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prendre sa place après avoir demeuré quelque temps

AN. 1638. à Dantzic où il avoit fervi utilement cette Ville pår fon crédit auprès du Roi de Pologne.

LXXL

L'Empereur s'op

Comte d'Avaux à

Dès qu'il fut arrivé à Hambourg, l'Empereur qui pofe au féjour du craignoit tout de l'habileté de ce négociateur,ne pût Hambourg. s'empêcher d'en témoigner son chagrin, & fit écrire aux Magiftrats pour leur perfuader de ne pas fouffrir que le Comte d'Avaux résidât dans leur Ville. Ces 20. Mars 1633. Magistrats Républicains & jaloux de leurs franchises n'curent aucun égard à la demande de l'Empereur, de Guebriant,l. 4. Le Roi de France leur écrivit pour les en remercier;

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Hift. du Mar.

mais Ferdinand ne garda plus de ménagemens. Il menaça les Magiftrats de faire infulter la Ville par l'armée de Gallas qui n'en étoit pas éloignée, & il y fit même entrer fecretement un grand nombre d'Officiers & de foldats, avec ordre d'en enlever de force l'Ambassadeur de France fans respecter le droit des gens. Les bourgeois intimidez & craignant pour la perfonne du Comte d'Avaux lui confeillerent dé ceder à la force. Banier General de Suede lui donna le même confeil, & dans une occafion fi perilleufe un Ministre moins intrépide & moins zelé fe feroit aifément laiffé perfuader. Mais rien ne pût ébranler le Comte. L'honneur du nom François autant que l'interêt de l'Etat, demandoient qu'il demeurât à 'Lettre du Comte Hambourg. Il y demcura réfolu de mourir, comme Bourbon à M. il difoit, plûtôt que d'abandonner fon pofte. Il ne voulut pas même prendre de gardes pour fa sûreté. Cependant pour ne pas expofer la dignité du Roi à être outragée dans fa perfonne, il fe renferma chez lui, ne fortant que lorfque la neceffité l'y obligeoit, & il interdit à tous fes domeftiques les cabarets &

Avaux à Nic.

de Roiffy le 25.

Мой 1639.

lcs

les promenades, afin d'éviter toutes les occafions de querelle. Une conduite fi fage & fi ferme fit avorter AN. 1638. la conjuration. Les Allemands furent obligez de retourner à l'armée que la guerre appelloit ailleurs, & laifferent au Comte d'Avaux la liberté de commencer la négociation.

LXXII.

Arrivée de Sal

Jean-Adler Salvius Confeiller au Confeil Privé de la Reine de Suede & Chancelier de la Cour, s'é- vius à Hambourg. toit déja rendu à Hambourg pour y traiter avec le Comte d'Avaux. Ce Miniftre qui fut depuis encore emploïé dans les autres traitez de la Suede jufqu'à la paix de Weftphalie, avoit beaucoup de capacité & une grande connoiffance des affaires. Il manioit même avec beaucoup d'adreffe une négociation. Cette adreffe étoit cependant en lui un peu tardive, & n'étoit que le fruit de plufieurs réflexions. Il étoit extrémement diffimulé, habile à cacher fes fentimens, & attentif à découvrir ceux de fes adverfaires. Mais fa penetration alloit fouvent trop loin, & le rendoit inquiet & soupçonneux. Il étoit d'ailleurs obftiné dans fes idées, toujours jaloux des moindres prérogatives, & malgré fes défiances quelquefois facile à féduire ou à gagner.

LXXIII. Commencement

Le Comte avoit deux partis à prendre: c'étoit ou de faire fimplement ratifier le traité de Wifmar, ou d'en de la négociation. propofer un nouveau. Outre que le traité de Wismar avoit été moins un traité, qu'un projet qui n'avoit jamais eu de force, puifqu'il n'avoit pas été ratifié : les Sucdois prétendoient en vertu de ce traité fe faire païer de tout ce qui leur avoit été promis. L'article étoit confiderable, & pour cette raison il cût été beaucoup plus avantageux à la France de faire un

nouveau traité qui abrogeât le premier. Mais comme AN. 1638. la Reine de Suede avoit déja envoïé fa ratification„ il fallut fe contenter de réformer le traité de Wismar, & de regler les fecours d'argent que la France donneroit déformais à la Suede.

des.

LXXIV.

Salvius n'étoit pas traitable sur ce point, & tout Article des Sub- l'argent de France auroit à peine suffi pour satisfaire l'avidité des Suedois. On convint pour l'avenir que la France païeroit à la Suede pendant les trois ans que devoit durer le traité, un million de livres par an, & pour le passé le Comte d'Avaux fit si bien valoir les avantages que la Suede devoit retirer du Lettre de M. Col- traité, qu'il perfuada à Salvius de fe contenter d'un vaux le 23. Mai million au lieu de deux qu'il avoit quelque droit de redemander, & que le Comte par une fermeté apparente lui fit désesperer d'obtenir.

bert à M. d'A

1638.

vius.

LXXV.

Salvius pour allarmer l'Ambaffadeur François Artifice de Sal- lui avoüoit avec une confiance affectée, que plufieurs Princes d'Allemagne follicitoient la Suede de rompre la négociation. Qu'on lui promettoit un accommodement avantageux avec l'Empereur; & que ce Prince lui offroit une fomme confiderable, avec la Pomeranie en hypotheque du dédommagement qu'elle demandoit pour les frais de la guerre. Tout cela étoit vrai; mais le Comte n'ignoroit pas ce que les Suedois eux-mêmes penfoient de ces offres fpecieuses, & pour païer les avis de Salvius par une pareille confidence, il l'avertit de fe tenir für fes gardes contre la Cour de Vienne : que l'offre de la Pomeranie étoit un artifice pour endormir les Suedois & les chaffer enfuite plus aisément de toute l'Allemagne, lorfqu'on les auroit feparez de la France.

Que c'étoit dans cette vûë que l'Empereur & le Roi
d'Espagne faifoient un traité de ligue avec le Roi de AN. 1638.
Pologne, qui faifoit déja affez connoître fes difpo-
fitions par les infractions qu'il faifoit au traité de
Stumsdorf en exigeant des droits au Port de Dant-
zic. Cette triple alliance de l'Empereur, du Roi
d'Espagne & du Roi de Pologne, étoit un faux bruit
que les Polonois toujours ennemis des Sucdois fai-
foient courir pour leur donner de l'inquietude, &
par lequel le Comte d'Avaux prétendoit moins
effraïer Salvius, que lui faire fentir le tort qu'il avoit
de vouloir lui donner de fauffes allarmes.

Ce feroit entendre mal l'art de négocier que de fe piquer de cette franchise qui ne sçait rien diffimuler, & qui laiffe penetrer les intentions les plus fecretes. Un habile Négociateur ne s'explique que dans la ncceffité, & le fait toujours avec réferve. Il affecte même quelquefois de fe contredire,de paroître changer de vûes & d'idées, de méprifer ce qu'il craint, & d'appréhender ce qu'il fouhaite. Par-là on fe rend impenetrable, & à moins que l'autre parti ne foit extrémement fur fes gardes, on perce aisément fes veritables fentimens. Salvius fentit bien-tôt l'avantage que l'Ambaffadeur François avoit fur lui de ce côté-là, & voulut le rendre inutile en lui propofant de traiter par écrit, comme c'eft affez l'ordinaire en Allemagne, & non plus de vive voix, comme ils avoient fait jufqu'alors. Mais l'autre methode étoit trop avantageufe au Comte d'Avaux, & on ne pou voit pas raifonnablement l'obliger à la changer.

Cependant pour marquer à Salvius la droiture & la fincerité de la France, le Comte lui accorda après la déclarer la

LXXVI.
La France con

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reur.

quelques difficultez affectées, un article qui étoit AN. 1638. dans le fond affcz indifferent au Roi, mais fur leguerre à l'Empe- quel les Suedois infiftoicnt beaucoup. Ce fut que la France déclareroit la guerre nommément à Ferdinand, ce qu'elle avoit refusé de faire jusqu'alors par les raifons que j'ai dites. Ce n'étoit là qu'une formalité qui n'engageoit la France à rien de plus que ce qu'elle faisoit déja depuis plusieurs années.

Pufendorf. rerum
Suecic. l. 9.

LXXVII.

gées par la France.

Les François porterent plus loin leur complaifance par rapport au lieu des conferences pour la paix generale. Le Comte d'Avaux laissa à Salvius le choix de Cologne, de Hambourg ou de Lubek, ou s'il aimoit mieux il propofa à la Suede de choifir telle Ville qu'elle voudroit pour y traiter de ses interêts avec Ferdinand, tandis que la France traiteroit Conditions exi- des fiens à Cologne. Mais il exigea deux conditions qui étoient la principale fin que la France se propofoit dans ce traité. C'étoit que les deux traitez fe feroient conjointement, de concert, & pour ainfi dire d'un pas égal, quoiqu'en lieux differens, & que chacune des deux Couronnes auroit un Réfident dans la Ville où l'autre envoïeroit fes Plenipotentiaires. Il ne fut pas fi aifé de convenir fur l'article de la Demande de Sal- Pomeranie dont Salvius vouloit que la France gaComte d'Avaux. rentît la poffeffion à la Sucde. Outre que c'eût été accorder aux Suedois beaucoup plus qu'il ne leur étoit dû, cette ufurpation de la Suede ne pouvoit qu'irriter extrémement toute l'Allemagne, rendre la France odicufe, multiplier les obftacles de la paix, & donner aux ennemis un jufte prétexte d'accufer les Alliez de vouloir perpetuer la guerre. Le Comted'Avaux n'ofant cependant pas rejetter directement

LXXVIII.

vius éludée par le

Ibid.

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