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Albert de Lauvembourg qui avoit autrefois fervis AN. 1642. fous le Roi Guftave, & qui commandoit alors les troupes Imperiales dans cette Province, entreprit de s'opposer aux progrès de Torftenfon; mais il fut défait & pris après avoir perdu trois mille hommes, & il mourut peu de temps après de ses blessures. Olmutz en Moravie ouvrit fes portes au vainqueur, & Vienne elle-même prit l'allarme. L'Archiduc Leopold-Guillaume frere de l'Empereur, & Picolomini ramafferent promptement tout ce qu'ils purent de troupes pour s'opposer aux conquêtes des Sue-dois. Ils reprirent Olmutz & obligerent Torftenfon de lever le fiege de Brieg; mais ce General aïant rétabli fon armée diminuée & affoiblie par fes victoires mêmes, reprit bien-tôt la fuperiorité.

XXXV.

Bataille de Leipfick.

2. Novembre.

Ne pouvant penetrer en Boheme dont les Imperiaux lui fermoient l'entrée, il réfolut d'entrer dans la Mifnic, & il afficgea Leipfick. Le danger de cette Ville attira bientôt de ce côté-là toute l'armée Imperiale commandée par l'Archiduc Leopold & par Picolomini. Comme les Generaux de part & d'autre vouloient donner bataille ils en trouverent aisément l'occasion. L'action se passa auprès de Leipfick dans. une campagne que Guftave Adolphe avoit déja abbreuvée du fang des Imperiaux, & que Torftenfon ne rendit pas moins celebre par fa victoire. Mais elle penfa coûter cher aux Suedois, ou même leur échapper par un accident funefte. Car la bataille aïant commencé par l'artillerie, efpece de combat qui ne refpecte ni rang ni dignité, & où la valeur & la force même font fans defenfe, un feul boulet de canon tiré du côté des Imperiaux emporta par le

milicu du corps un des premiers Officiers de l'armée Suedoife, fracaffa la cuiffe d'un autre, tua le cheval AN. 1642. de Torftenfon même fous lui, emporta la tête de celui de Charles Guftave Comte Palatin, qui monta depuis fur le trône de Suede & enfin renverfa un Capitaine de cavalerie. Les troupes fe mêlerent enfuite avec beaucoup de furie. Les Chefs firent des prodiges de valeur & le fuccès fut quelque temps douteux. Mais enfin la victoire demeura aux Suedois malgré les efforts que l'Archiduc fit pour rallier & ranimer les troupes. Les Imperiaux perdirent dans cette bataille plus de dix mille hommes tuez ou pris avec plufieurs Officiers de marque. L'Archiduc luimême y courut un grand rifque de fa vie & de fa liberté, & les Suedois firent de leur côté une fi grande perte, que leur armée ne fut pas en état de poursuivre la victoire. Torftenfon jugea plus à propos de retourner au siege de Leipfick, efperant trouver dans cette Ville dequoi refaire fes troupes. Mais tout victorieux qu'il étoit il fe vit en danger de recevoir un affront devant cette Place, & il auroit probablement été obligé d'en lever le fiege fans le fecours que le Hift. du Mar. de Comte de Guebriant lui amena fort à propos. La Ville fe rendit, & Torftenfon plus fincere que l'Hiftorien de Suede, ne diffimula pas l'obligation qu'il avoit au Comte.

Guebriant, ibidi

XXXVI. Avantages rem

de Guebriant.

Celui-ci foutenoit toujours de fon côté sa réputation & la gloire des armes Françoises avec un égal portez par le C. fuccès. La qualité de Lieutenant General dont le Roi l'honora dans ce temps-là, lui donna dans l'ar- Hift. du Mar, de mée une nouvelle autorité à laquelle tous les Offi- Guebriant, 1. 7. ciers fe foumirent fans peine par

confideration pour

c. I. & fuivans.

sa perfonne & pour fon merite. Leur déference alla AN. 1642. jufqu'à confentir à la fuppreffion du nom de Veimariens qu'on donnoit toujours à ces troupes depuis la mort du Duc de Veimar, & à changer celui de Directeurs qui déplaifoit beaucoup à la France, en d'autres noms qui étoient ordinaires dans les armées. La France de fon côté ménageoit également ces troupes, & c'étoit dans la crainte de les choquer qu'elle ne donnoit au Comte de Guebriant que le titre de Lieutenant General au lieu de celui de General en chef, qu'elle laiffoit toujours au Duc de Longueville quoique ce Prince ne fût pas à l'armée;

pen.

XXXVII.

Dès que le Comte fe fut feparé de Torstenson, Bataille de Kem- comme j'ai raconté plus haut, il marcha vers la Weftphalic, & après avoir paffé le Rhin à Wesel fortifié des troupes de Heffe que commandoit le Comte d'Eberftein, il trouva bien-tôt l'occafion d'augmenter la grande réputation qu'il s'étoit déja faite en Allemagne. Le General Lamboy étoit campé près de Kempen dans l'Electorat de Cologne. Son armée étoit fuperieure de trois ou quatre mille hommes, & il fembloit qu'il fût témeraire d'entreprendre de la forcer dans fes retranchemens. Mais il étoit également dangereux de prendre tout autre parti, parce que Hasfeld étoit en marche pour joindre Lamboy avec un grand corps de troupes; fi cette jonction fe faifoit une fois, c'étoit fait de l'armée Françoife en Allemagne elle auroit été obligée de fe retirer devant un ennemi déformais trop puiflant, & de lui 37. Janvier 1642. abandonner tout le Païs. Dans cette extrémité le Comte fe réfolut à l'attaque & fes troupes fe promirent la victoire fous un General accoutumé à

vaincre. L'infanterie Françoise s'approcha des retranchemens des ennemis avec une intrépidité qui les AN. 1642. étonna. Elle arracha de fes mains les paliffades qui couvroient leur camp. Elle emporta du même effort une digue de douze pieds de haut, elle se rendit enfuite maîtreffe du canon des Imperiaux, & elle le pointa auffi-tôt contre eux avec un grand cffet. La cavalerie étant en même temps entrée dans le camp ennemi, la victoire acheva de fe déclarer pour le Comte de Guebriant par la défaite entiere de la cavalerie Imperiale, qui ne put ni fecourir fon infanterie, ni réfifter elle-même à tant de bravoure. Deux mille des ennemis refterent fur le champ de bataille. Il en perit prefque autant dans la fuite, & cinq mille demeurerent prifonniers avec tous les Officiers Generaux qui étoient le General Lamboy, le General Major Mercy & le Comte de Laudron beau-frere de Gallas. Une victoire fi complete reçut en France de grands applaudiffemens, & fut récompenfée du Bâton de Maréchal de France dont le Comte de Guebriant fut honoré. Elle fut fuivie de la conquête de plufieurs Places importantes, & ce fut après ces exploits que le Comte alla fecourir Torftenfon à Leipfick comme j'ai déja dit.

La joie de tant d'heureux fuccès fit qu'on ne fongea prefque pas en France à la défaite du Maréchal de Guiche à Honnecour par Dom Francifco de Mello. Il eft vrai que le General Espagnol ne fçût pas profiter de fa victoire, & que cette perte fut encore bien-tôt réparée par les avantages que les armées Françoifes remporterent en Espagne & en Italic. Le Roi fit en perfonne pendant quelque temps

XXXVIII. Suite de la guerre

de Flandre ou de Catalogne..

7. Octobre.

le fiege de Perpignan qui fe rendit peu de temps AN. 1642. après le départ de ce Prince. La prife de Salces acheva de foumettre tout le Rouffillon; & une bataille peu fanglante mais dont tout l'honneur resta au Maréchal de la Motte-Houdancourt, raffura la Catalogne contre l'armée d'Espagne commandée par le Mar. quis de Leganez. Le Maréchal fut recompensé par la Viceroïauté de cette Province, mais le Marquis de Leganez aufli malheureux ou auffi mal habile en Efpagne qu'en Italie, fut puni par la prifon.

XXXIX.

d'Italie.

Accommode

de Savoie.

14. Juin.

Les Princes de Savoïc follicitez depuis long-temps Suite de la guerre de se réunir à la France, & ennuïez d'une guerre qui défoloit leur patrie fans leur procurer aucun avantage folide, fongerent enfin à quitter le parti de la ment des Princes Maifon d'Autriche. Il fut permis à Maurice d'époufer fa nicce fille aînée de Victor-Amedée, afin de s'affurer à lui ou aux enfans qu'il auroit de ce ma riage la fucceffion au Duché de Savoïe, en cas que le jeune Duc Charles vint à mourir fans enfans. Ôn promit au Prince Thomas de l'aider à conquerir une Principauté dans le Milanez, & la foibleffe de la Monarchie d'Efpagne dans ce temps-là fembloit rendre la chofe ailée. Pendant qu'ils négocioient ainfi fecretement avec la France, ils eurent l'adreffe de fe défaire de la garnison Espagnole qui étoit dans Nice & dans Ivrée. Leur traité avec le Roi de France fut figné le premier Juillet 1642. & on vit prefque auffi-tôt le Prince Thomas à la tête des troupes Françoises avec le Duc de Longueville porter la guerre dans le Milanez, prendre Tortone & faire des conquêtes fur les Efpagnols.

XL.
Les ennemis fe

Tant de pertes confiderables devoient allarmer la

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