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AN. 1563.

XXXIV.

Le pape fait deux

cardinaux.

Ciaconius in vitis pontif. & cardinal. tom. 3. pag 943.

XXXV.
Le pape refufe

d'excommunier la
reine d'Angleter-
Rayna'd. ad hunc
annum n. 115. &

re.

Seq.

Sanderus hift.

fchifm. Angelic. lib.

3.

XXXVI.

théotiques, & les cens de quelques églifes qui étoient du domaine de l'églife Romaine. Sous Paul IV il eut le titre de Ste. Marie in via, fut préfet de l'une & de l'autre fignature, président de l'inquifition, & protecteur du royaume de Pologne, de l'ordre des Carmes, & de celui de Malthe. Après avoir gouverné l'églife de Bari, quoiqu'abfent, pendant plus de douze 'années, il s'en démit en 1562, en faveur d'Antoine fon neveu. Pie IV venoit de le nommer pour être un des préfidens du concile de Trente, en la place du cardinal Seripande, lorfqu'il mourut. L'on a de ce cardinal quelques ouvrages, comme les décifions de la rote, de la différence des monnoies, & plufieurs lettres. Il avoit vu quelques mois auparavant une création de deux cardinaux que le pape avoit faite le fixiéme de Janvier de la même année : fçavoir, celle de Frédéric de Gonzague, fils de Frédéric I duc de Mantoue, & de Marguerite Paléologue dame de Montferrat ; & celle de Ferdinand de Médicis, fils de Cosme grand-duc de Toscane, & d'Eléonore de Tolède.

Quoique la religion ne fût pas ouvertement perfécutée en Angleterre fous le règne d'Elifabeth, cependant le pape fouffroit avec peine qu'elle ne fût pas autorifée. Les uns lui propofoient d'excommunier la reine, & de mettre fon royaume en interdit; d'autres plus modérés penfoient au contraire qu'en fuivant ces confeils, ce feroit tout perdre & engager cette princeffe à févir contre les Catholiques. Pie IV fuivit ce dernier avis, & en conféquence l'empereur Ferdinand écrivit à Elifabeth pour la prier de traiter avec douceur les évêques catholiques, qu'elle retenoit en prifon, & de ne point faire d'édit fi févére contre ceux qui faifoient profeffion de la doctrine de l'églife.

Cette princeffe lui répondit qu'elle recevoit avec respect fes remontrances, & qu'elle auroit égard à fes priéres ce qui obligea l'empereur de lui écrire une feconde fois pour la remercier d'une fi favorable réponse. Sa lettre eft du vingtquatriéme de Septembre. Mais il ne paroît pas que la reine y ait, eut beaucoup d'égard : elle étoit réfolue de s'en tenir aux articles du fynode de Londres de l'année précédente 1562, & qu'elle fit confirmer en 1571. Ces articles étoient au nombre de trente-neuf, dont voici les principaux.

Les cinq premiers n'ont rien qui différe de la créance caArticles du fy tholique : mais le fixiéme rejette comme apocryphes tous les

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AN 1504.

fous Elifabeth.

livres de l'écriture fainte qui ne font pas compris dans le canon des Hébreux, & reconnoît pour canoniques tous ceux nod: de Londres du nouveau teftament. Dans le dixiéme article, on reconnoît que, depuis le péché d'Adam, l'homme ne peut pas fe préparer à la foi, ni rien faire d'agréable à Dieu fans le fecours de la grace. Dans le onziéme la juftification eft attribuée à la feule foi, quoiqu'on reconnoiffe dans l'article douziéme que les bonnes œuvres font agréables à Dieu, & qu'elles font des fuites & des effets néceffaires de la foi. Mais l'article treiziéme déclare péchés toutes œuvres qui précèdent la juftification; & le quatorziéme rejette la doctrine des œuvres de furérogation. L'article dix-feptiéme explique la prédestination en termes très - modérés; & on y remarque que cette doctrine eft auffi dangereufe à ceux qui font curieux, charnels & deftitués de l'efprit de Dieu, qu'elle eft utile & pleine de confolation pour ceux qui font animés d'une véritable piété. Dans le dix-neuviéme l'églife eft définie une affemblée vifible d'hommes qui enfeignent la pure parole de Jefus Chrift, qui eft reconnue pour témoin & confervatrice des livres facrés. Dans le vingt-uniéme l'infaillibilité des conciles généraux eft rejettée: & dans le vingtdeuxième, le purgatoire, l'invocation des faints, le culte des images & des reliques.

Le vingt-troifiéme établit la néceffité de la vocation des miniitres par ceux qui ont le pouvoir de les appeller. Le vingt-quatriéme veut qu'on faffe les priéres en langue vulgaire. Le vingt-cinquième des facremens: des fignes

efficaces de la grace & de la bienveillance de Dieu, par lef quels ils opére invisiblement en nous excite & confirme notre foi. Le vingt-fixiéme déclare qu'il n'y a que deux facremens inftitués par Jefus Chrift, la cène & le baptême. Le vingt-feptiéme dit qu'il faut retenir le baptême des enfans comme étant conforme à l'inftitution de Jefus-Chrift. Le vingthuitième enfeigne que la cène n'eft pas fimplement un figne de la mutuelle bienveillance des Chrétiens les uns envers les autres, mais le facrement de notre rédemption par la mort de Jefus Chrift; & qu'ainfi ceux qui le reçoivent dignement & avec foi, participent au corps & au fang de JefusChrift. Cependant le vingt-neuviéme rejette la tranfubftantiation, & déclare que le corps de Jefus-Chrift n'est donné, reçu & mangé dans la cène que d'une manière fpiri

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AN. 1563.

tuelle par la foi que fuivant l'inftitution de Jefus Chrift,
on ne doit point garder, élever, ni adorer ce facrement;
&
que les impies & les méchans ne reçoivent point le corps
de Jefus-Chrift, quoiqu'ils mangent le facrement de fon corps.

Le trentiéme ordonne de donner l'euchariftie fous les deux
efpèces, & le trente-uniéme déclare que le feul facrifice eft
celui de la croix.

Dans le trente-deuxième il eft permis aux évêques, aux prêtres & aux diacres de fe marier. Dans le trente-quatrième on condamne ceux qui violeront les cérémonies eccléfiaftiques, qui ne font pas contraires à la parole de Dieu, & qui font inftituées & approuvées par l'autorité publique : on accorde néanmoins aux églifes particuliéres ou nationales la liberté de les changer, & même de les abolir. Dans le trente-cinquiéme on approuve le fecond tome des homélies, auffi bien que le premier fait fous le règne d'Edouard. Dans le trente-fixiéme on confirme le livre de la confécration des archevêques, des évêques, & de l'ordination des prêtres & des diacres, dreffé fous le règne du même Edouard; & on déclare que ceux qui ont été confacrés fuivant ce rite, & ordonnés depuis la mort de ce prince, l'ont été légitimement. Dans le trente-feptiéme on accorde à la reine une fouveraine puiffance fur tous les états du royaume eccléfiaftique & civil: cependant on déclare qu'il ne faut pas étendre cette autorité au pouvoir d'annoncer la parole de Dieu, ou d'adminiftrer les facremens, mais au droit de contenir tous les ordres eccléfiaftiques & civiles dans leur devoir, & de punir les défobéiffans & les rebelles. La trente-huitiéme dit que le pape n'a aucune jurifdiction dans le royaume d'Angleterre. Enfin le dernier décide que l'on peut punir de mort les criminels ; & que les Chrétiens peuvent, par ordre des magiftrats, porter les armes & faire la guerre. La fin de cet article eft contre les Anabaptiftes, contre lefquels on déclare que tous les biens ne font pas communs, *& *& que le ferment eft permis.

La reine marqua encore fa haine contre l'églife Romaine, en témoignant, peu après la trève qu'elle fit en 1563 avec la France, qu'elle étoit fâchée que le roi d'Efpagne lui eût envoyé pour ambassadeur un évêque à la place du duc de Feria. Ce prélat étoit dom Alvare de Quadra évêque d'Aquila. La reine le reçut affez froidement; mais quand elle eut appris qu'il tâchoit d'affermir les Catholiques d'Angleterre dans

leur

leur religion, & qu'il avoit des liaifons étroites avec la famille du cardinal Polus qu'elle haïffoit, elle demanda plufieurs fois au roi d'Espagne qu'il eût à rappeller fon ambaffadeur; & fur le refus qu'en fit Philippe II, elle chercha à faire le procès au prélat fur de fauffes accufations: mais la mort délivra cet évêque de ces pourfuites. On prétend qu'il fut empoifonné. Philippe parut diffimuler quelque tems; il envoya même un autre évêque en la même qualité d'ambaffadeur en Angleterre mais les actes d'hoftilité commencérent bientôt de part & d'autre, & furent l'origine d'une longue discorde entre ces deux couronnes.

Parmi les auteurs morts dans cette année, on en trouve peu qui aient écrit fur des matiéres eccléfiaftiques, fi l'on en excepte quelques hérétiques, entr'autres Volfang Mufculus, & Sébastien Caftalion. Le premier étoit fils d'un tonnelier de Dieuse en Lorraine, fur les frontières de l'Alface, où il étoit né le huitiéme Septembre de l'année 1497. S'étant fait religieux Bénédictin dans un monaftére du Palatinat à l'âge de quinze ans, il y demeura jufqu'en 1527, qu'on l'élut prieur mais comme la lecture des ouvrages des Protef tans l'avoit fort dégoûté du cloître, il refufa cette charge, quitta l'habit religieux, & fe maria le vingt-feptiéme Décembre avec Marguerite Bart. Il fe retira enfuite à Strasbourg, où réduit à la derniére pauvreté, il apprit le métier de tifferand, & obligea fa femme à entrer en fervice dans la maison d'un miniftre. Le tifferand chez lequel étoit entré Mufculus, fe trouvant Anabaptifte, Mufculus lui en fit des reproches fi vifs, que fon maître le chaffa de fon logis. Mufculus fe vit alors obligé de fervir de manoeuvre aux fortifi cations de Strasbourg. Un état fi humiliant pour un homme qui avoit de l'érudition & de la capacité, toucha Martin Bucer, qui lui procura la place de maître d'école dans le village de Dorlisheim, le retira chez lui enfuite & le nourrit l'occupant à tranfcrire fes ouvrages. Ce fut à Strasbourg, que fe trouvant au fermon d'un religieux, qui prêchoit contre les nouvelles erreurs, il apoftropha le prédicateur, l'obligea de defcendre de chaire, y monta à fa place, combattit ce que le religieux avoit avancé, & fe fit fi bien écouter du peuple, que les Luthériens de cette ville le demandérent pour leur miniftre en 1531. Etant dans cet emploi, où il demeura près de dix-huit ans, il apprit la langue grecque, Tome XXIII.

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AN. 1563.

XXXVIII. Ouvrages publiés

par cet auteur.

Ex Mh. Adam

in vit. theol. Germ. Pag. 381.

:

mais fort imparfaitement; il ne fçavoit guéres mieux la lan
gue
latine on dit qu'il poffédoit mieux l'hébraïque. En 1548
il paffa en Suiffe, où après s'être arrêté quelque tems à Conf
tance, à Bâle, à Saint-Gal & à Zurich, il fut pourvu d'une
chaire de profeffeur en théologie à Bern, où il mourut le
vingt-neuvième d'Août de cette année 1563, âgé de foixante-
fix ans.

C'étoit un homme laborieux & fçavant. Les ouvrages qu'il
a publiés font en grand nombre. Ses traductions de
grec en latin
n'ont d'autre mérite que la fimplicité & la fidélité : il exprimoit
comme il pouvoit ce qu'il entendoit comme ce qu'il n'enten-
doit point; mais il ne prêtoit rien aux auteurs qu'il traduifoit, ni
n'en diminuoit rien. Il a traduit ainfi les commentaires de S.
Chryfoftome fur les épîtres de S. Paul aux Romains, aux Ephé-
fiens, aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens;
une partie des œuvres de S. Bafile, les fcholies du même pere
fur les pfeaumes, & plufieurs traités de S. Athanafe & de S. Cy-
rille; l'hiftoire eccléfiaftique d'Eufèbe, de Socrate, de Sozo-
mène, de Théodoret & d'Evagrius. Les autres ouvrages qu'il
compofa de fon chef, furent deux fermons de la melle papif-
tique, prononcés pendant la diette de Ratisbone en 1541.
Ils furent imprimés à Wirtemberg, puis à Ausbourg, avec
une addition fur les abus de la meffe. Cochlée écrivit con-
tre cet ouvrage en 1544, & le réfuta folidement ; ce qui
procura l'Anticochlæus, que Mufculus publia en latin & en
allemand à Ausbourg dans la même année. Il publia quatre
dialogues cinq ans après fous le nom d'Euthyclius Myon &
fous le titre de Profcerus, fur la queftion, fi un Proteftant
peut communiquer extérieurement aux fuperftitions papales ?
Son commentaire fur les pfeaumes fut imprimé en 1550.
Celui qu'il fit fur la Genèfe fut publié l'an 1554. Un autre
fur l'épître de S. Paul aux Romains en 1555, fur les deux
épîtres aux Corinthiens en 1559, fur l'épître aux Galates &
fur ceile aux Ephéfiens en 1561. Son commentaire fur les épî-
tres aux Philippiens, aux Coloffiens & aux Theffaloniciens,
& fur les premiers chapitre de la premiére à Timothée, fut
publié après fa mort par fes héritiers. Les lieux-communs font
un ouvrage auquel il travailla pendant dix ans, & qu'il mit
au jour en 1560. On remarque qu'il varia dans fes fentimens;
& qu'après avoir renoncé à la doctrine de Zuingle dans le con-

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