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auffi-tôt, & déconcerta par fa fuite toute l'armée AN. 1620. Proteftante; de quoi le Duc de Baviere & le Comte de Bucquoy s'étant apperçûs, ils firent dans le moment avancer toutes leurs troupes pour faire une charge generale. L'armée de l'Electeur accablée par le nombre ne rendit prefque plus de combat, & fe mit à fuir de toutes parts, laiffant fur le champ de bataille fon canon, fes drapeaux & cinq mille morts, fans compter ceux qui fe noïcrent dans la Molde en

LXI. L'Electeur Pala

voulant traverfer cette riviere. Toute l'action ne dura cependant qu'une heure. Le feul régiment de la Tour tint ferme pendant quelque temps & fe fit tailler en pieces. Le fils de ce Comte demeura prifonnier avec le jeune Prince d'Anhalt, le Rhingrave, le Duc de Saxe-Weimar & le Comte de Schlick, L'Electeur Palatin ne put pas même rallier les débris de fon armée. Il s'enfuit à Prague, & pendant la nuit il fe fauva en Silefie avec fa femme, fes enfans & tout ce qu'il put emporter de plus précieux.

Rien, fi je l'ofe dire, ne reffemble mieux aux retin prend la fuite, présentations du theatre, que la fortune de ce malheureux Prince. A peine affis fur le trone il se vit obligé d'en descendre. Couronné & dépoüillé prefqu'en un même jour, toute fa gloire s'évanouit comme un fonge, & on le verra bien-tôt réduit à chercher un azile dans les païs étrangers, comme s'il n'avoit regné que pour donner aux peuples le trifte fpectacle de la difgrace d'un Roi fugitif & depoüillé.

LXII. Reddition de

Il feroit difficile d'exprimer quel fut dans ce moPrague & de toute Inent l'effroi & le défcfpoir des Proteftans de Prague jufqu'alors fi fiers & si obstinez. Leurs troupes

La Boheme.

étoient

étoient diffipées, leurs murailles fans défense, leur Roi en fuite, l'ennemi aux portes, & ils touchoient AN. 1621. à leur dernier moment. Dans cette extrémité ils ef

faïerent d'appaiser par leur foumiffion la colere des vainqueurs. Ils vinrent au-devant du Duc de Baviere, & s'humiliant en présence de toute l'armée, on les vit flechir les genoux devant ce Prince, implorer fa clemence, & témoigner par leur tristesse & leurs larmes les fentimens dont ils étoient penetrez. Mais la réponse fevere du Duc de Baviere acheva de les accabler.

Ce Prince pendant la nuit qui fuivit le combat, fit camper toute fon armée fous les murailles de Prague. Le lendemain il entra comme en triomphe dans la Ville avec le Comte de Bucquoy: triomphe qui caufa dans les cœurs des mouvemens bien differens. Car tandis que les Catholiques faifoient éclater leur joïe par leurs applaudiffemens, les Proteftans confternez & abbatus croïoient voir dans cette pompe publique l'appareil de leurs fupplices. En cffet le Duc de Baviere après avoir abandonné au pillage les maifons des Proteftans, fit arrêter les plus coupables, & leur fit prendre dans les prisons la place des Catholiques. Il rétablit ceux-ci dans leurs emplois & dans leurs biens, & peu de temps après l'Empereur fit faire un choix des principaux auteurs de la révolte pour en faire un exemple qui infpirât de la terreur. Vingt-quatre furent executez a mort, & d'autres furent condamnez à diverfes peines. Hunti La foumiffion de toute la Boheme fut encore plus prompte que n'avoit été la révolte. Quarante Villes

envoïcrent leurs clefs aux Generaux de l'Empereur. AN. 1621. La Luface étoit domptée par l'Electeur de Saxe : la Moravie fe foumit d'elle-même : la Silefie fit un accommodement, & l'Electeur Palatin ne trouvant plus de retraite dans un Roïaume où il donnoit la loi peu de jours auparavant, fut obligé d'aller chercher un azile dans le Marquifat de Brandebourg, & de-là dans les Païs-Bas.

LXIII.

La guerre con

& dans la Hon

gric.

Lotychius.

Merc. Franc.

Heiff.

Telles furent les fuites de la victoire des Impctinue encore dans riaux, & on remarqua que le jour de la bataille on quelques endroits, lifoit à la Mefle ces paroles de l'Evangile: Rendez à Cefar ce qui appartient à Cefar, & à Dieu ce qui appartient à Dieu. Mansfeldt retenoit cependant encore dans la Boheme Pilfen & Tabor avec quelques autres Places moins confiderables, d'où il faifoit dans les environs diverfes expeditions qui donnoient de l'inquiétude aux vainqueurs. D'un autre côté Betlem-Gabor occupoit toujours la Hongrie, & menaçoit de renouveller la guerre plus vivement que jamais par les fecours qu'il demandoit aux Turcs & aux Tartares, tandis que le Comte de la Tour accablé du chagrin que lui donnoit le mauvais fuccès d'une révolte dont il étoit l'auteur, erroit de Province en Province pour ranimer fa faction. Mais ces reftes d'un parti abattu tomberent bien-tôt d'eux-mêmes. Le Comte de la Tour fut obligé d'abandonner la Boheme, & réduit à chercher en Allemagne un azile & de l'emploi dans les armées Proteftantes. Le Comte de Tilly après le retour du Duc de Baviere à Munich gagna la garnifon de • Pilfen dans l'abfence de Mansfeldt: Tabor tint plus long-temps, & ne se rendit qu'après un fiege. Ainfi

.

il ne refta bien-tôt plus dans la Boheme d'autre ves

tige de fa révolte, que la défolation des campagnes, AN. 1621. & les ruines de plufieurs Villes.

LXIV.
Mort du Comte

Le Comte de Bucquoy après avoir fi glorieuse- . ment triomphé de la Boheme, fut encore chargé de réduire la Hongrie. On commença par des conferences & des négociations où la France prit quelque part. Betlem voulut retenir Caffovic & plufieurs autres Villes, & exigea d'autres conditions que l'Empereur refusa. Ainfi il fallut décider l'affaire par les armes. Quoique Betlem eut laiffé dans Prefbourg une forte garnifon, le Comte de Bucquoy afficgea la Place. La Ville lui fut presqu'auffi-tôt rendue par les principaux Seigneurs Hongrois qui y étoient renfermez; mais le château ne fe rendit qu'après une vigoureuse défense. La reddition de cette importante Place fut fuivie de celle de quantité de Villes des deux côtez du Danube. De-là, tandis que le Marquis de Colalte faifoit d'un autre de Bucquoy. côté de femblables progrès, le Comte de Bucquoy alla mettre le fiege devant Neuheufel, entreprise funefte qui termina la vie de ce grand homme. Un corps de quinze cens cavaliers Hongrois aiant attaqué un pareil nombre d'Imperiaux lorfque ceux-ci revenoient du fourage, le Comte de Bucquoy emporté par un mouvement de cette valeur qui lui étoit naturelle, courut auffi tôt fe mettre à la tête des fiens; mais il en fut lâchement abandonné dès le premier choc, & tandis qu'il tâchoit de rallier sa troupe, il fut invefti par les Hongrois qui le renverferent bleffé de plusieurs coups. Le Marquis de Gonzague accourut promptement à fon fecours, &

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le dégagea heureufement; mais fon heure étoit AN. 1621. venue; car comme il retournoit au camp n'étant plus en état de combattre, il reçût encore deux bleffures dont il mourut fur le champ de bataille, après avoir merité par fa valeur toujours également fage & agiffante, d'être compté au nombre des plus grands Capitaines de fon fiecle, & le premier de ces Heros celebres qu'on verra fe fucceder les uns aux autres dans le cours de cette Hiftoire.

LX V. L'Empereur s'ac

commode avec Betlem-Gabor.

L'année fuivante l'Empereur qui avoit besoin de toutes fes forces pour pouffer la guerre en Allemagne contre les partifans de l'Electeur Palatin, accorda à Betlem-Gabor des conditions de paix fort avantageuses. La guerre finit pareillement dans le Comté de Glatz où le Marquis de Jagerndorff l'avoit toujours entretenuë jusqu'alors. Mais comme ces guerres n'ont aucun rapport au traité de Munf ter au lieu d'entrer dans ce détail, je vais raconter ce qui fe paffa en Allemagne depuis la bataille de Prague & la fuite de l'Electeur Palatin.

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