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il prit le parti de la neutralité, jusqu'à ce qu'il se vit AN 1609. contraint de fe déclarer.

Ibid.

Les differentes factions s'étant ainfi réünies felon leurs divers interêts, les Chefs nommez, & les forces à peu près égales, les peuples fe crurent à la veille de voir renaître tous les troubles paffez. La prise de Donawert penfa en être la premiere occafion. Les habitans aïant maltraité, & chaffé tous les Catholiques, la Ville fut profcrite par l'Emperear, & enfuite affiegée par le Duc de Baviere, qui après l'avoir forcée à fe rendre, la retint pour fe dédommager des frais de la guerre. Cette entreprise irrita extrémement les Proteftans, & fembloit devoir être le fignal de la guerre dans la difpofition où étoient les efprits. La défiance étoit réciproque entre les partis: la haine étoit égale : mille libelles injurieux dont l'Allemagne étoit inondée, entretenoient l'animofité, & l'on n'en venoit pas encore aux mains on regardoit cette inaction comme ces calmes terribles qui annoncent la tempête au moment qu'elle eft prête d'éclater. Heureusement pour les peuples, Rodolphe aimoit le repos d'une vie tranquille, & ne fçavoit point profiter de l'avantage de fes forces: les Proteftans fentoient leur foibleffe: les Catholiques craignoient les évenemens incertains de la guerre. Ainfi la crainte mutuelle des deux partis, & peut-être celle de paffer pour les premiers auteurs des troubles, fufpendirent pour un temps les malheurs de l'Allemagne. Après avoir fait tous les préparatifs de la guerre, on fe contenta de part & d'autre de se tenir fur la défenfive,

Cependant

XXI.. Accommode entre les

deux principaux

fucceffion de Ju

Cependant Maurice Lantgrave de Hesse, voïant que la conteftation s'échauffoit de plus en plus entre AN 1610. l'Electeur de Brandebourg & le Duc de Neubourg, craignit que cette querelle entre deux Princes Pro- ment testans, ne caufât une dangereufe divifion dans Prétendans à la l'Union Evangelique. Il leur offrit fa médiation, & liers. les invita à venir à Dormandt dans le Comté de la Mark. Le Duc de Neubourg s'y rendit en perfonne, & l'Electeur de Brandebourg y envoïa son frere Erneft. On convint de part & d'autre de terminer le differend à l'amiable, & de s'en rapporter à des arbitres ; qu'en attendant les deux Princes se transporteroient à Duffeldorp pour y prendre conjointement l'administration de tous les Etats du feu Duc de Cleves, fauf les droits des autres prétendans. Qu'ils ne feroient rien au préjudice l'un de l'autre & qu'ils joindroient leurs armes pour s'opposer à tous ceux qui entreprendroient de s'emparer de la fucceffion. Cette transaction fut acceptée par les Etats du Païs, & confirmée par le Roi de France dont les Etats avoient imploré la protection.

Entreprise de

Mais d'un autre côté la Maifon d'Autriche, quoi- XXII. qu'elle. poffedât des Païs immenfes dans toutes les l'Empereur fur la parties de l'Europe, & un monde entier au de-là des ville de Juliers. Mers, fut alors foupçonnée de regarder avec des yeux d'envie cette belle fucceffion. Lorfqu'on s'y attendoit le moins, on apprit que l'Empereur avoit mis ces Etats en fequeftre jufqu'à ce que le differend fût terminé. Comme il n'avoit aucun titre pour colorer une entiere ufurpation, il étoit, difoit-on, bien réfolu lorfqu'il fe feroit une fois rendu maître du Païs, de faire valoir les droits du Marquis de Burgau

l'Emp.

Merc. Fran. Memoires chronologiques.

dans l'accommodement qui fe feroit entre les préAN` ́1610. tendans, & d'approprier ainsi à la Maison du moins Heiff. hift, de une partie de cet Etat. Quoi qu'il en foit', il chargea fecretement de la conduite de cette affaire, l'Archiduc Leopold Evêque de Strasbourg & de Paffau, à qui il donnale titre de Commiffaire Imperial. Ce Prince fe rendit auffi-tôt à Juliers, & dès qu'il fe fût affuré de cette Capitale, l'Empereur fit publier à Cologne un Edit par lequel il déclaroit qu'il avoit mis les Etats du Duc de Juliers en fequeftre, & qu'en attendant la décision du differend, il avoit nommé l'Archiduc Commiffaire Imperial pour les gouverner, avec ordre à tous les intereffez de le reconnoître en cette qualité.

XXIII.

teftans s'y oppo

des armes.

i

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Ce procedé de l'Empereur déplut également à Les Princes Pro- l'Electeur de Brandebourg & au Duc de Neubourg, fent par la voie au Roi de France, aux Etats des Provinces- Unies & à toute l'Union Proteftante. Les deux premiers protefterent contre le Mandement Imperial, & il fe fit en même temps à Hall en Suabe, une affemblée, generale des Princes Proteftans, pour y déliberer des moïens de s'oppofer à cette nouvelle entreprise.. Le concours y fut fi grand de la part des Princes, elv des Villes Imperiales & de la Nobleffe, qu'on y compta jufqu'à cent quarante Députez. Tous refpiroient la guerre & la vengeance des vexations qu'ils prétendoient recevoir des Catholiques. Ainfi on net balança pas long-temps fur le parti qu'il y avoit à prendre. Il fut refolu d'une commune voix, de défendre le droit des deux Princes, d'afficger la ville de Juliers pour en chaffer le Commiffaire Imperial, & on regla ce que chacun fourniroit pour l'execu

tion de ce deffein.

L'assemblée hésita d'autant moins à prendre une résolution si hardie, qu'elle comptoit fur un puif- AN 1610. fant fecours du Roi de France & des ProvincesUnies. Tandis qu'Henri IV.après cette longue fuite de malheurs qui avoient défolé la France, faifoit goûter à fes peuples les douceurs de la paix au dedans du Roiaume qu'il gouvernoit en pere, il veilloit au dehors avec cette même activité qu'il avoit fait admirer dans la guerre. Dès que ce Prince avoit appris le dessein que l'Empereur paroissoit avoir sur les Etats de Cleves & de Juliers, il avoit pris la réfolution de s'opposer à ce nouvel accroiffement de grandeur dans une Maifon déja trop redoutable par fa puiffance. Il avoit fait entrer dans fes vûës les Etats des Païs-Bas, en leur faifant repréfenter par le celebre Président Jeannin le danger dont ils alloient être menaceż fi la Maifon d'Autriche s'établiffoit dans un païs qui avoit jufqu'alors fervi de rempart à leurs Provinces. Il avoit envoïé à l'affemblée de Hall M. de Boiffife pour animer les Princes à défendre leurs droits & leur liberté. Ce Miniftre leur avoit promis un fecours de dix mille hommes ; & la mort funefte d'Henri IV. qu'un execrable attentat enleva alors à la France, n'empêcha pas l'execution de cette promeffe..

Mais tandis que les Princes de l'Union prenoient à Hall la réfolution d'attaquer l'Archiduc Leopold, l'Empereur déliberoit à Wirtzbourg avec les Electeurs & les Princes de fon parti, fur les moïens de le maintenir dans fa commiffion. On ne vit après ces deux affèmblées que levées de troupes & préparatifs pour la guerre de Juliers, les Catholiques

ne pouvant fe réfoudre à laiffer tomber un fi bel AN. 1610. heritage fous la domination des Proteftans, & ceuxci ne voulant pas abandonner ces nouveaux domaines à la Maifon d'Autriche.

XXIV.

de l'Electeur de

du Duc de Neu

· Le fuccès de cette guerre paroiffoit fort incerLa ville de Ju tain, lorfque l'ambition inquiete de l'Archiduc fous l'obéiffance Mathias donna un grand avantage aux Protestans Brandebourg, & par la diverfion que ce Prince fit en Hongrie & en bourg. Boheme, pour obliger l'Empereur à lui ceder ces deux Roïaumes. L'Electeur de Brandebourg & le Duc de Neubourg profiterent de la divifion de leurs ennemis. La ville de Juliers fut afficgée par Maurice Prince d'Orange, & par le Prince d'Anhalt. Le Maréchal de la Châtre amena au camp un grand corps de troupes Françoises, compofé de douze mille hommes de pied, & de deux mille chevaux, & la Ville fut tellement preffée, qu'après fix femaines de fiege elle fe rendit aux Princes, & fe foumit avec toutes les Places de ce Duché, à l'Electeur de Brandebourg & au Duc de Neubourg.

L'Empereur ne put oppofer à cette entreprise, qu'un vain titre d'inveftiture, qu'il donna à l'Electeur de Saxe, de tous les Etats du Duc de Cleves. Heil. hift. de C'étoit la récompenfe que l'Electeur attendoit de

T'Empire, l. 3.

fon attachement au parti de la Maison d'Autriche. Rodolphe fit cette démarche contre l'avis de la plûpart des Princes Catholiques; mais il ajouta à cet acte une claufe qui en fufpendoit l'effet: c'étoit que l'Electeur de Saxe prouveroit qu'il avoit plus de droit à cette fucceffion, que les autres prétendans. Il y ajouta encore d'autres conditions, fçavoir; que l'Electeur ne feroit dans ces Provinces aucun chan

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