divers exploits. Il étoit bâtard de Pierre Erneft de AN. 1618. Mansfeldt Gouverneur de Flandre & du Duché de Luxembourg. Après avoir fervi la Maison d'Autriche fous Charles fon frere en Hongrie, & fous l'Archiduc Leopold en Alface, il avoit fait la guerre dans le Milanez pour le Duc de Savoye contre l'Efpagne, après quoi ce Duc l'avoit mis en état parses liberalitez de paffer en Allemagne avec un corps XXXVIII, le maître. de deux mille hommes. Les Princes de l'Union Proteftante à qui il offrit fes fervices, l'envoïcrent auffitôt en Boheme, & à peine y fut-il arrivé que les Etats le chargerent d'une entréprife importante, qui étoit le fiege de Pilsen. Cette Ville qui eft une des plus belles & des plus Le Comte de confiderables de la Boheme, eft fituée vers les fronMansfeldt affiege Pilfen, & s'en rend tieres de ce Roïaume & celles de Baviere au confluent des rivieres de Wate & de Mitza, qui coulent aux pieds de fes remparts. Elle étoit d'ailleurs affez bien fortifiée pour ce temps-là; mais elle tiroit fa principale force du courage de fes habitans, qui se glorifioient d'avoir foutenu un fiege de dix mois contre Zifca ce fameux Chef des Huffites en 1423. L'importance de la Place, & les richesses quc les Catholiques des environs y avoient apportées de toutes parts comme dans un lieu fûr, animoient également les uns à attaquer, & les autres à se bien défendre. Les afficgez brûlerent eux-mêmes les magnifiques Fauxbourgs qui faifoient un des plus beaux ornemens de leur Ville, faisant connoître par-là aux affiegeans la réfolution où ils étoient de fe défendre jufqu'à l'extrémité. Cependant l'Empereur allarmé de cette entre Lotychius. Merc. Franc. prise écrivit de nouveau aux Etats de Boheme pour leur ordonner de l'abandonner. Le duc de Baviere AN. 1618. fit la même chose avec auffi peu de fuccès; car Mansfeldt eut ordre de continuer le fiege. Dès qu'il cut fait brêche à la muraille, il fomma les habitans de fe rendre en leur offrant de bonnes conditions; & ceux-ci les aïant rejettées avec fierté, il dreffa deux nouvelles batteries qui firent une feconde brêche encore plus grande que la premiere. Mais les habitans la réparerent tout découragez qu'ils étoient par la mort de leur Gouverneur Felix Dornham, qui avoit été emporté d'un coup de canon. Mansfeldt irrité d'une fi opiniâtre réfiftance, tourna fes batterics contre un Palais que l'Empereur avoit fait bâtir fur les murailles de la Ville. Il y fit encore une grande brêche : les foldats y monterent avec des échelles, & s'y logerent enfin malgré les efforts des affiegez. Alors ceux-ci n'aïant plus d'autre efperance que de vendre leur vie bien cher, se raffemblerent dans la grande Place de la Ville, pointant du canon aux avenuës des ruës par où les ennemis pouvoient venir à eux. Les Proteftans n'ofant les attaquer à découvert, percerent de maison en maison pour arriver jufqu'à la Place. Mais les habitans les arrêterent encore en mettant le feu à quelques maisons fur leur paffage. Toute la Ville alloit être embrasée, & les habitans enfevelis dans fes cendres, fi la vûë d'une fi funefte défolation n'avoit émû de pitié les en-、 nemis mêmes. Le Comte de Mansfeldt offrit aux habitans la vie, les biens & la liberté, à condition qu'ils feroient ferment aux Etats de Boheme. La condition fut acceptée, & Mansfeldt prit poffeffion AN, 1618. de la Ville au nom des Etats. XXXIX. Continuation de la guerre. X L. Ferdinand II. lui fuccede. Pendant le fiege de Pilfen, le Comte de Bucquoy tenta inutilement de furprendre Neuhauff. Il craignit de fe laiffer furprendre lui-même par le Comte de la Tour, qui pouvoit en vingt-quatre heures venir tomber fur lui avec une armée fort fuperieure depuis la jonction des troupes que les Silefiens avoient envoïées au fecours des Etats de Boheme. Il fut ainsi obligé de rentrer dans fes retranchemens près de Bude wciff, oùil ne put pas même demeurer en fûreté : car le Comte de la Tour après avoir repris toutes les Places dont le Comte de Dampierre s'étoit rendu maître l'année précedente, marcha droit au camp des Imperiaux pour les attaquer dans leurs retranchemens. Ceux-ci ne jugerent pas à propos de l'attendre, & après de vives efcarmouches, ils fe retirerent avec beaucoup de peine fous les ramparts de Budeweiff. Le Comte de la Tour n'en demeura pas-là; car voïant depuis la prise de Pilfen toute la Boheme foumife aux Etats, il eut la hardieffe d'aller porter la guerre dans l'Autriche jufqu'à neuf milles de Vienne, où fon approche répandit la terreur. Mais toute cette expedition fe termina à des ravages & à un grand butin avec lequel il s'en retourna. Telle étoit la fituation des affaires lorsque l'EmMort de Mathias, percur Mathias mourut après avoir perdu depuis fon élevation à l'Empire une partie de la gloire qu'il avoit acquife auparavant, fur-tout dans la guerre qu'il avoit faite aux Turcs en Hongrie. Ferdinand defigné Roi de Boheme & de Hongrie fucceda à tous fes droits fur ces deux Roïaumes. Il étoit déja devenu Adminiftrateur des deux Autriches par la ceffion que lui en avoit faite l'Archiduc Albert. Il étoit deformais le chef de la branche d'Autriche Allemande, & il se flattoit avec raifon de réunir encore à tant de glorieux titres celui d'Empereur. Jamais la fortune n'ouvrit à l'ambition une carriere plus brillante, & ne lui fufcita en même temps plus d'obftacles. Archiduc d'Autriche, Roi de Boheme & de Hongrie, appellé à l'Empire par les fuffrages des Electeurs, & digne de tous ces titres par fon habileté, sa sagesse, fon zele pour la Religion, fa picté, & beaucoup d'autres grandes qualitez qui brilloient dans fa personne, Ferdinand se vit disputer tous fes droits, & fut obligé de conquerir ce que fon merite, fa naiffance & les Loix lui donnoient incontestablement. A N. 1619. XLI. La guerre de Boheme fut la premiere affaire qui l'occupa. Dans le defir de pacifier des troubles fi fu- fe de reconnoitre nestes, il écrivit aux Etats de Boheme pour les exhor- Ferdinand. ter à mettre bas les armes, leur offrant une fufpen- Merc. Franç fion avec la confirmation de leurs privileges. C'étoit pour ces peuples une occafion favorable de rentrer dans leur devoir, fi moins enyvrez de leurs fuccès, ils avoient été capables de craindre les fuites de leur obftination. Mais au lieu de répondre aux lettres de Ferdinand, ils s'en plaignirent à tous les Princes de l'Empire, & fur-tout du terme d'heritier de Boheme que ce Prince y prenoit. Car ils prétendoient que le Roïaume étoit électif, & que les Etats au contraire, qu'ils n'avoient ce droit que lorfqu'il AN. 1619 n'y avoit plus d'heritier mâle ni femelle de la branche Roïale de Boheme: or ils n'étoient point dans ce cas, puifqu'il defcendoit en ligne directe d'Anne, heritiere de Boheme & de Hongrie. XLIII. L'Autriche, la vie & la Luface fe foulevent contre Ferdinand. Ferdinand ne fut pas plus heureux dans la fomSilefie, la Mora mation qu'il fit aux Etats d'Autriche de venir lui prêter le ferment ordinaire de fidelité : car il n'en reçut d'autre réponse, finon que dans la confusion où étoient les affaires de l'Empire, il leur falloit du temps pour déliberer fur une fi grande affaire. Le veritable motif de ce refus étoit que les Etats d'Autriche avoient formé fecretement le deffein de s'unir avec la Boheme. XLIII. Defordres com L'efprit de révolte comme un mal contagieux, s'étoit répandu de proche en proche dans tous les Etats hereditaires de la Maifon d'Autriche. La Boheme allarmée des grands préparatifs que Ferdinand faifoit pour la dompter, n'avoit d'autre reffource que de lui fufciter de nouveaux ennemis, à mefure qu'il augmentoit fes forces. Tandis que Comte. Louis de Naffau qui s'étoit fait Catholique amenoit des Païs-Bas à Vienne une armée de dix mille hommes, la Boheme travailloit avec fuccès à lc engager dans fa querelle les divers Etats qui l'environnent. La Silefie, la Moravie, la Luface & enfuite la Hongrie réfolurent de fuivre fon exemple & fa fortune. Le foulevement fut general & accompagné de tous les defordres qui en font la fuite neceffaire. Les Proteftans de Moravie n'ofant cependant pas encore lever le mafque, le Comte de la Tour marcha |