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&

Un mois après le terme écoulé les Plenipotentiaires AN. 1643. de l'Empereur fe rendirent les premiers de tous aux lieux marquez, voulant par cette démarche donner une preuve de leur disposition à la paix, & faire valoir leur zele auprès des Etats de l'Empire. Mais les autres fe prefferent d'autant moins de fuivre l'exemple des Imperiaux, qu'on fçavoit que ceux-ci n'avoient pas encore reçû de Vienne leurs inftructions, qu'on doutoit même si l'Empereur n'en envoïeroit pas d'autres à leur place, ou s'il ne leur donneroit pas des Adjoints. Comme c'étoit fur-tout aux Médiateurs à fe rendre les premiers, ceux que le Roi de Dannemark avoit nommez pour cet emploi fe rendirent de bonne heure à Ofnabrug, long-temps avant l'Ambaffadeur de Venife & le Nonce du Pape paruffent à Munfter. Les Plenipotentiaires d'EfVivis pagne affecterent auffi beaucoup de diligence par le des Plenipoten- même principe que les Imperiaux. Mais il parut bien tiaires d'Efpagne dans la fuite que le Roi d'Efpagne ne les avoit fait

LXVII.

que

partir fi-tôt que pour impofer aux peuples, & faire croire qu'il fouhaitoit la paix. Car ces prétendus Plenipotentiaires n'avoient ni pouvoirs ni inftructions. Leur fuite étoit fi mal en ordre & compofée de fi peu de gens, qu'elle faifoit affez juger qu'ils n'avoient le nom d'Ambaffadeurs fans en avoir le carac

que

tere.

Les Espagnols avoient fans doute encore une autre vûë, qui étoit de donner aux Suedois & aux Alliez de la France de nouvelles défiances des François. Ils faifoient courir le bruit que les articles du traité entre la France & l'Espagne étoient déja arrêtez, & que le congrès de Munster n'étoit qu'une

formalité

formalité pour rendre l'accord plus folennel. C'étoit pour confirmer ces bruits qu'ils s'étoient hâté de se AN. 1643. mettre en chemin, & que Dom Diego de Saavedra affecta en passant par Paris de demander une conference aux Miniftres. Mais la Reine qui fe défioit du deffein des Espagnols, ne lui donna le temps que d'entendre la Meffe aux Chartreux, & l'obligea de partir auffi-tôt. Les Suedois évitoient avec le même foin tout ce qui pouvoit donner à la France le moindre foupçon; car quelque impatience qu'ils euffent de commencer le traité, & quoique les Imperiaux les preffaffent de fe rendre à Ofnabrug, ils ne voulurent pas le faire pour ne pas donner occafion aux François de croire qu'ils vouluffent traiter indépendamment d'eux. Cependant comme ils craignoient également les reproches des Imperiaux, ils jugerent à propos de s'approcher d'Ofnabrug, afin d'être tout prêts d'y entrer dès qu'il en feroit temps, & ils s'avancerent jufqu'à Minden, d'où ils envoïerent Rosenhan à Olnabrug pour excufer leur conduite auprès du Comte d'Averfberg & des Médiateurs Danois. Leurs raisons ne furent goûtées ni des uns ni des autres ; & les Danois fur tout s'impa- Impatience des tientoient jusqu'à menacer de s'en retourner fi tous les Députez n'étoient arrivez dans quinze jours. Cette vivacité fied toujours mal à des Médiateurs. Les Suedois qui ne fouffroient qu'avec peine la médiation des Danois les railloient fur leur impatience, & leur objectoient l'exemple du Comte d'Avaux, qui dans le traité de Stumsdorf avoit travaillé fix mois entiers à obtenir la premiere entrevûë des parties intereffées. Si les Danois s'étoient retirez les Po

LXVIII.

Danois.

Pufendorf.l.x

LXIX. Médiation de Pologne rejettée.

lonois auroient volontiers pris leur place. Le Roi de AN. 1643. Pologne avoit offert fa médiation, & elle auroit pû fuppléer à celle du Roi de Dannemark. Mais Îes. Danois prirent enfin le parti d'attendre, & la médiation du Roi de Pologne devenant par là inutile, & étant pour le moins auffi fufpecte aux Suedois que celle de Dannemark, fut rejettée.

LXX. Salvius fe rend

à Ofnabrug.

LXXI

Cependant les Régens de Suede jugeant qu'il étoit à propos de donner de plus grandes démonftrations de zele pour la paix, ordonnerent à Salvius de se rendre à Ösnabrug, & d'y attendre l'arrivée des autres Plenipotentiaires. Par cette démarche ils. fe mirent à couvert des reproches des Imperiaux fans. expofer l'honneur de la nation, parce que le Baron Oxenstiern fils du Chancelier, nommé premier Plenipotentiaire de Suede ne devoit fe rendre au lieu du congrès qu'avec les Plenipotentiaires des autres Les François Princes. Suivant cet ordre Salvius arriva à Ofnabrug au mois de Novembre, & il obéit d'autant plus volontiers, qu'il avoit reçû nouvelle que les Plenipotentiaires de France étoient enfin partis de Paris.. Cet avis lui fut encore confirmé par le Baron de Rorté qui arriva à Ofnabrug peu de jours après lui pour y réfider de la part de la France, & qui l'aflura que les Ambaffadeurs François arriveroient à Munfter le premier Janvier de l'année fuivante 1644. mais ils ne tinrent pas parole, & je vais en rapporter les

different de fe rendre à Munster.

raifons.

Fin du feptiéme Livre.

1.

SOMMAIRE

DU HUITIEME

D&Jein

LIVRE.

de la Cour de France dans le renouvellement d'alliance avec les Provinces-Unies. 11. Les Plenipotentiaires François fe rendent à la Haye avant que d'aller à Munfter. 111. Ils font arrêtez dans leur route. xv. Ils font mal reçus dans les Etats de la République. v. Cerémonial avec le Prince d'Orange. vi. Difpofitions des Provinces-Unies. VII. Pòlitique du Prince d'Orange. VIII. Commencement de la négociation. ix. Oppofitions de fentimens entre la France & la République. x. Raifonnement des Etats refuté. xx. Politique du Prince d'Orange. XII. Les Plenipotentiaires de France négocient avec hauteur. XIII. L'armée Erançoife reçoit un échec en Allemagne. xiv. Mort du Maréchal de Guebriant, xv. Inquietude de la Cour de France. XVI. Les Suedois déclarent la guerre au Roi de Dannemark. XVII. Cette guerre allarme la Cour de France. XVIII. Le Comte d'Avaux raffare la Cour. XIX. Prétentions des Etats. xx. Ils préfentent aux Plenipotentiaires un Memoire fur le Ceremonial. xxx. Le Comte d'Avaux élude leur demande. XXII. Les Etats veulent engager la France à ne faire qu'une treve. XXIII. Politique du Cardinal Mazarin. XXIV. Réponse des Plenipotentiaires aux Etats. xxv. Obftination des Commiffaires. XXVI. Injustice de leur procedé. xxvII. Embarras des Commiffaires. XXVIII. Lenteurs inévitables dans les déliberations des Républiques. xxix. Conteftations fur les conditions de la durée de l'alliance après la treve. xxx. Expedient proposé par le Prince d'Orange. xxxI. Rejetté par les Plenipotentiaires. XXXII. Autre expedient proposé par les Plenipotentiaires. XXXIII. Injustice du procedé des Etats. xxxiv. La République refufe de déclarer la guerre à l'Empereur. xxxv. La République veut rapporter tout à fes interêts. XXXVI. Contestation fur le

Ceremonial. XXXVII. Les Etats doutent s'ils envoieront leurs Députez à Munster. XXXVIII. Raifonnement du Prince d'orange. XXXIX. Ils propofent divers expediens. XL. Ils confentent à envoier leurs Députez à Munster. XLI. Traité pour la campagne. XLII. Les Négociateurs s'argriffent de part & d'autre. XLIII. Conteftation fur la forme du traité. XLIV. Conclufion du traité. XLV. Conteftation fur l'ordre de la fignature du traité. XLVI. Les Commiffaires préfentent aux Plenipotentiaires un écrit captieux. XLVII. Avantages de cette négociation. XLVIII. Zele du Comte d'Avaux pour la religion. XLIX. Harangue du Comte d'Avaux aux Etats. L. Succès de la Harangue du Comte d'Avaux en faveur des Catholiques. LI. Le Comte d'Avaux part pour se rendre à Munster. LII. Le Duc de Neubourg entreprend de former une ligue qui eft fufpecte à la France. LIIL. L'Electeur de Brandebourg renouvelle fes propofitions d'alliance avec la France. LIV. Heureux commencemens de la Régence de France. LV. La Diete de Francfort refuse à l'Empereur toutes fes demandes. LVI. Les Colleges des Princes & des villes prennent la réfolution d'envoier leurs Députez au traité de la paix generale. LVII. L'Empereur veut diffoudre la Diete. LVIII. La France emploie fa médiation entre la Suede & le Dannemark. LIX. Succès de Torftenfon dans la guerre de Dannemark. LX, Le Prince Rakoci prend les armes contre l'Empereur. LXI. Il traite avec les Alliez. LXII. Il entre dans la Hongrie. LXIII. La France lui promet des fecours. LXIV. Le Comte d'Avaux arrige à Munfter. LXV. Entrée du Nonce du Pape à Munster. LXVI. Civilitez mutuelles & ceremonial entre les divers Plenipotentiaires. LXVII. Conteftation fur le ceremonial entre le Comte d'Avaux & l'Ambassadeur de Venife. LXVIII. La Cour de France fe relâche en faveur de la République de Venife. LXIX. Un des Plenipotentiaires Espagnols meurt à Munster. LXX. Prieres publiques ordonnées par le Nonce pour l'ouverture des Conferences. LXXI. Conteftations fur le ceremonial terminées à l'avantage des Ambassadeurs François. LXXII. Ouverture des Conferences.

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