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effet eft d'étonner par la hardieffe, & le fecond d'abufer par l'erreur.

Nous avons encore de Budé des Commentaires fur les Langues Grecque & Latine, un Dictionnaire Grec, eftimé encore aujourd'hui des Savans, & un Traité de Affe, où il rappelle prefque toutes les monnoies des Anciens. Ces trois Ouvrages lui firent une très-grande réputation parmi fes contemporains, parce qu'ils annoncent chacun en particulier, au plus haut degré, & les tréfors de la mémoire & les fruits d'une étude opiniâtre.

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Cet Auteur étoit donc très-digne de l'estime & de la confiance de François I, qui lui donna le foin de fa Bibliotheque. Ce Prince joignit au titre de Bibliothécaire, une Charge de Maître des Requêtes, & le nomma, peu de tems après, Ambaffadeur auprès de Léon X. Les Lexicographes prétendent que les follicitations de Budé contribuerent beaucoup à la fondation du Collége Royal,

BUFFIER, [Claude DE ] Jéfuite, né en 1661, mort à Paris en 1737, plus connu par fa Mémoire artificielle, fa Géographie & fa Grammaire, que par les Ouvrages de Morale & de Philofophie, bien plus propres à établir fa réputation. Il eft facile d'en juger par plufieurs articles de l'En

cyclopédie, copiés mot à mot de fon Cours des Sciences, auxquels la prudence des Compilateurs n'a pas jugé à propos de mettre fon nom : Sic vos non vobis, &c.

M. de Voltaire a très-bien remarqué dans fon Siecle de Louis XIV, que le P. Buffier avoit rappellé les Vers (il ne dit pas la Poésie) à leur premiere destination, en les faisant fervir à imprimer, dans la mémoire des hommes, les événemens principaux de l'Hiftoire.

BUFFON, [George-Louis LE CLERC DE] Intendant du Jardin Royal des Plantes, de l'Académie Françoise & de celle des Sciences, dont il eft Tréforier perpétuel, né à Montbart, en Bourgogne, en 17..

On ne peut fans injuftice lui refuser le titre d'Interprête de la Nature; fa miffion eft trop bien établie. La Nature elle-même femble avoir voulu tenir de lui une nouvelle vie, car elle l'a pourvu des plus heureux taleas, pour développer fes ouvrages & les faire admirer. Une imagination brillante, noble, vive; un efprit lumineux & plein de fagacité; un pinceau auffi délicat que nerveux, ou, pour mieux dire, la force du burin réunie à la molleffe du pinceau, font les bienfaits précieux qu'elle lui a prodigués, & dont il a fait un fi noble usage. Tous les sujets, tous

les genres prennent fous fa plume éloquente les traits qui leur font propres.

Depuis qu'il a confacré fes travaux à l'Hif toire Naturelle, le goût de la Physique s'eft confidérablement étendu parmi nous. Sa maniere & fon ftyle ont fu faire goûter aux efprits les plus frivoles une science d'observations, qui n'avoit été négligée, que parce que fes prédéceffeurs n'avoient pas eu, comme lui, le talent de la rendre piquante, & de l'embellir. Il n'appartient qu'au génie de rendre intéreffans les fujets les plus arides par eux-mêmes. Le preftige de fa plume eft tel, que fes tableaux deviennent des origi naux qui attachent l'efprit & raviffent l'imagina tion, lors même qu'ils ne font pas d'accord avec la vérité. Pourroit-on s'étonner, après cela, de voir toute l'Europe s'empreffer de recueillir fes Ouvrages, & la gloire de la Langue Françoise passer chez l'Etranger avec les richeffes du favoir?

Nous ne prétendons pas garantir la justesse de toutes les obfervations de ce fublime Historien; il a reconnu lui – même qu'il s'étoit égaré quelquefois; mais on ne peut difconvenir de fa fupériorité fur prefque tous nos Ecrivains les plus célèbres, qui ont trop négligé les graces de l'élocution, pour s'attacher à l'appareil du raisonnement. Les efforts de la raifon fe font fentir dans les Ouvrages de la plupart, par la gêne & les con

yulfions du ftyle: dans l'Hiftoire Naturelle, l'Ecri vain raisonne & peint tout à la fois.

Si le mauvais goût, qui va toujours en croiffant, devient affez général pour ramener la barbarie parmi nous, fes Ouvrages fubfifterout dans la Postérité, pour dépofer contre fon Siecle, & on le regardera comme ces monumens rares, élevés dans des tems de décadence, qui néanmoins font les reftes précieux & les images auguftes des tems de perfection qui les avoient pré

cédés.

BULLET, [ Jean - Baptifte] Abbé, Profesfeur Royal de Théologie, Doyen de l'Univerfité de Besançon, fa patrie, de l'Académie de cette ville, & de celle de Lyon, de Dijon, &c. né en 17..

L'érudition & le goût des Lettres se trouvent heureufement affociés dans la plupart de fes Ouvrages. Nous connoiffons de lui plufieurs Differtations très-favantes & très-curieufes, qui fuppofent non-feulement le travail & le difcernement, mais encore le talent d'écrire, & principalement celui de préfenter les chofes avec le ton qui leur convient. Telles font celles qui ont pour objet divers fujets de l'Hiftoire de France, & une autre très-piquante fur les Cartes à jouer. On ne trouve pas tout-à-fait l'élégance, la noblesse

&

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& la vivacité de ftyle convenables à l'Hiftoire, dans fon Hiftoire de l'établissement du Chriftianifme; mais ces qualités, qui ne dépendent peut-être pas de l'Auteur, font remplacées par la méthode, la bonne critique & l'érudition. Ses Mémoires fur la Langue Celtique, font pleins de recherches, & font augurer avantageufement de la bonté du Dictionnaire Celtique, auquel il travaille depuis plufieurs années, Ouvrage néceffaire pour débrouiller l'origine de notre Langue, & pour en faire connoître les développemens fucceffifs.

BUNEL, [Pierre ] né à Toulouse, & mort à Turin en 1546, à l'âge de 47 ans, est le premier des Modernes, fans en excepter les Italiens, qui ait écrit en latin avec autant d'élégance que de pureté, raison qui lui donne droit de paroître dans notre Collection. Il fervit de modele à Paul Manuce, qui l'avoue lui-même.

Bunel n'eft pas moins recommandable par la pureté de fes mœurs, que par celle de son style. C'étoit un Philofophe à la maniere des Anciens, c'est-à-dire, un homme détaché des biens de la fortune, ennemi de tout foin, isolé au milieu de la fociété, d'un caractere doux & aimable. Les Magiftrats de la ville de Toulouse lui ont donné une place dans la Galerie des Illuftres, où l'an voit fa ftatue.

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