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témoigner beaucoup d'empreffement pour la treve. AN. 1639. Tandis que le succès du siege lui parut incertain, Dépêche du Roi au elle ceffa d'en parler, & le Pape aïant envoïé dans C. d' Avaux le 17; ce temps-là un courrier à Philippe pour le preffer de

Mai 1640.

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donner fon confentement, le courrier fut retenu fix femaines entieres à Madrit, jufqu'à ce qu'enfin le Marquis de Leganez eût répondu de la prife de Cafal. Alors Philippe renvoïa le courrier avec promeffe de confentir à la treve, efperant la faire avec honneur, parce que la prife de cette Place devoit balancer les avantages des François. Mais il arriva qu'au lieu de prendre Cafal le Marquis de Legancz perdit une bataille, & fut défait dans fes lignes par le Comte d'Harcourt, comme on verra dans la fuite. Dès-lors il ne fut plus queftion de la treve, & les Espagnols n'en parlerent que par complaifance pour le Pape fans aucun deffein de l'accepter. Le ComteDuc ne l'offroit tout au plus que pour deux ou trois ans & demandoit la reftitution des Places conquifes, au lieu que le Cardinal de Richelieu la vouloit pous dix ou douze ans, en retenant toutes les conquêtes. Cependant les Imperiaux beaucoup moins occurenouvellent leurs pez de la treve que de leurs intrigues fecretes, ne intrigues auprès pouvoient abandonner le deffein qu'ils avoient formé de détacher la Suede de la France, & Salvius Pufendorf.1.11. de fon côté n'avoit que trop de penchant pour un traité particulier. Le Comte de Curtz gagna deux bourgeois de Hambourg par l'entremife defquels le Comte & Salvius fe communiquerent leurs propofitions fi fecretement que l'Ambaffadeur de France n'en pût rien découvrir. La chose ne réuffit cependant, pas parce que fur ces entrefaites le Comte de

XXXIX.

des Suedois.

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Cürtz fut rappellé à Vienne. Mais à peine fut-il parti que les Ducs de Lauvembourg renoüerent la AN. 1639négotiation.

On n'avoit encore jamais fait aux Suedois de fi belles propofitions, & ils s'imaginerent que ces offres étoient d'autant plus finceres, que la guerre commençoit à devenir beaucoup moins favorable à l'Empereur, dans un temps où le Turc menaçoit l'Empire après avoir fait la paix avec la Perfe & les Venitiens. Les Suedois aimant ainfi à fe tromper cux-mêmes, prirent en même temps toutes les précautions poffibles pour tromper le Comte d'Avaux. Un differend que les Ducs de Lauvembourg avoient avec le Duc Augufte leur frere, leur fervit de prétexte pour se rendre à Hambourg On convint de ne se rien communiquer par écrit, & que lorfque le traité feroit conclu, on le mettroit en dépôt chez une perfonne de confiance, jufqu'à ce que l'Empereur en cût envoïé la ratification. Les chofes étoient déja affez avancées lorfque le Comte d'Avaux aïant eu quelque vent de ces menées fecretes, fut affez habile & affez heureux pour découvrir toute l'intrigue em remontant jusqu'à la fource. Il alla trouver Salvius, & l'accabla de reproches en lui faifant tout le détail de fa découverte. Salvius embaraffé & furpris ne put lui répondre qu'en niant le fait, & prétendit faire paffer l'avis qu'on avoit donné au Comte pour un de ces faux bruits que les Imperiaux répandoient pour troubler la bonne intelligence des Alliez ; mais foit qu'il n'osât plus traiter après la découverte de l'intrigue, foit plûtôt qu'il fût mal fatisfait des Imperiaux, la négociation fut auffi-tôt rompuë.

Banier négocie

mais fans fuccès.

Ibidem.

Une autre négociation fecrete que le General BaAN. 1639. nier avoit commencée en Boheme dans le même XL. temps que celle de Hambourg, finit auffi en même fecretement avec temps. Ce General sembla vouloir ajouter à fes exles Imperiaux, ploits militaires la gloire d'avoir donné la paix à l'Empire & à sa patrie. Sa femme gagnée par quelques Miniftres Imperiaux dont elle étoit alliée, le follicitoit vivement d'entrer en négociation. L'Empereur lui offroit pour récompenfe deux Duchez en Silefie avec la qualité de Prince de l'Empire, & il ne parut pas infenfible à ces offres, quoiqu'apparemment on ne les lui fit que pour le mieux tromper, jusqu'à ce qu'on pût lui opposer d'assez grandes forces pour arrêter les progrès. Beauregard qui étoit toujours auprès de lui, & qui fous le nom de Réfident faifoit l'office d'efpion, découvrit cette intrigue dont un Medecin de Prague étoit l'entremetteur, & il en donna auffi-tôt avis au Comte d'Avaux. Le Comte en fut d'autant plus allarmé qu'il étoit moins à portée de parer le coup. Mais il fut parfaitement fecondé par Salvius qui regarda comme un affront qu'on voulût lui enlever la gloire d'avoir menagé la paix ; tous deux écrivirent aux Régens de Suede des Lettres fort vives contre Banier. La méfintelligence entre le Miniftre & le General Suedois fut encore augmentée par des Lettres qu'on écrivit de Prague à Hambourg & de Hambourg à Prague, où on les faifoit parler l'un de l'autre en termes offenfans. La division passa jusques dans le Confeil de Suede où l'un & l'autre avoit fa brigue & fes partifans; mais les follicitations du Comte d'Avaux & de Salvius. prévalurent. On déclara à Banier que la Suede étoit

réfoluë d'obferver le traité d'alliance avec la France & de ne traiter que de concert avec elle, d'autant AN. 1639. plus qu'on avoit lieu de croire que les Miniftres de l'Empereur n'agiffoient pas de bonne foi. Cette déclaration fit avorter l'intrigue, & Banier fut prefqu'auffi-tôt obligé de quitter la Boheme fur la nouvelle qu'il reçût de l'approche de Picolomini avec une armée plus forte que la fienne.

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Ces diverfes négociations & ces mouvemens que Continuation de les Princes fe donnoient de part & d'autre pour s'u- la guerre, nir plus étroitement ou pour divifer leurs ennemis, marquoient beaucoup moins de difpofition à la paix que d'inclination à continuer la guerre. Elle étoit en effet toujours également vive dans toutes les parties de l'Europe.

XLII.

fiegent Heldin

XLIII

Trois armées Françoifes furent cette année deftinées à vanger l'affront que la France avoit reçû l'an-Les François al-née précedente devant Saint-Omer. L'une fous le commandement de M. de la Meilleraye entra dans l'Artois, & après differentes marches & de longues déliberations, elle mit le fiege devant Hefdin. La Ville se défendit avec beaucoup de réfolution, les François & les Espagnols combattant à l'envi les uns des autres pour fe fignaler à la vue du Roi qui vint lui-même voir le fiege. La feconde armée fous le Marquis de Feuquieres, affiegea Thionville sur la frontiere du Luxembourg. Mais l'éloignement des quartiers que ce General négligea ou n'eut le temps de rapprocher, donna à Picolomini la facilité de fecourir la Place. Les ennemis forcerent un quartier, jetterent du fecours dans la Ville, & quoique

a

pas

Picolomini bat devant Thionville..

l'armée Françoife

l'attaqua avec tant de conduite & de valeur, qu'il la AN. 1639. rompit & la mit en une entiere déroute. L'infanterie fut taillée en pieces; le canon & le bagage demeurerent au pouvoir des Efpagnols avec le General François.

XLIV.

Ce fuccès donna envie à Picolomini de marcher Il eft obligé de au fecours de Hesdin. Il étoit déja en chemin lorsque lever le fiege de faifant réflexion fur la difficulté de l'entreprise, il

Mouzon,

jugea que ce feroit trop expofer la gloire qu'il venoit d'acquerir. L'armée qui afficgeoit Heldin étoit beaucoup plus forte, bien retranchée, & la présence du Roi fembloit la rendre invincible. Il prit donc le parti de faire diverfion en attaquant quelque Place en France. Il s'attacha à Mouzon petite Ville. mal fortifiée fur la Meufe, & après y avoir fait brêche en peu de jours, il donna deux affauts qui furent beaucoup mieux foutenus qu'il n'avoit pensé. Comme il fe préparoit à en donner un troifiéme, il découvrit avec une extrême surprise l'avant-garde de la troifiéme armée Françoife commandée par le Maréchal de Châtillon qui marchoit au fecours de la Place. Il eut de la peine à fe perfuader ce qu'il voïoit. Ilfçavoit que les principales forces des François étoient occupées au fiege de Hefdin. Il venoit de défaire une autre armée, & cependant il en voïoit tout-à-coup reparoître une troifiéme, comme si la terre avoit enfanté des foldats. Sa confufion fut égale à fa furprifc. Car il s'étoit tellement flatté d'emporter Mouzon fans aucun obftacle, qu'il ne s'étoit pas même donné la peine de faire des lignes, & qu'il n'avoit placé qu'un petit corps de troupes en deçà de la riviere. Les François curent ainfi la li

berté

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