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duits.

Dépêche du Ros

au Comte d'Avaux le 7. Aout

fuccès. J'ai déja raconté quelques unes des difficultez que les deux partis formoient fur ce point; mais il AN. 1639, eft neceffaire d'en donner un plus grand détail. Le fur les fauf-con-Comte d'Avaux & Salvius avoient présenté un modele de fauf-conduits qu'ils vouloient qu'on fuivît.. C'étoit un plan de fauf-conduit ordinaire, excepté qu'on y emploïoit le terme d'Alliez & Adhérents des Couronnes. Ce projet avoit été approuvé par le Roi de France à qui le Comte d'Avaux l'avoit envoïé. Seulement afin qu'on ne pût pas douter que l'Electeur de Treves n'y fût compris, le Roi vouloit qu'on y ajoutât le mot d'Electeurs. Outre ce faufconduit qui regardoit en general tous les Alliez 1638. d'Allemagne, & où on vouloit qu'on exprimât en particulier les noms des Palatins de Simmeren & de Deux-Ponts, du Duc de Virtemberg, du Marquis de Bade-Dourlach, de la ville de Strasbourg, de la ville & Comté de Hanau, des Députez des Grifons qui étoient encore alors Allicz de la France & quelques autres, on en demandoit encore un particulier pour Madame la Lantgrave de Heffe-Caffel Tutrice du jeune Lantgrave Guillaume IV. & Régente de fes Etats, & un autre pour le Duc Bernard de SaxeWeimar. On vouloit que l'Empereur y exprimât tous leurs titres & leurs qualitez, & qu'il fignât les fauf-conduits de fa main. Ĉes demandes étoient com- Demandes du munes à la France & à la Suede, mais le Roi de Roi de France. France en faifoit de particulieres à l'Empereur & aur Roi d'Espagne. Il vouloit que Philippe donnât aux Députez des Provinces-Unies un fauf-conduit où

XXIII:

ils fuffent nommez Ambassadeurs & Plenipotentiaires Nani hift. Venster des Etats Generaux des Provinces-Unies des Païs

1. II.

Bas; parce que les Etats étoient réfolus de n'en point AN. 1639. accepter d'autre ; & il en demandoit un à l'Empereur pour la Ducheffe de Savoie où l'on exprimat fa qualité de Tutrice du jeune Duc Charles-Emmanuel & de Régente de fes Etats. Voila quelles étoient les demandes des Couronnes alliées, & elles s'offroient de leur côté à fournir des fauf-conduits neceffaires, avec cette difference que la Suede y donnoit à Ferdinand le titre d'Empereur, au lieu que la France ne le traitoit que de Roi de Hongrie. Cette matiere fut une fource perpetuelle de difficultez & de querelles où le Comte d'Avaux eut befoin de toute fon habileté.

XXIV.

Retus des Im

periaux.

Pufendorf.1.10,

& 1.

L'Empereur offrit des fauf-conduits particuliers pour la Lantgrave & le Duc Bernard, mais fans exprimer leurs titres, & à condition qu'ils n'envoïcroient que des Députez qui n'auroient pas le droit de traiter par eux-mêmes, mais feulement par les Ambassadeurs des Couronnes. Dans le fauf-conduit general pour tous les Alliez d'Allemagne il refusoit d'exprimer le terme d'Alliez & Adherents, pour ne pas paroître approuver & autorifer leur alliance, & foutenant que depuis la paix de Prague ils devoient être regardez comme rebelles à l'Empire, & déchûs du droit de faire aucun traité entre eux & avec les Puiffances étrangeres. Il ajoutoit au contraire le terme de non encore reconciliez avec nous, prétendant exclure par-là tous ceux qui avoient embraffé la paix de Prague, comme n'aïant pas befoin de traiter de nouveau, quoiqu'il y en cût plufieurs qui mécontens de cette paix,fouhaitaffent d'entrer dans le nouyeau traité. Il refufa pareillement d'y inferer le mot

&'Electeurs, & déclara qu'il vouloit exclure abfolument les Princes Palatins heritiers de Frideric V. AN 1639. Enfin il protesta qu'il ne prétendoit traiter en aucune maniere avec fes vaffaux de l'Empire, mais feulement leur permettre d'informer ses Ambassadeurs de leurs interêts afin qu'on pût y avoir égard dans l'occafion. C'étoit pour cela que le fauf-conduit étoit accordé non point aux Etats mêmes de l'Empire, mais à leurs Députez, & qu'on s'y fervoit du terme qu'ils envoient & non pas qu'ils viennent. Par la même raison il ne leur donnoit pas le choix de traiter de leurs interêts par eux-mêmes ou par les Plenipotentiaires des Couronnes, mais feulement il leur permettoit de communiquer leurs demandes à fes Ambaffadeurs. Il ne crut pas même qu'il fût de fa dignité de leur donner un fauf-conduit figné de fa main, & il fe contentoit de permettre à fes Plenipotentiaires de l'expedier en leur nom; ou fi l'on exigeoit abfolument qu'il le fignât, il refufoit de le remettre en d'autres mains que celles du Roi de Dannemark & des autres Médiateurs, afin qu'il ne pût point paffer dans les archives de France ou de Suede.

Les François & les Suedois firent pour le moins autant de bruit des refus de l'Empereur, que les Imperiaux en avoient fait des demandes du Roi de France & de la Reine de Suede. On fe fit de part & d'autre beaucoup de reproches, on s'accufa mutuellement de chercher des prétextes frivoles pour éloigner la paix, & les Médiateurs s'appliquerent à concilier les efprits. Mais les prétentions des deux

cette conteftation fi-tôt terminée, & en effet la dif AN. 1639. cussion de ce feul article dura presque autant de temps que le traité de paix.

XXV,

guées par les Al

leurs demandes.

Le Comte d'Avaux & Salvius représenterent que Raifons allé les vaffaux de l'Empire, comme je l'ai déja fait relicz pour justifier marquer ailleurs, n'étoient pas fujets de l'Empereur, comme il le prétendoit. Que l'Electeut de Saxe qui n'étoit pas plus indépendant de l'Empereur que les autres Princes de l'Empire, avoit traité à Prague les armes à la main. Qu'admettre le terme de non reconciliez c'étoit approuver la paix de Prague, & condamner par-là tous les Etats Proteftans qui ne l'avoient pas reçûë. Que c'étoit exclure du traité tous ceux qui l'avoient acceptée, quoiqu'il y en eût pluficurs, & entr'autres le Duc de Virtemberg qui ne l'avoient fait que par force, & dont les interêts n'y étoient pas affez ménagez. Qu'il feroit honteux à la France & à la Suede, après avoir pris les armes pour défendre la liberté Germanique, d'approuver un traité qui l'opprimoit. Enfin que ce n'étoit pas là chercher des prétextes pour perpetuer la guerre mais plûtôt vouloir lever les obftacles qu'on mettoit à la paix.

XXVI.

la he fur quelques

Après de longues conteftations Ferdinand se L'Empereur fe re- relâcha fur quelques points, & les partifans de la points. Maifon d'Autriche firent beaucoup valoir cette condefcendance, comme une preuve fenfible qu'elle Pufendorf... youloit fincerement la paix. Le Roi de France

pro- . pofa de fon côté des voies d'accommodement, & comme l'Empereur demandoit auffi des fauf-conduits pour le Duc de Lorraine, le Duc de Parme, & Electeur de Maïence, où tous leurs titres fuffent

exprimez,

exprimez, le Roi y confentit pourvû que Ferdinand voulût exprimer auffi dans des fauf-conduits AN. 1639. particuliers ceux des Princes Palatins, du Duc de Veimar & de fes autres Alliez ; ou s'il aimoit mieux, il offroit de donner à l'Empereur un fauf-conduit general pour tous fes Allicz, à condition qu'il en donneroit un pareil pour tous les Alliez de la France fans exception.

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XXVII. Temperament

Imperiaux.

Le terme de non encore reconciliez étoit de tous les points le plus débatu & le plus difficile à terminer propofe par les par l'obftination des deux partis. On propofa un temperament qui fut que les Couronnes alliées acceptaffent les fauf-conduits avec ce terme, en faifant une protestation pour mettre à couvert l'honneur & les droits des Confederez. Cet expedient agréa à Salvius qui n'avoit pas de la Cour de Suede des ordres fort rigides fur cela. Car comme les Suedois fouhaitoient alors affez fincerement la paix, ils se mettoient peu en peine des formalitez, pourvû que leurs Alliez pûffent fe rendre en sûreté à Lubek. Mais il parut dans la fuite que ce Ministre se pressa un peu trop de déclarer fon fentiment. Il étoit entierement oppofé à celui de la Cour de France qui étoit Lecomte d'Avaux. bien aise de profiter de l'obftination des Imperiaux pour éloigner la paix, fans qu'on pût lui en faire un crime, & comme les fecours de la France étoient alors plus neceffaires que jamais à la Suede, les Régens dans la crainte d'irriter le Roi, vouloient que Salvius agît de concert avec le Comte d'Avaux, & n'acceptât rien que d'un commun confentement.

XXVIII.
Il est rejetté par

XXIX. Motifs de fa con

La France après tout, malgré l'inclination qu'elle avoit pour la guerre, étoit difpofée à recevoir les duite.

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