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Hiftoire du

briant l.4.c.1.

maître de la Mifnie & de la Thuringe, & de reAN. 1639. pouffer les Imperiaux jufques dans les Païs heréditaires d'Autriche. Mais il avoit befoin d'argent pour Marechal de Gue- remonter fa cavalerie, & Salvius lui en refufoit autant pour chagriner Banier qu'il haïssoit, que pour ne pas irriter le Roi de Dannemark protecteur des Ducs de Lunebourg & des Etats de la basse-Saxe que le voisinage des Suedois allarmoit. Banier au désespoir de ce refus se ressouvint, dit un Historien, de la generofité du Comte d'Avaux tant vantée en Allemagne. En effet le Comte d'Avaux emprunta fous fon nom cent mille Richsdales à la Banque de Hambourg, & Salvius fe piquant de generofité à son tour promit d'en païer le tiers fur l'argent qu'il recevoit de France pour la Suede.

LIII.

l'armée Imperiale.

Aidé de ce fecours le General Suedois fe mit en La difette rnine campagne avec une belle armée, prit plufieurs Places, & obligea une feconde fois Gallas à repaffer l'Elbe. Les Imperiaux s'étoient flatté que la ville de Hambourg leur fourniroit des vivres, mais le Comte d'Avaux fecondé de Salvius perfuada aux Magistrats de leur en refufer, & ruina par-là l'armée Imperiale. Car la difette y devint fi grande en peu de jours qu'il en perit près de la moitié, & que le refte fut obligé d'aller chercher des vivres jufques dans les Païs heréditaires de la Maifon d'Autriche, abandonnant aux Suedois toute la campagne. Banier leva par-tout de groffes contributions qui l'aiderent pendant quelque temps à subsister dans un païs entierement ruiné; mais bien-tôt il fe trouva encore une fois hors d'état de rien entreprendre par le défaut d'argent. Salvius s'opiniâtra à lui en refufer, & fem

bla vouloir donner au Comte d'Avaux la gloire de fauver encore l'armée Suedoife & la réputation du AN. 1639. General. Banier s'adreffa à lui & en reçût les fommes dont il avoit befoin. Un fi grand service le penetra de joïc & de reconnoiffance. Il écrivit aux Régens de Suede que c'étoit au Comte d'Avaux qu'on étoit redevable de la confervation de l'armée, & lorfque fes troupes pafferent l'Elbe à Lombourg à fept lieuës de Hambourg, il voulut aller lui-même remercier fon genereux bienfaiteur, malgré le danger qu'il y avoit pour lui à s'engager dans une Ville où le Roi de Dannemark étoit puiffant.

quêtes.

A peine l'armée Suedoife eut-elle paffé l'Elbe LIV. que Banier entre dans Banier remplit toute l'Allemagne de la gloire de fon la Boheme & y nom & du bruit de fes exploits. Jufqu'alors accablé fait plufieurs conpar toutes les forces de l'Empire, il avoit moins fongé à attaquer qu'à fe défendre; mais dès que les Imperiaux épuifez enfin, & rebutez de tant de vains efforts qu'ils avoient faits pour le chaffer de la Pomeranie, lui eurent laiffé le champ libre, il entra plus avant en Allemagne & réfolut de penetrer dans les Païs hereditaires de l'Empereur. Il s'ouvrit le paffage par la défaite d'une armée Imperiale commandée par le General Marazin auprès de Chemnitz. Mille Imperiaux refterent fur le champ de bataille : quinze cens demeurerent prisonniers avec quelques Officiers diftinguez. Après cette victoire il traversa toute la Boheme en conquerant, forçant toutes les Villes qui fe trouverent sur son passage jusqu'à Prague, & il auroit peut-être encore emporté cette: Capitale fans la crainte qu'il eut que fon armée enri

Hiftoire du

briant l.4.c.1.

maître de la Misnie & de la Thuringe, & de reAN. 1639. pouffer les Imperiaux jufques dans les Païs heréditaires d'Autriche. Mais il avoit besoin d'argent pour Maréchal de Gue- remonter fa cavalerie, & Salvius lui en refufoit autant pour chagriner Banier qu'il haïssoit, que pour ne pas irriter le Roi de Dannemark protecteur des Ducs de Lunebourg & des Etats de la basse-Saxe que le voifinage des Suedois allarmoit. Banier au défefpoir de ce refus fe ressouvint, dit un Hiftorien, de la generofité du Comte d'Avaux tant vantée en Allemagne. En effet le Comte d'Avaux emprunta fous fon nom cent mille Richfdales à la Banque de Hambourg, & Salvius fe piquant de generofité à son tour promit d'en païer le tiers fur l'argent qu'il recevoit de France pour la Suede.

LII.
La difette ruine
Farmée Imperiale.

Aidé de ce fecours le General Suedois fe mit en campagne avec une belle armée, prit plufieurs Places, & obligea une feconde fois Gallas à repaffer l'Elbe. Les Imperiaux s'étoient flatté que la ville de Hambourg leur fourniroit des vivres ; mais le Comte d'Avaux fecondé de Salvius perfuada aux Magistrats de leur en refufer, & ruina par-là l'armée Imperiale. Car la difette y devint fi grande en peu de jours qu'il en perit près de la moitié, & que le refte fut obligé d'aller chercher des vivres jufques dans les Païs heréditaires de la Maifon d'Autriche, abandonnant aux Suedois toute la campagne. Banier leva par-tout de groffes contributions qui l'aiderent pendant quelque temps à subsister dans un païs entierement ruiné ; mais bien-tôt il fe trouva encore une fois hors d'état de rien entreprendre par le défaut d'argent. Salvius s'opiniâtra à lui en refufer, & fem

bla vouloir donner au Comte d'Avaux la gloire de fauver encore l'armée Suedoife & la réputation du AN. 1639. General. Banier s'adreffa à lui & en reçût les fommes dont il avoit befoin. Un fi grand service le penetra de joïc & de reconnoiffance. Il écrivit aux Régens de Suede que c'étoit au Comte d'Avaux qu'on étoit redevable de la conservation de l'armée, & lorsque fes troupes pafferent l'Elbe à Lombourg à sept lieuës de Hambourg, il voulut aller lui-même remercier fon genereux bienfaiteur, malgré le danger qu'il y avoit pour lui à s'engager dans une Ville où le Roi

de Dannemark étoit puiffant..

A peine l'armée Suedoife eut-elle paffé l'Elbe que Banier remplit toute l'Allemagne de la gloire de fon la nom & du bruit de fes exploits. Jufqu'alors accablé par toutes les forces de l'Empire, il avoit moins fongé à attaquer qu'à fe défendre ; mais dès que les Imperiaux épuifez enfin, & rebutez de tant de vains efforts qu'ils avoient faits pour le chaffer de la Pomeranie, lui eurent laiffé le champ libre, il entra plus avant en Allemagne & réfolut de penetrer dans les Païs hereditaires de l'Empereur. Il s'ouvrit le paffage par la défaite d'une armée Imperiale commandée par le General Marazin auprès de Chemnitz. Mille Imperiaux refterent fur le champ de bataille : quinze cens demeurerent prifonniers avec quelques Officiers diftinguez. Après cette victoire il traverfa toute la Boheme en conquerant, forçant toutes les Villes qui fe trouverent fur fon paffage jusqu'à Prague, & il auroit peut-être encore emporté cette: Capitale fans la crainte qu'il eut que fon armée enri

LIV.
Banier entre dans

Boheme & y fait plufieurs con

quêtes.

Les détachemens de fon armée remporterent auffi AN. 1639. divers avantages fur les troupes ennemies. Il étoit enfin devenu fi redoutable, que le feul bruit de fon approche mit en fuite une armée commandée par l'Electeur de Saxe & par Hatzfeldt, quoiqu'il n'eut aucun dessein de l'attaquer,

LV.
Mort du Duc

Veimar.

Le Rhin fut cette année beaucoup moins le theatre Bernard de Saxe- de la guerre, que d'une négociation délicate & difficile. Le Duc Bernard de Veimar fatisfait de la gloire qu'il avoit acquise l'année précedente par la prise de Brifak, ne fongeoit qu'à s'affurer la poffeffion de fa conquête. Dans ce deffein il s'étoit déja rendu maître de Pontarlier en Franche-Comté, du Château de Joux, & de quelques autres petites Places, lorfque la mort vint tout-à-coup l'arracher d'entre les bras pe Juillet 1639. de la victoire. Il mourut à Neubourg de la peste qui regnoit alors dans ces quartiers-là, ou de poison felon l'opinion de quelques-uns. Comme fa mort parut également avantageufe à la Maison d'Autriche & à la France, on soupçonna ces deux Puissances de l'avoir avancée. Mais les preuves qu'on en apporta dans le temps ne fçauroient fonder un jugement certain, d'autant plus que les indices de la pefte & du poifon font affez fouvent les mêmes après la mort. Il y a des gens qui cherchent toujours quelque caufe fecrete de la mort des Grands, comme il y en a qui veulent qu'elle foit toujours précedée de quelque préfage funefte. C'eft dans les uns une malignité outrée, & dans les autres une fuperftition ridicule.

LVI.

La France veut retenir fes

La mort du Duc de Veimar délivra l'Empereur d'un ennemi redoutable, & affura à la France Îa pofquêtes & fon ar- feffion de Brifak & de l'Alface. Bernard n'avoit pour

née.

con

tour

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