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le traité de Vervins les Rois de France & d'Espagne avoient compris plufieurs Princes d'Allemagne en AN. 1637qualité de leurs Alliez. Qu'on affectoit injustement de confondre les vaffaux de l'Empire & ceux de l'Empereur. Que les Princes & les États libres d'Allemagne fe reconnoiffoient vaffaux de l'Empire & nullement de l'Empereur, à qui ils ne devoient d'obéiffance & de foumiffion que lorfqu'il agiffoit au nom de l'Empire. Enfin que fi le Légat du Pape leur refufoit fa médiation, ils emploïeroient celle de Venife.

phal.c.2.

XLVIII.

une treve.

Comme ces conteftations emportoient tout le Pufendorf.1.9temps destiné aux conferences, & que la guerre guerre Adam Adamicontinuoit cependant de part & d'autre avec la pacificatio Veftmême vivacité; le Pape pour arrêter le cours des malheurs de l'Europe, propofa une treve pour tout le temps que dureroient les négociations. La France Le Pape propole qui occupoit alors plufieurs Places qu'elle avoit prifes fur les ennemis, agréa cette propofition; pourvû que chaque parti demeurât en poffeffion de ce qu'il tenoit. Cependant comme elle fuivoit toujours le principe qu'elle s'étoit fait de ne se point feparer de la Suede, elle ne voulut s'engager qu'après avoir confulté les Suedois. Ceux-ci panchoient affez à accepter la treve, efperant, comme les François, s'établir par-là dans la poffeffion des Places qu'ils occupoient en Allemagne ; mais toujours attentifs à tourner tout à leur profit, ils vouloient que la France achetât leur confentement en continuant à leur païer pendant la treve de groffes fommes d'argent pour entretenir leurs garnisons en Al

XLIX.

,refusent.

de faire, d'autant plus qu'elle trouvoit plus d'aAN. 1637. vantage à continuer la guerre. L Empereur auroit peut-être confenti de fon côté à faire une treve fi le Roi d'Espagne l'avoit approuvée ; mais ce Prince ne Les ennemis la pouvoit la goûter, parce qu'il prévoïoit qu'il ne la pourroit faire qu'avec défavantage, & qu'il se flattoit toujours de réparer dans les campagnes prochaines les pertes qu'il avoit faites dans les précedentes. Il eut dans la fuite tout le temps de fe repentir d'avoir pris un fi mauvais parti, car la treve lui auroit apparemment sauvé la Catalogne & le Portugal qu'il perdit quelque temps après. Quoi qu'il en foit, il en fut de la treve comme de la paix. On en parla long-temps fans fruit, & il furvenoit toujours quelque difficulté nouvelle qui l'éloignoit,

L.

Les François font

dans les Pais Bas.

C'est ainfi que l'on négocioit, comme fi on n'avoit point voulu de guerre, & cependant la guerre continuoit, comme fi l'on n'avoit point voulu de paix. Dès que la faifon permit d'entrer en campagne, on vit cette année comme les précedentes les Generaux des deux partis former diverfes entreprises avce divers fuccès. On vit même parmi eux plufieurs Prélats endoffer la cuiraffe fur la pourpre, & difputer aux maîtres de l'art la gloire de gagner des batailles & de forcer des Villes. Tels furent le Cardinal de la Valette & Sourdis Archevêque de Bourdeaux, dont les noms vivront dans les Gazettes beaucoup plus que dans l'Hiftoire Ecclefiaftique.

Le Cardinal de Richelieu voïant combien les des conquêtes Espagnols s'étoient prévalu de la foibleffe des François fur la frontiere des Païs-Bas, résolut d'y envoïer deux armées, dont l'une fous la conduite du Cardi

nal

di Vittorio Siri.

pleix hiftoire de

glas

Memoires ma

nal de la Valette & du Duc de Candale fon frere, devoit y entrer par la Picardie; l'autre fous le com- AN. 1637. mandement du Maréchal de Châtillon devoit pene-` Memorie recond. trer dans le Luxembourg par la Champagne. La premiere de ces deux armées reprit en paffant le Châ- Bernard & D teau de Bouchain fur les Efpagnols & Cateau-Cam- Louis XIII: brefis. De là elle alla inveftir Landrecies qui fe ren- Mèrc. Fran. dit au bout de fix ou fept jours. Cette conquête vrit aux François l'entrée du Hainaut. Le Cardinal de la Valette s'avança le long de la Sambre, fe faifit auferits de Montdes Châteaux de Barlaiment & d'Aimerie, & envoïa ravager le plat-Païs jufqu'aux portes de Mons, pendant qu'il fe rendoit maître de Maubeuge. Le Cardinal ne voïant point d'ennemis en campagne, réfolut de faire une place d'armes de cette derniere Ville, & d'y laiffer le Duc de Candale avec une partie confiderable de l'armée, tandis qu'avec l'autre il tenteroit quelque nouvelle entreprise. Dans ce deffein il retourna fur fes pas, s'alla préfenter devant Avênes, faifant mine de vouloir l'afficger, & tout à coup il se rabattit sur la Capelle qu'il fit investir. Là il fut fortifié des troupes que le Comte de BuffiLamet amena d'Hermanftein qui s'étoit enfin rendu aux Imperiaux au bout de quinze mois de blocus, après avoir courageufement foutenu les dernieres extrémitez de la faim & d'une entiere difette. Les Espagnols fe défendirent dans la Capelle avec beaucoup de valeur, & ne capitulerent qu'après vingt jours de fiege.

Il étoit temps que temps que la Place fe rendît; car l'autre partie de l'armée que le Cardinal avoit laiffée à Maubeuge, étoit dans un extrême danger. Le Cardinal

Infant aïant inutilement tenté de fecourir Breda afAN. 1637. fiegée par le Prince d'Orange, & aïant été averti de la féparation de l'armée Françoise, s'étoit avancé

LI.

Le Vicomte de

Turenne oblige le Cardinal Infant de fe retirer de de

Vant Maubeuge.

Maubeuge pour y attaquer les François. Le Duc de Candale étonné du peril, ne trouva point de meilleur parti à prendre que de fortir avec quelque cavalerie pour aller trouver le Cardinal fon frere, & le preffer de venir au fecours des troupes Françoifes.. Il laiffa en partant le commandement à fon Maréchal de Camp. C'étoit le Vicomte de Turenne qui en fut comblé de joïc, & qui à l'âge de vingt-cinq ans égaloit déja les plus vieux Capitaines. On put fans doute juger dès-lors qu'il deviendroit un jour le Heros de la France, par la valeur & l'habileté qu'il fit paroître en cette occafion. A peine le Cardinal Infant fut-il arrivé devant Maubeuge, que ce Prince fit mettre en batteric trente picces de canon qui foudroïerent la Ville pendant deux jours. Il attaqua ensuite un retranchement d'où il fut repoussé avec perte. Enfin aïant appris que le Cardinal de la Valette fe préparoit à venir au fecours de la Place, il réfolut de faire un effort pour l'emporter avant l'arrivée des François. L'entreprise paroiffoit d'autant plus aifée, que fon armée étoit nombreuse, & que Maubeuge étoit une grande Ville fans dehors & prefque fans défenses; mais il fut fi bien reçû par le Vicomte de Turenne, qui dans un fi grand peril donnoit fes ordres par-tout avec une admirable préfence d'efprit, & combattoit lui-même en foldat, qu'après avoir été repouffé de tous côtez il prit le parti de lever le ficge, & d'attendre que l'armée Françoife fe fût retirée dans fes quartiers, pour re

LII.
Le Prince d'O-

prendre Barlaimont & Aimerie. Les Espagnols reprirent auffi Ivoix que le Maréchal de Châtillon AN. 1637. avoit pris dans le Luxembourg; mais Damvilliers refta aux François, & le Cardinal Infant fit une range le rend maîperte beaucoup plus confiderable par la prise de tre de Breda. Breda dont le Prince d'Orange se rendit maître. Il s'en dédommagea cependant en partie par la prise de Ruremonde & de Venlo, & les Espagnols eurent encore plus de fujet de s'en consoler par la perte que la France fit de deux Alliez en Italie.

LIII.

Les Grifons aban

la France.

Le Duc de Rohan fe maintenoit depuis deux ans dans la Valteline contre les armes des Efpagnols; donnent le parti de mais il fuccomba enfin à leurs intrigues. Des partifans fecrets de l'Espagne vinrent à bout de perfuader aux Grifons qu'il leur étoit indifferent que les François ou les Espagnols euffent la victoire,pourvû que leur Païs demeurât libre, & que le feul moïen de conferver leur liberté, étoit de ne souffrir ni les uns ni les autres dans leurs Etats, puifqu'après tout ils n'avoient pas befoin de fecours étrangers pour garder la Valteline. Ces difcours infinuez adroitement firent peu à peu impreffion fur les efprits. Les Grifons incommodez du paffage continuel des gens de guerre, envoïerent fecretement des Députez à l'Archiducheffe d'Infpruck pour traiter fon enpar tremi fe avec l'Empereur. Les conditions furent auffitôt reglées. L'Empereur confirma leur liberté & leur fouveraineté fur la Valteline, leur promettant que les Espagnols ne feroient aucune entreprise fur leurs Etats, & confentant qu'ils gardaffent eux-mêmes les paffages. Le traité fut apporté à Coire dans une Assemblée generale de la nation, où il fut ratifié. Le

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