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defefperant d'obtenir une paix affez avantageuse, ne

pûrent fe réfoudre à abandonner des conquêtes qui AN. 1633. leur avoient coûté tant de dépenfes & tant de fang.

LVI. Situation fâ

dois & leur conftance.

La conjoncture étoit cependant extrémement difficile. Guftave en mourant ne laiffoit aux Suedois cheufe des Surpour les gouverner d'autre heritier qu'une jeune Princeffe en bas âge. Ladiflas IV. élû Roi de Pologne après la mort de Sigifmond fon pere, avoit des droits fur la Couronne de Suede, & des partisans Pufendorf.1.4. fecrets dans le Roïaume qui pouvoient y former des factions dangereuses. La Suede n'étoit pas en état de foutenir long-temps la guerre en Allemagne par fes feules forces; & fes Alliez que Guftave avoit fçû retenir dans son parti par son autorité & par l'éclat de ses victoires, elle les voïoit fur le point de lui échapper. Les plus foibles confternez de la mort de leur Chef fouhaitoient la paix. Les plus puiffans comme le Duc de Pomeranie, l'Electeur de Brandebourg, les Ducs de Mckelbourg & quelques autres, jaloux de l'autorité que les Suedois avoient prise en Allemagne, ne vouloient plus les reconnoître que comme de fimples Alliez, & non plus comme les Chefs du parti Proteftant. Le Duc de Brunswick faifoit déja des levées en fon nom particulier, & fongeoit à faire de tout le Cercle de la baffe-Saxe un parti feparé. L'Electeur de Saxe portoit encore fes vûës plus loin, il vouloit se faire attribuer la direction fouveraine des affaires ; & s'il ne réussissoit pas dans ce dessein, on avoit tout lieu de craindre qu'il n'abandonnât bien-tôt la cause com

mune.

Dans une fituation fi perilleuse les Suedois le roi

diffant contre le danger, efpercrent trouver une ref AN. 1633. fource dans leur courage & leur adreffe. Après avoir nommé des Régens pour gouverner le Roïaume pendant la minorité de Chriftine, ils chargerent le Baron Axel Oxenstiern Chancelier de Suede, de tous les interêts de cette Couronne en Allemagne avec un pouvoir prefque abfolu. Ce grand homme foutint cet important emploi dans les temps les plus difficiles avec une conftance, une adreffe & une capacité qui l'ont fait regarder avec raison comme un des plus habiles Miniftres de l'Europe. Il inspira un nouveau courage à ceux que la crainte avoit ébranlez: il ramena au parti commun ceux que des vûës particulieres commençoient à en détacher : il rompit les mesures du Duc de Brunswick: il fufpendit les effets de la jaloufie de l'Electeur de Saxe: il fit comprendre à tous les Alliez qu'ils ne trouveroient leurs veritables interêts, leur sûreté, leur falut que dans leur union. Par-là il ferra les nœuds qui les tenoient attachez au parti, en confervant toujours à la Suede la principale direction des affaires, & prefque autant d'autorité qu'elle en avoit eu du vivant de Guftave. Le Marquis de Feuquieres Ambassadeur du Roi de France, le feconda par fes follicitations & fes bons offices. La France renouvella auffi alors le traité qu'elle avoit fait avec la Suede. L'alliance fut continuée à peu près aux mêmes conditions, & ce nouveau traité fut figné à Hailbron.

LVII. Continuation

de la guerre.

Les Suedois fe virent ainfi en état de continuer la guerre, & elle recommença en effet de part & d'autre avec plus d'acharnement que jamais. Les fuccès furent à peu près égaux des deux côtez. On prit &

on perdit des Villes, on leva de groffes contributions qui acheverent de ruiner les peuples, & peu AN. 1633. de Provinces d'Allemagne furent exemptes des ravages. Il y eut fur-tout dans divers endroits trois actions confiderables.

LVIII. Bataille d'Oa

La premiere fe paffa à Ondeldorp un peu au-deffous de Hamelen fur le Wefer. Les Suedois & les deldorp. Heffiens commandez par le Duc Georges de Lunebourg, Kniphaufen & Melander afficgcoient Hamelen depuis plus de trois mois fans pouvoir vaincre la réfistance opiniâtre des afficgez. Gronsfeldt & le Comte de Merode qui commandoient les troupes Imperiales dans ces quartiers-là, réfolus d'en faire lever le fiege, s'approcherent de la Place avec une armée de quinze mille hommes. Ils s'avancerent jufqu'à Ondeldorp qui avoit garnison Suedoife & l'attaquerent inutilement, parce que l'armée ennemie aïant été avertie de leur approche marcha auffi-tôt au-devant d'eux. Il y avoit à droite une forêt par où les Imperiaux auroient pû penetrer aifément jusqu'à Hamelen, s'ils s'en étoient emparez; mais les Suedois plus prévoïans fe hâterent de la faire occuper par leurs arquebufiers. Ceux-ci furent cependant bien-tôt chaffez de leur pofte; mais s'étant ralliez, & aïant reçû un renfort, ils chafferent à leur tour les Imperiaux après deux heures d'un sanglant combat, & les obligerent de rentrer dans la campagne. Auffi-tôt les deux armées fe choquerent avec beaucoup de furie, & la bataille fut bien-tôt décidée. Car la cavalerie Imperiale rompuë & mise en défordre prit la fuite de toutes parts, abandonnant fon infanterie qui fut taillée en pieces. Il refta fur la place

plus de trois mille morts du côté des Imperiaux avec AN. 1633. tout le canon & les bagages. Les Suedois ne perdirent pas plus de trois cens hommes & firent encore trois mille prifonniers. Le Comte de Merode à qui les vaincus attribuerent la perte de la bataille, mourut peu de jours après de fes bleffures.

LIX, Suité de la

guerre.

LX.

Confpiration de Valftein.

Lotychius rerum

German. tom. 2.

1.10. c. 4.

Les Imperiaux furent plus heureux fur l'Oder en Silefie. Car Valstein aïant surpris les Suedois auprès de Steinaw, après avoir mis toute leur cavalerie en fuite, fit toute leur infanterie prifonniere. Enfuite profitant de fa victoire & de l'étonnement des ennemis, il defcendit le long de l'Oder jufqu'à Francfort. Il fe rendit maître de cette importante Place. Landfperg lui ouvrit auffi fes portes, & déja les Suedois commençoient à craindre d'être entierement chaffez de la Pomeranie, lorfque les progrès que le Duc Bernard faifoit fur le Danube où il s'étoit emparé de Ratisbonne & de plufieurs autres Places, obligerent Valstein de fe rapprocher de la Baviere. La troifiéme action fe paffa encore en Silefie où les Saxons fous le commandement du General Arnheim, défirent un corps confiderable de troupes Imperiales, & vangerent ainfi les Suedois de leur dernicre défaite.

Ce fut dans le cours de ces expeditions qu'arriva la mort déplorable de Valstein assassiné à Egra ville de Boheme, par les ordres ou du moins avec l'approbation de l'Empereur. Ce General auffi odieux. pour fon orgueil, fon ambition & fes violences qu'il étoit celebre par fa valeur, fa prudence & ses exploits militaires, avoit ofé en acceptant le commandement, traiter avec Ferdinand comme avec

Mercure Fran

fon égal, & prefcrire à fon Souverain des conditions qui le rendoient plus abfolu dans l'armée que AN. 1634. l'Empereur même. Ferdinand s'étoit pour ainfi dirc, dépouillé en fa faveur de tous les droits de l'auto- fois. rité fouveraine, & ne s'étoit réfervé que celui de lui proposer fes avis & de l'aider de fes conseils ; c'étoit Valstein qui difpofoit de tous les emplois de l'armée, qui accordoit toutes les graces, qui décernoit toutes les peines, qui décidoit de la vie & de la mort, de la guerre & de la paix.

Les Espagnols qui dominoient à la Cour de Vienne ne voïoient qu'avec un extrême dépit tant d'autorité confiée à un fujet imperieux & fufpect. Ferdinand fentoit lui-même toute l'indécence de cette espece d'efclavage où il s'étoit réduit Le befoin de l'Etat lui faifoit cependant oublier ce qu'il fe devoit à lui-même, & Valftein auroit triomphé de fes envieux & égalé fa gloire à sa fortune, s'il avoit eu dans un fi haut rang, cette moderation qui en doit être l'ornement & qui en fait la sûreté. Mais dans la bonne comme dans la mauvaise fortune, il ne fut jamais capable de ménagemens. Dans fa difgrace il avoit ailement perdu le fouvenir de tous les bienfaits de l'Empereur, qui de fimple Baron de Boheme: l'avoit fait Duc de Fridlandt & de Mekelbourg. Après fon rétabliffement il ne put oublier l'affront que ce Prince lui avoit fait, quoique malgré lui, en le dépofant du Generalat. Il sembla affecter de negliger tous les confeils qui lui venoient de la Cour de Vienne. Il fit fans la confulter divers traitez de fufpenfion d'armes avec les ennemis, & plufieurs autres démarches qui le rendirent enfin odieux &

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