Imágenes de páginas
PDF
EPUB

l'occasion du couronnement de Ferdinand III. que fon pere Ferdinand II. avoit fait reconnoître Roi AN. 1626. de Hongrie.. Enfin le Roi de Dannemark au milieu de ces deux armées entre l'Elbe & le Vefer, devoit avec la meilleure partie de fes troupes faire la guerre dans l'Evêché d'Hildesheim. Rien n'étoit mieux concerté, & ce projet auroit apparemment réüssi, si les fuccès ne dépendoient que de la prudence humaine. Voici ce qui arriva.

XLVII. Exploit du Duc

Comte de Mans

feldt. pour

Merc. Franc.

Le Duc de Veimar entra dans la Weftphalie & furprit Ofnabrug dont il fe rendit maître. Son def- de Veimar & du fein étoit de s'emparer enfuite de Munster, préparer ainfi les voies à la conquête du Palatinat; mais une groffe fomme de richsdales que les habitans lui envoïerent, détourna le malheur qui menaçoit cette Ville. De l'autre côté Mansfeldt aïant fait paffer fa cavalerie dans le Duché de Lauvembourg, traverfa avec fon infanterie toute la baffe-Saxe depuis Bremen jufqu'à Sandow où il paffa l'Elbe & joignit fa cavalerie. Là il fit la revûë de fon armée qui fe trouva forte de douze mille hommes, de cinq cens chariots & de trente pieces d'artillerie. Son approche donna l'alarme à l'Electeur de Brandebourg & même aux Ducs de Mekelbourg, quoique Conféderez avec le Roi de Dannemark. Ceux-ci au lieu d'envoïer leurs troupes joindre celles de Mansfeldt, les jetterent promptement dans toutes leurs Places frontieres, pour empêcher les défordres que les troupes de Mansfeldt commettoient par-tout fans. diftinction d'amis ni d'ennemis. L'Electeur de Brandebourg qui étoit alors en Pruffe revint prompte

paffage de Mansfeldt ; mais il le fit fi tard & fi peu AN. 1626. efficacement, qu'il donna lieu de croire aux Imperiaux qu'il étoit d'intelligence avec leurs ennemis. L'Electeur de Saxe agit plus ouvertement; car il mit de fortes garnisons dans Wittemberg & Torgaw, & fit rompre les ponts de l'Elbe.

XLVIII.
Mansfeldt at-

Deflau.

c. 5.

l'Empire. l. 3..

Quoique le principal deffein de Mansfeldt fut de que le pont de paffer en Silefic, il crut qu'il rendroit un fervice important à fon parti s'il pouvoit chaffer les ImpeLotychius. I. XV. riaux du pont de Deffau qu'ils avoient fortifié fur l'Elbe. Par-là il fe feroit rendu maître de l'un & Mere. Franc. l'autre bord du fleuve, il auroit arrêté les vivres que Heif. hift. de l'on conduifoit par cau au camp de Valftein, fitué entre Magdebourg & Deffau en deçà de l'Elbe, & l'armée Imperiale ainfi affamée auroit été obligée pour avoir des vivres d'abandonner fes logemens, & de s'éloigner de la baffe-Saxe qu'elle incommodoit. Le Roi de Dannemark avoit déja fait faire une tentative fur le fort qui couvroit le pont ; mais le Colonel Altringer qui le défendoit avec un corps de bonnes troupes, avoit fait fi bonne contenance que les Danois n'avoient pas même ofé en approcher. Mansfeldt se flatta d'un plus heureux fuccès. Déja maître de Qerbst où il avoit fait paffer au fil de l'épée quatre cens Imperiaux, il s'approcha du fort de Deslau. Il le fit attaquer deux fois en un même jour, & deux fois il fut repouffé avec perte. Il continua fes attaques les jours fuivans avec auffi peu de fuccès; mais il fallut bien-tôt le mettre à fon tour fur la défensive.

XLIX.

Au premier bruit de l'entreprise du Comte de Bataille de Def- Mansfeldt, Valstein songea à en profiter. Il fortit

fans

[ocr errors]

défait Mansfeldt.

fans bruit de fes retranchemens, fit prendre les devants au Comte de Schlick avec l'avant-garde, & AN. 1626. suivit avec le reste de l'armée. Comme l'Elbe fepa- fau, où Valstein roit les deux armées, il lui fut aifé de cacher fa marche à Mansfeldt. Dès le lendemain matin celuici voulant faire marcher fes troupes à l'attaque du Fort, fut extrêmement furpris de se voir attaqué lui-même par toute l'armée Imperiale. Il effuïa d'abord fans s'ébranler un grand feu de l'artillerie ennemie auquel il répondit de fon côté autant qu'il lui fut poffible dans une telle furprise, fans fortir de fes retranchemens, excepté pour quelques efcarmouches qui fe firent des deux côtez. Cette efpece de combat dura depuis neuf heures du matin jusqu'à trois heures après midi que le feu prit au camp & aux bagages de l'armée Proteftante. Cet accident obligea Mansfeldt de fortir en rafe campagne ; c'étoit ce que Valftein souhaitoit. Ce General fit auffitôt avancer toutes fes troupes, & les deux armées fe mêlerent. Celle de Mansfeldt animée par l'exemple & la réputation de fon General, foutint pendant quelque temps le choc des Imperiaux avec affez de courage pour faire balancer la victoire. Mais elle la ceda enfin à des troupes accoutumées à vaincre. La cavalerie Protestante pouffée par celle de Valstein commença la déroute. Sa fuite précipitée laiffa toute l'infanterie expofée au fer des Imperiaux qui en firent un grand carnage. Les vainqueurs compterent fix mille ennemis tuez fur le champ de bataille ou dans la fuite. Un régiment entier mit bas les armes, & fe rendit prifonnier avec fon Colonel Kniphausen. Le bagage, le canon, les enfeignes & quinze cens

L.

Mansfeldt affemble de nouvelles troupes, &

[ocr errors]

1

prifonniers demeurerent au pouvoir des Imperiaux.. AN. 1626. Ceux-ci pourfuivant les fuïards jufqu'à Zerbst emporterent la Place dans la chaleur de la pourfuite, & pafferent au fil de l'épée tous les foldats qui ne purent pas le fauver. Mansfeldt fe retira avec les restes de sa défaite dans la Marche de Brandebourg.. Cette malheureuse journée fit quelque tort à la gloire de Mansfeldt, que la fortune fembloit abanpaffe dans la Sile- donner fur la fin de fa carriere. Cependant on vit avec admiration ce grand homme fupericur à tous les évenemens, former en peu de jours une nouvelle armée compofée de fa cavalerie qui s'étoit fauvée de la bataille, de quatre mille hommes de pied que les Ducs de Mekelbourg lui envoïerent alors un peu trop tard, avec trois mille Ecoffois & quelques autres troupes que le Roi de Dannemark. lui donna. Dès qu'il fe vit à la tête d'une fi belle armée il entreprit d'executer fon premier dessein, qui étoit de fe rendre en Silefic. Il s'y achemina avec le Duc de Veimar, & s'y rendit heureufement malgré tous les obftacles. Il arriva même qu'au lieu qu'une marche fi longue & fi difficile auroit dû affoiblir fon armée, il la trouva à fon arrivée augmentée juf qu'au nombre de vingt-cinq mille hommes. Illaiffa en Silefie le Duc de Veimar avec une partie des troupes, & avec l'autre il pafla dans la Moravie où: il ravagea la campagne & brûla tous les Villages.

LI.

Valstein pourfuit Mansfelde jufqu'en Hongrie.

Ses exploits ne fe feroient pas bornez à des ravages, fi Valstein ne l'avoit toujours fuivi dans fa marche. Ce General prévoïant le danger dont la Boheme & l'Autriche même alloient être menacées par la jonction de Mansfeldt avec Betlem Gabor,

fe hâta de fe rendre en Boheme. Après avoir tra

verfé rapidement la haute-Saxe & la Luface, il ar- AN. 1626. riva en Silefie presqu'auffi-tôt que Mansfeldt, & Puffendorfus I. L. comme celui-ci s'étoit contenté d'y laiffer quelques & alii.

troupes
fous les ordres du Duc de Veimar, Valstein
fans s'arrêter à les en chaffer, fuivit l'armée Protef-
tante dans la Moravie. Mansfeldt déconcerté par fa
présence n'eut point d'autre parti à prendre que de
fe retirer au plus vite dans les montagnes qui fe-
parent la Hongrie de la Moravie; de-là il defcendit
dans les plaines de Hongrie au de-là du Wag, afin
de mettre encore cette riviere entre lui & les Impe-
riaux. Valstein s'obstinant à le pourfuivre parut bien-
tôt fur les bords de ce fleuve; mais il fut enfin obligé
d'y terminer fa poursuite; car il trouva Mansfeldt
campé fur l'autre bord du Wag, & foutenu d'un
côté par le Prince Betlem avec une armée de plus
de dix mille hommes, & de l'autre par le Bacha de
Bofnie avec des troupes nombreuses. Comme la ri-
viere feparoit ces deux armées depuis long-temps
acharnées à fe détruire l'une l'autre, elles furent ré-
duites à s'observer mutuellement & à faire quelques
entreprises peu confiderables. Mais bien-tôt une
maladie contagieufe par des traits plus inévitables
que ceux des ennemis, vint moiffonner dans les
deux camps ceux que le fer avoit fi fouvent épar-
gnez. La perte d'une bataille eut été moins funcfte
aux deux armées. Elles fe virent dans l'espace de peu
de jours confiderablement affoiblies, & les deux
bords de la riviere furent également couverts de
morts & de mourans. Pour comble de difgrace,
Mansfeldt apprit dans le même temps que les Dé-

« AnteriorContinuar »