chef? Chi lo sa? Personne-sans doute pas même l'homme d'Etat à propos duquel se posent ces questions.

FRANCIS DE PRESSENSÉ.

Directeur: F. ORTMANS

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Die Scene stellt das Zelt des Königs dar. Die Vorhänge stehen im Hintergrunde offen und gestatten einen Ausblick durch das Lager der gothischen Krieger hindurch auf den Vesuv und das dahinterliegende Meer, welche im Glanz der untergehenden Sonne leuchten. Links, erhöht, der rohgezimmerte Thronsitz des Königs. In der Mitte ein Tisch mit Sitzen ringsum. Rechts das Lager des Königs aus zusammengerafften Fellen bestehend, darüber ein Gestell mit mannigfachen Waffen. Fackelringe rechts und links.

ERSTE SCENE.

ZWEI ZELTW "CHTER.

ERSTER ZELTWÄCHTER. He Du, bist Du eingeschlafen ? ZWEITER ZELTWÄCHTER. Warum soll ich eingeschlafen sein ?

ERSTER ZELTWÄCHTER. Weil Du so schlapp dastehst über Deiner Speerstange, krumm wie ein hunnischer Bogen.

Alle Rechte, vorzüglich das der Aufführung und Uebersetzung, vorbehalten,— Entered at Stationers' Hall, London,

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