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vous à la confervation de la liberté commune. «< C'est le fentiment du Roi & de la Reine-Régente. « AN. 1644. C'a été celui du feu Roi pere de notre jeune Mo- « narque, & celui de fon bifaïeul. Puifque vous fui- « vez leurs confeils dans tout le refte, ne les rejettez «< pas dans ce feul point. Si vous vous fouvenez avec «< reconnoiffance de la faveur que vous fit Henri le « Grand lorfqu'il reconnut votre indépendance, & « qu'il l'orna de toutes les prérogatives qui dif-« tinguent les Souverains, rappellez-vous auffi, Mef. « fieurs, le confeil qu'il vous donna par fon Miniftre, « pour l'utilité même de votre Etat, de tolerer l'exercice de la religion Catholique. Ainfi puiffiez-vous «< tranfmettre à votre pofterité la République non « pas telle que vous l'avez reçûë de vos ancêtres,« mais telle que vous l'avez renduë par votre fageffe « & votre vertu, riche, floriffante & redoutable à « fes ennemis. «

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L.

harangue en faveur des Catho liques.

Avant que de prononcer ce difcours le Comte d'Avaux avoit fondé les difpofitions des Etats qui succès de la ne lui avoient point fait efperer de réponse favorable. Il est vrai que le Prince d'Orange lui avoit avoué qu'il n'étoit pas jufte de vexer les Catho-liques dans un païs où la tolerance cft une des maximes fondamentales de l'Etat ; mais ce Prince qui n'étoit déja que trop fufpect par fa nouvelle alliance avec l'Angleterre & par d'autres endroits, n'avoit garde d'appuïer une pareille demande. Les Commiffaires avoient auffi confeillé au Comte de ne faire aucune mention des Catholiques, parce que tout ce qu'il diroit feroit infailliblement mal reçû. M. de

chofe, quoique le Comte d'Avaux foutint qu'il y AN. 1644. avoit confenti. Quoi qu'il en foit, le zele l'emporta fur toutes les confiderations humaines, & n'cut pourtant pas le fuccès que le Comte avoit esperé. Les Etats regarderent la demande de l'Ambaffadeur François comme un effet des cabales fecretes des Catholiques, pour leur extorquer par autorité la liberté qu'on leur refufoit. Sur ce principe, loin d'avoir égard à la demande du Comte, ils réfolurent de porter contre les Catholiques des ordres encore plus feveres pour leur ôter l'envie de recourir jamais aux Puiffances étrangeres.

LI.

:

Comme la demande avoit irrité les efprits des Hollandois, elle déplût auffi à la Cour de France où l'on en jugea par le fuccès. Le Comte d'Avaux, qui dans toutes les autres négociations n'avoit jamais fait de faute, au jugement du Cardinal de Richelieu, fe vit accufé d'indifcretion. La Cour avoit changé fous un gouvernement foible & un Miniftre timide on prenoit l'allarme fur tout. La religion n'entroit plus que pour peu de chofe dans les déliberations, & l'on fe contentoit d'en emploïer fouvent le nom pour fatisfaire la pieté de la Reine. La Cour ne laissa cependant pas fur les vives inftances des Plenipotentiaires, d'écrire aux Etats pour fe plaindre de leur conduite envers les Catholiques, & elle obtint du moins qu'on laifsât les chofes au même état qu'auparavant.

Les Plenipotentiaires n'aïant plus rien à faire à la Le Comte d'A- Haye fe difpoferent enfin à obéir aux ordres prefvaux part pour fe zendre à Munfter. fans de la Reine. Une maladie y aïant encore retenu M. de Servien, le Comte d'Avaux fe mit feul en

chemin

par

chemin pour se rendre à Munster & faire ceffer
fon arrivée les plaintes affectées des partisans de la AN. 1644.
Maifon d'Autriche. Leurs invectives étoient d'au-
tant plus injuftes que les Cours de Vienne & de
Madrit étoient moins difpofées que jamais à la paix.
La guerre de Dannemark & la déroute de l'armée
Françoise à Dutlingen avoient extrémement relevé
les efperances de la Maifon d'Autriche. L'Empereur
& le Roi d'Espagne fe flattoient de voir bien-tôt
tout le Dannemark armé contre la Suede, & toute
la France foulevée contre la Reine & fon Miniftre.
Les ennemis en étoient fi perfuadez, que le Comte Memoire des Ple-
d'Averfberg Plenipotentiaire de l'Empereur à Ofna- potentiaires à
brug, conseilla fortement à Ferdinand de profiter let 1644.
du prétexte que lui donnoit le féjour des Plenipo-
tentiaires François à la Haye pour rompre la négo-

ciation.

la Reine, 16. Juil

LII.

Le Duc de Neubourg entreprend

former une lipecte à la France.

gue qui eft fuf

Dépêche du Roi aux Plenipoten

1643.

Quoique la France n'appréhendât pas à beaucoup près tous les malheurs dont fes ennemis la croïoient menacée, elle ne negligea rien pour les détourner, de en fortifiant fes armées & en empêchant, autant qu'il étoit poffible, tout ce qui pouvoit faire obstacle à fes armes & à celles de fes Alliez. Telle étoit une ligue que le Duc de Neubourg & l'Archevêque de tiaires, 31. Oob. Cologne avoient imaginé de former dans le cercle de Weftphalie pour se défendre, difoient-ils, également contre les deux partis, & fe maintenir dans la neutralité. L'affaire étoit d'autant plus importante, que le cercle de Franconic paroiffoit vouloir fuivre l'exemple de celui de Weftphalic. Le Comte d'Avaux écrivit au Duc de Neubourg pour lui repréfenter que cette ligue étoit tout-à-fait contraire aux

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veritables interêts de l'Allemagne, parce qu'en obliAN. 1644. geant les troupes étrangeres de fortir de l'Empire elle donneroit à l'Empereur la facilité d'opprimer les Provinces. Mais le Duc fe contenta de donner au Comte de belles paroles fans abandonner fon dessein. Le seul défaut d'argent le fit échouer dans la fuite.

LIII. L'Electeur de

Brandebourg re

nouvelle fes profiance avec la

pofitions d'al

France.

......

L'Electeur de Brandebourg crut l'occafion favorable pour prendre avec la France des liaisons qu'il fouhaitoit d'avoir depuis long-temps, ou plûtôt pour faire valoir fes droits fur la fucceffion de Juliers contre le Duc de Neubourg. Un Gentilhomme envoïé de fa part, fit à la Cour de France des propofitions qu'elle écouta favorablement; mais elle ne se preffa pas de prendre avec lui aucun engagement d'être mieux informée de fes difpofitions; car on ne pouvoit pas encore penetrer le motif qui le faifoir agir. Il eft vrai qu'il demandoit que la France appuiât fes prétentions dans le traité de Munster; mais on foupçonnoit que fa principale vûë étoit que le Roi favorisât fon mariage avec la Reine de Suede ; car il avoit toujours ce grand defLettre de M. de fein en tête. On confirmoit même de jour en jour nipotentiaires, s le bruit de ce mariage, & quelques Princes en vou

Brienne aux Pl

Mars 1644.

avant que

loient faire appréhender les fuites aux François, auxquels on repréfentoit qu'il étoit dangereux de laiffer former dans le Nord une fi puiffante Monarchie Proteftante. La France loin de le craindre, croïoit plûtôt devoir le fouhaiter, parce qu'une telle Monarchie auroit fervi d'un grand contre-poids à la puiffance de la Maifon d'Autriche. Elle fouhaitoit néanmoins, en cas que ce mariage dût fe faire, que les

propofitions en demeuraffent fecretes, & qu'il fût differé jufqu'après la guerre de la Suede avec le Dan- AN. 1644. nemark pour ne pas faire un nouvel ennemi du Roi de Pologne. Roncalli qui résidoit à Paris de la part de ce Prince, laiffoit échapper de fecretes menaces que fon Maître romproit avec la Suede,fi ce mariage fe faifoit. Mais on n'ofoit donner fur cela aucun confeil aux Suedois, parce que, comme remarquoit M. d'Avaux, ils prenoient ombrage des fervices même qu'on vouloit leur rendre, s'imaginant que la France étoit jaloufe de leur accroiffement. Peutêtre auffi Roncalli qui étoit alors fort fufpect aux Miniftres de France, ne parloit-il ainfi que pour détourner ce mariage que la Maifon d'Autriche craignoit extrémement.

mencemens de la

cc.

Cependant les efperances que les Espagnols avoient LIV. conçues de voir la France agitée de troubles domcf-Heureux com. tiques fous la minorité d'un jeune Roi, & le minif- Régence de Frantere d'un étranger, s'évanouiffoient de jour en jour. Les armes Françoifes étoient toujours fuperieures en Efpagne, en Italie & dans les Païs-Bas. Elles devoient l'être bien-tôt en Allemagne par le foin qu'on prenoit d'y fortifier l'armée. Tout étoit calme au Pufendorf. 1.15. dedans du Roïaume où la Reine & le Miniftre commençoient à affermir leur autorité. Il n'en étoit pas de même de l'Empereur qui trouvoit une entiere oppofition à fes deffeins dans la Diete qui fe tenoit depuis plus d'un an à Francfort fur le Mein.

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La Diere de

l'Empereur toutes

Cette Diete avoit été convoquée sous le prétexte LV. de réformer les abus qui fe commettoient dans l'ad- Francfort refuse à ministration de la justice, mais c'étoit en effet pour fes demandes. en obtenir des fecours pour continuer la guerre.

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