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fe flater de mettre des bornes aux fuccès de Ferdi

AN. 1625. nand.

XLIV.

nemark avec le

Saxe prend les ar

pereur.

PEmpire, l. 3.

Ce Prince étoit alors à la fleur de fon âge, plein Le Roi de Dan de courage & de réfolution, avide de gloire, zelé Cercle de la baffle- pour le parti Proteftant, & fur-tout pour le rétames contre l'Em- bliffement de l'Electeur Palatin dont il avoit épousé la fœur. Comme fes fculs Etats ne lui auroient pas Hei. hift. de fourni affez de temps & de fecours pour balancer les grandes forces de Ferdinand & des Catholiques, Puffendorf. l. 1. il profita des premiers mouvemens qui s'étoient Lotychius l. XV. faits dans la baffe-Saxe, il avoit même contribué à les faire naître, pour en obtenir de puiflans fecours, & fe faire déclarer Capitaine General de ce Cercle, un des plus confiderables de l'Allemagne, & dont il étoit membre en qualité de Duc de Holstein. Tous les Princes & les Etats qui compofent ce Cercle entrerent dans fes vûës, excepté les Ducs Chriftian & Georges de Lunebourg Princes politiques & fages, qui craignirent les fuites dangereufes d'une guerre ouverte. La France & la Hollande entrerent auffi dans la Conféderation avec l'Angleterre, & promirent des fecours d'hommes & d'argent. On fit des levées en France & fur-tout en Angleterre, d'où le Roi Charles envoïa jufqu'à quinze mille hommes au Comte de Mansfeldt pour fortifier l'armée du Roi de Dannemark. Mais ces troupes après avoir débarqué à Calais, n'aïant pas pû paffer en Allemagne par l'Alface, comme Mansfeldt l'avoit pro-. jetté, furent emploïées avec les troupes Françoises en Hollande, où elles perirent prefque toutes de maladies. Mansfeldt ne laiffa pas de faire une nouvelle armée compofée d'Allemands & des débris

qui lui reftoient des troupes Françoifes & Angloifes,

tandis que le Roi de Dannemark fecondé des Ducs AN. 1625. de Brunswick, & de Mekelbourg & de Christian Adminiftrateur de Magdebourg, formoit de son côté une puissante armée fur le Vefer.

L'Empereur & le Duc de Baviere fe préparerent auffi à repouffer ce nouvel effort de leurs ennemis communs. Les feules forces de la Ligue Catholique commandées par le brave Comte de Tilly auroient peut-être fuffi pour foutenir tout le poids de la guerre; mais Ferdinand voulut en partager la gloire avec le Duc de Baviere, ou plûtôt il espera en tirer de grands avantages pour l'agrandiffement de fa Maifon. Ainfi quoique le Comte de Tilly fous les ordres du Duc de Baviere fût déja à la tête d'une grande armée, que tant de victoires paffées faifoient paroître invincible, l'Empereur en assembla une feconde dont il donna le commandement au fameux Baron de Valftein.

Ce General fi celebre dans cette Hiftoire avoit

guerre

XLV. Valstein eft fait

mées Imperiales.

fait fes premieres armes fous Ferdinand lui-même, General des arlorfque ce Prince n'étant encore qu'Archiduc d'Autriche fit la guerre dans le Frioul contre les Venitiens. Il s'étoit enfuite fignalé dans plufieurs occafions, fur-tout au fiege de Gradisk & dans la de Boheme, où il avoit rendu de grands fervices à l'Empereur. Ce fut pendant cette guerre qu'il gagna l'eftime & l'amitié du Comte de Harrach qui avoit toute la confiance de Ferdinand, & qui en donnant sa fille à Valstein, lui ouvrit la porte aux plus grands honneurs. Car en confideration de ce mariage le Baron de Valstein auparavant fimple Colonel, fe

vit tout à coup honoré des titres de Duc de FridAN. 1625. land, de Prince de l'Empire, & de General des armées Imperiales avec une autorité abfoluë. Il est cependant vrai qu'une fortune fi rapide & fi brillante parut moins une grace & une faveur qu'une jufte récompense du merite. Valstein réünissoit dans sa perfonne toutes les qualitez qui font un grand Capitaine, une valeur intrépide, une grande fermeté d'efprit dans l'action, une activité infatigable, beaucoup de prudence & d'adreffe, une extrême vigilance. Il fçavoit également faire naître les occafions & les faifir, vaincre & profiter de la victoire, fe faire craindre & encore plus aimer des foldats. Plus d'humanité & de ménagemens pour les peuples qu'il fouloit impitoïablement, moins d'orgücil & d'emportement auroient mis le comble à la gloire de ce grand homme; mais de fi grands défauts ternirent l'éclat de fon merite, & cauferent enfin fa perte, comme on verra dans la fuite..

Lotychius.

Ibid.

La guerre commença, comme c'cft l'ordinaire, par des écrits & des manifeftes qu'on publia de part & d'autre. Le Roi de Dannemark & les Princes de fon parti protesterent qu'ils n'avoient d'autre dessein que de fe tenir fur la défenfive, & d'empêcher les violences que l'on commettoit fur les frontieres & dans les Etats de Saxe. Le Comte de Tilly & les Imperiaux fommerent le Roi de Dannemark & fes adherens de mettre bas les armes, pour ne point caufer de nouveaux troubles dans l'Empire. Cependant on vit bien-tôt quatre grandes armées s'avancer vers le fleuve du Vefer, qui fepare la baffe-Saxe de la Weftphalic. Mansfeldt s'en approcha par la

Weftphalie; le Comte de Tilly & le General Valftein par la Suabe & la Heffe. Le Roi de Danne- AN. 1625. mark étoit déja campé fur les bords du fleuve près de Bremen, & là il lui arriva un accident qui fut regardé comme un présage funefte du succès de fon entreprise. Comme il fe promenoit à cheval fur les remparts de Hamelen dont il vifitoit les fortifica- Heisstions, fon cheval épouvanté par de canon.

un coup

fe précipita du haut d'un retranchement en bas, & entraîna dans sa chûte le Roi lui-même qui se blessa grievement à la tête. On le remporta fans voix & fans connoiffance, & pendant quelques jours on craignit beaucoup pour fa vie ; il fut pourtant affez heureux pour en réchapper.

Lotychius.
Merc. Franc.

XLVI. Commencemens

Cet accident fut fuivi de la perte de Hamelen, Minden, Statelnau & d'autres Places voifines dans de la guerre. le Duché de Brunswick, que les Officiers du Roi de Dannemark abandonnerent au Comte de Tilly, pour fe retirer dans le Duché de Ferden jufqu'à ce que le Roi fût en état d'agir. De-là le Comte de Tilly defcendit le long du Veser jusqu'à Nieubourg dont il entreprit le fiege; mais la vigoureuse réfiftance des affiegez & la difette de vivres l'obligerent de le lever. Il fit même dans fa retraite quelque perte dont il fe dédommagea par les groffes contributions qu'il leva dans le Duché de Brunswick, &

par

la défaite d'un petit corps de troupes Danoifes, commandées par le Duc de Saxe- Altembourg & le Colonel Oberntraut, un des meilleurs Officiers du Roi de Dannemark, qui perirent tous deux dans cette action.

Il fe fit encore diverfes autres expeditions fem

blables dans le commencement de cette guerre, & AN. 1625. le fuccès de part & d'autre en paroiffoit affez égal. On parla auffi de treve & de paix, & l'on fit des deux côtez des propofitions & de nouveaux écrits qui ne fervirent qu'à aigrir de plus en plus les efprits, parce qu'on s'accufa mutuellement de ne vouloir pas la paix. Il eft rare en effet que deux partis confentent à quitter fi-tôt les armes, lorfque l'un & l'autre cfpere également la victoire. Il falloit quelque action décisive, & la guerre étoit fi animée, qu'il étoit difficile qu'elle n'en fit naître bien-tôt l'occafion.

par

Cependant autant que les Generaux Catholiques fouhaitoient d'engager une bataille generale, autant le Roi de Dannemark avoit envie de l'éviter, fuivant plus les confeils de la prudence, que les mouvemens de fon courage. Son armée n'étoit gueres compofée que de nouvelles levées peu aguerrics. La victoire même pouvoit lui devenir funcfte de fes meilleurs foldats. Ainfi pour la perte éviter d'en venir à une action generale, il prit le parti de diviser toutes les forces en trois corps d'arméc, pour obliger les Imperiaux à partager auffi les leurs, & pour porter la guerre en plufieurs endroits à la fois. Les Ducs de Veimar & de Brunswick furent chargez de faire la guerre en deçà du Vefer dans les Etats Catholiques de Weftphalie; le Comte de Mansfeldt devoit paffer l'Elbe pour joindre les troupes que les Ducs de Mekelbourg avoient déja levées, & fe rendre enfuite en Silefie, y faire foulever les peuples & feconder Betlem-Gabor qui toujours inquiet & ambitieux, venoit de reprendre les

હૈ

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