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leur pays, auffi groffiers qu'ils en étoient fortis; ils ont repris leurs tentes & leurs troupeaux. La même chofe eft arrivée à tous les autres Tartares qui ont conquis la Chine, & la même chofe arrivera toujours, tant qu'une Nation policée ne foumettra pas la Tartarie, & ne bâtira pas de grandes villes dans ces plaines immenfes, qui n'infpirent aux habitans que la vie champêtre.

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L

OU DE L'IRAN.

Houlagous

khan.

Hift. géné.

des Tatari

ORSQUE Mangou-khan fut parvenu à l'Empire de la Tartarie, ce Prince envoya fon Apr. J. C. frere Houlagou (a) dans l'Afie Occidentale, c'eft-à-dire, vers la Perfe & la Syrie, & donna le Gouvernement du Khorafan à Argoun aga de la horde des Ouirats, qui mourut après en avoir joui pendant dix ans. Houlagou, ainfi que nous l'avons rapporté, détruifit la fecte des Melahedites ou des (a) Haiton le nomme Haolon, d'autres Halfon.

Hh üj

Fonlagou

khan.

Marakefchi

Affaffins, fit la conquête de la célèbre ville de Bagdad, & Apr. J. C. renverfa le puiffant Empire des Khalifs. Après la mort de Mangou-khan, Houlagou refta dans ces pays Occidentaux qui lui furent cédés par Kublai fon frere, Grand-Khan de Tartarie, à condition que lui & fes fucceffeurs recevroient l'inveftiture de leurs Etats des Khans de Tartarie, qui étoient regardés comme les Souverains de toute la Nation. Mais la trop vafte étendue de l'Empire Mogol, ne permit pas que les Khans de Tartarie jouiffent long-tems de l'autorité qu'ils prétendoient avoir fur les Princes de leur famille qui étoient établis dans les autres pays éloignés, & après la mort de Kublai tous devinrent Souverains, entierement indépendans de ces Grands-Khans, qui fe trouverent avoir trop d'occupation dans la Chine, pour les faire rentrer dans le devoir. Houlagou en particulier établit un puissant Empire dans la Perfe, qui devint encore plus étendu fous fes fucceffeurs. Ces Princes Mogols étoient maîtres des deux Eraques, Arabique & Perfique, du Khorafan, du Kerman, de la province de Fars, de l'Adherbidgiane; des pays d'Arran, de Rey, de Dgebal, de Diar-bekr, de Diar-rabi, de Diar-dgeziré, de l'Arménie, d'une partie de la Géorgie & de l'Afie mineure; Tauriz étoit la capitale de ce vafte Empire. De même que les autres Khans Mogols, ceux de Perfe avoient deux principaux campemens; l'un d'été à Cara-bagh; l'autre d'hyver à Oudgian, & quelquefois à Bagdad. Dans plufieurs de ces Provinces, les Mogols conferverent les Princes qui y régnoient auparavant, en les obligeant de leur payer un tribut; tels furent les Princes d'Herat, de Kerman, d'Arzan, & autres. La feule province de Ghilan ne put être foumise aux Mogols. Il y avoit dans cette Province huit Rois (a) qui étoient fi étroitement unis, qu'ils donnoient promptement du fecours à celui d'entre eux qui étoit attaqué; plusieurs armées Mogoles envoyées pour les foumettre furent détruites. Ces peuples étoient fi amateurs dé leur liberté, qu'ils ne fouffroient aucun efclave chez Yanfas. Mais les plus confidérables étoient ceux de Toulim, d'Ioumin, de Kesker & de Refcht.

(a) Ces Rois étoient celui de Lahejan, celui de Saham, celui de Refcht, celui de Saphat, celui d'Ioumin, celui de Toulim, celui de Kesker & celui de

Houlagou

eux, afin d'éloigner de leur pays jufqu'à l'ombre de la fervitude. Les efclaves qui fe réfugioient chez eux devenoient Apr. J. C. libres fur le champ, par-là tout le monde prenoit un égal khan. intérêt à la défenfe de la patrie; & ceux, qui partout ailleurs ont le malheur de gémir dans la fervitude, étant libres dans ce pays, n'avoient aucun prétexte d'entreprendre rien contre l'Etat, ni de contribuer à des révolutions & à des changemens dans lefquels ils fe flattent de recouvrer la liberté. Le Khan avoit un premier Miniftre, Généralissime des armées, qui portoit le titre de grand Commandant de l'Alous ou de Beghlerbegh, & au-deffous de celui-ci étoient quatre autres Commandans de l'Alous, dont on mettoit les noms après celui du Khan fur les Yaraligh & les Phirmans ou Edits, Lettres Patentes, & autres Actes publics.

Aboulfedha

Après la prife de Bagdad (a), tous les Princes qui ré- L'an 1258. gnoient dans la Syrie, furent allarmés de la puissance des AboulfaMogols qui venoient de détruire l'Empire des Khalifs, re- radge. gardé jufqu'alors comme une barriere, à la faveur de laquelle le refte de l'Afie étoit tranquille. Ils ne s'étoient pas empreffés d'envoyer à Houlagou les fecours qu'il leur avoit fait demander pour le fiége de Bagdad, parce qu'ils avoient intérêt que cette ville ne fût pas prife. Lorfqu'ils virent que les Mogols en étoient les maîtres, ils fe hâterent de les appaifer, & s'excuferent, fous divers prétextes, de n'avoir pas plutôt obéi. Bedreddin-loulou, Roi de Mouffoul, qui avoit fuccédé à la puiffance des Atabeks, fut le premier qui leur envoya fon fils Saleh-ismaïl avec un corps de troupes. Comme ce fecours venoit un peu tard, Houlagou reçut froidement le Prince de Mouffoul: « Vous avez balancé long-tems, lui dit-il, fur la maniere dont vous deviez vous comporter avec nous, & vous avez attendu que » le tems vous apprît quel a été le fuccès de nos affaires, pour vous déclarer enfuite en faveur du plus fort. Si le Khalif eût été victorieux, les troupes que vous voyez aujourd'hui à notre fecours, fe feroient tournées » contre nous ». Après plufieurs autres reproches Houlagou

(a) L'an 656 de l'Hegire,

en

Apr. J. C. renvoya Saleh-ismail à Moussoul. Bedreddin loulou, qui apL'an 258. préhendoit tout pour fes Etats, tira de fes tréfors les perles, Houlagou les diamans, les habits les plus précieux, les bijoux de fes khan. enfans & de fes concubines, & fe rendit avec toutes ces ri

cheffes auprès d'Houlagou, qui étoit dans les montagnes d'Hamadan, où il fe repofoit des fatigues de la guerre. Le Khan Mogol ayant égard à fon grand âge, lui fit un accueil favorable, le prit fous fa protection, & lui permit de retourner dans fes États. Bedreddin-loulou revint à Mouffoul auffi comblé de joie, qu'il fut étonné de la grandeur & de la puiffance d'Houlagou.

Quelques autres Princes de Syrie ne crurent pas devoir fuivre fon exemple; ils avoient affez de confiance dans leurs forces pour efpérer de pouvoir résister aux Mogols. Mais l'union qui manquoit parmi eux caufa leur ruine. Plufieurs intimidés par l'approche d'un ennemi fi formidable, n'oserent contribuer au bien général, & rendirent inutiles par leur foibleffe les actions de valeur des autres. Afchraf (a) qui n'avoit que la feule ville de Miafarekin, fut le premier qui ofa lever l'étendart contre les Mogols, & qui propofa à Nafer, Roi d'Alep, de fe joindre à lui pour la défenfe de la Syrie. Mais celui-ci, loin d'embraffer ce parti, ne répondit au Roi de Miafarekin qu'avec des termes injurieux qui marquoient fa colere. Quoique privé d'un fecours fur lequel il comptoit, Afchraf de retour dans fa ville, commença par en chaffer tous les Officiers Mogols qui s'y trouverent, & fit pendre un Prêtre qui fe difoit être chargé des ordres d'Houlagou. Peu de jours après Yafchmout, fils d'Houlagou, vint inveftir la place, fit faire des retranchemens qu'il fortifia d'un mur, & dreffa plufieurs machines avec lefquelles il attaqua Miafarekin; mais la vigoureuse réfiftance des habitans l'obligerent de ceffer les attaques, & de convertir le fiége en blocus, dans le deffein de prendre par famine cette place. Au lieu de porter des fecours à Afchraf dont la ré¬ fiftance fatiguoit les Mogols, les autres Princes de Syrie fes parens s'efforçoient d'appaifer Houlagou en lui envoyant des

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(a) Fils de Ghazi, fils d'Adel, de la famille de Saladin.

préfens

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