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Apr. J. C.

khan.

Leao-tong, pour engager les Khitans à prendre les armes contre les Niu-tché. Ouatchin à fon arrivée dans ce pays trouva L'an 1211 que les chofes étoient déja bien avancées. Lieou-ko Chef Genghizde ces Khitans, s'étoit mis à la tête de cent mille hommes, dans le deffein de fe révolter contre les Niu-tché, & de fe foumettre à Genghizkhan; il avoit même voulu aller trouver ce Prince, mais fes troupes & fes chevaux n'étoient pas encore en état de fupporter ce voyage. Pour donner des preuves de ce qu'il avançoit à Ouatchin, il fe rendit fur une montagne appellée Kin fituée au Nord de Mougden dans le Leao-tong, y offrit un cheval blanc un bœuf noir, brifa une fleche, & fit ferment d'être fidele à Genghizkhan. Les mauvais traitemens des Niu-tché envers les Khitans avoient déterminé ceux-ci à prendre les armes, auffitot qu'ils apprirent que les Mogols fe préparoient à faire la guerre aux Niu-tché. Après que l'on eût donné de part & d'autre des ôtages, Genghizkhan qui prévit bien que les Niu-tché alloient faire de puiffans efforts pour arrêter cette révolte des Khitans, conféra à Lieou-ko leur Chef, qui defcendoit de la famille royale des Leao, le titre de Roi, envoya dans fon pays un Officier pour gouverner ces peuples, & chargea Ouatchin & Tchepe-novian de foutenir Lieouko avec leurs troupes. Auffi-tôt que les Mogols eurent joint les Khitans, Lieou-ko fe fit reconnoître Rei par-tout, s'empara d'un grand nombre de places, & remporta une grande. victoire fur les Niu-tché. Ces premiers fuccès entraînerent. la, reddition de plufieurs villes, & la révolte entiere de ce qui reftoit de Khitans foumis aux Niu-tché. Lieou-ko, avec toutes fes forces, alla prendre Leao-yang, capitale du Leaotong, qui portoit alors le titre de Cour Orientale, & les Niu-tché, pour conferver le refte de la province, firent de grandes levées de troupes.

Genghizkhan de fon côté s'empara d'une ville de Tartarie, nommée Hoam-tcheou, fituée au Nord-eft de Peking & fon Général Mogli, prit le refte des fortereffes qui font auprès de la grande muraille. Pouvant alors pénétrer plus facilement dans la Chine, ils réfolurent d'aller faire le fiége de Ta-tong-fou. L'Empereur des Niu-tché envoya

l'an 1212.

khan.

auffi-tôt les Généraux Hou-cha-hou (a) & Van-yen, avec Apr. J. C. une armée de trois cens mille hommes, pour s'opposer aux Genghiz- Mogols; mais toute cette nombreuse armée fut défaite auprès de Siuen-hoa-fou, malgré fa fupériorité & la vigoureufe réfiftance qu'elle fit. Après cette victoire, Genghizkhan inveftit Ta-tong-fou. La garnison fit une fortie, dans laquelle les Mogols perdirent beaucoup de monde; & ce Prince, bleffé dangereufement d'un coup de fleche, prit le parti de s'en retourner en Tartarie. Par-là les Niu-tché rentrerent dans Pao-gan, dans Siuen-hoa-fou, & dans Kouyong-koan.

L'an 1213.

Ces places ne refterent pas long-tems entre les mains des Niu-tché. Après que Genghizkhan eût été guéri de fa bleffure, il reprit le chemin de la Chine, chaffa les Niutché des villes dont ils venoient de s'emparer, défit leur armée auprès de Kou-yong-koan; un de fes Généraux prit Kou-pe-keou à la grande muraille; Tchepe-novian fe rendit à un autre paffage de la même muraille, nommé Nankeou, & rentra dans Kou-yong-koan; & quelque tems après les Niu-tché furent taillés en piéces à la montagne Ou-hoei, fur les frontieres du Chanfi & du Pe-tcheli.

Les Mogols devoient en partie leurs fuccès aux divifions qui agitoient la cour des Niu-tché. Quelque tems auparavant, le Général Hou-cha-hou avoit été dépofé, & ensuite on lui avoit redonné le commandement des armées, avec ordre d'aller camper au Nord de la capitale. Hou-cha-hou qui ne refpiroit plus que la vengeance, réfolut de perdre l'Empereur Yun-tfi, ne prit d'abord aucune mefure pour arrêter le progrès des ennemis, & ne s'occupa que de la chasse, malgré les représentations de l'Empereur. Enfuite il s'approcha de la capitale, pour étouffer, difoit-il, une confpiration qu'il avoit découverte. Il fit courir le bruit dans les environs du palais, que les Mogols étoient déja aux portes de la ville, fe rendit maître des différens quartiers, fit mourir ceux qui lui étoient fufpects, & détrôna enfin le Prince, qu'il fit enfermer dans fon palais, où il le fit enfuite mourir. Il avoit deffein

(a) On le nomme encore Ki-che-lie,

de fe faire proclamer Empereur, mais appercevant trop de difficultés dans l'exécution de ce projet, il donna ce titre Apr. J. C.

au Prince Siun.

Genghizkhan n'eut pas plutôt été informé de ces troubles, qu'il réfolut de venir afliéger la capitale des Niu-tché. Tchepe-novian, avec cinq mille cavaliers, fe réunit à fon armée; ils s'approcherent du canal nommé Tfao, & tenterent de paffer le pont. Hou-cha-hou, quoiqu'obligé de fe faire traîner fur un char à caufe d'une bleffure qu'il avoit au pied, défit entiérement l'avant-garde des Mogols;mais fa bleffure ne lui permettant pas de s'oppofer le lendemain aux ennemis, il en chargea Kao-ki, auquel il donna cinq mille hommes de troupes choifies. Kao-ki ne fut point assez diligent, & s'attira par là la difgrace d'Hou-cha-hou qui vouloit le faire mourir. L'Empereur, inftruit du mérite de cet Officier, s'oppofa au deffein d'Hou-cha-hou, & Kao-ki partit avec fes troupes, & menacé de la part d'Hou-cha-hou d'être mis à mort s'il ne battoit pas les Mogols. Lorsque Kao-ki fut en préfence des ennemis, il s'éleva un vent vio-, lent du Nord, qui portoit le fable & la pouffiere dans les yeux de fes foldats. Il fut vaincu, & obligé de rentrer dans la capitale. Comme il s'attendoit à la mort, il courut avec fes troupes au palais d'Hou-cha-hou, qu'il inveftit. Celui-ci en voulant fe fauver par-deffus les murailles de fon jardin, tomba, se caffa une jambe, & fut arrêté par les foldats de Kao-ki qui le tuerent. Kao-ki lui coupa la tête, la remit à la porte du palais de l'Empereur, & alla de ce pas fe mettre entre les mains des Officiers pour être condamné à mort, mais l'Empereur lui fit grace par un édit folemnel, & le créa Généraliffime de fes armées.

Genghizkhan, après s'être informé de la fituation & des forces des Niu-tché, réfolut de les attaquer de tous côtés, pour enfuite retomber fur Yen-king leur capitale, que l'on peut regarder comme Pe-king d'aujourd'hui. Les égards qu'il avoit eus pour les Officiers Chinois qu'il avoit fait prifonniers, avoient engagé ceux-ci à prendre parti dans fes troupes, il les mit à la tête des foldats Chinois qui étoient dans fon armée, & divifa toutes les troupes en quatre corps.

L'an 1213.

Genghiz

khan.

Apr. J. C.

Kietai & Hatai, avec le premier, eurent ordre de camper L'an 1213. au Nord d'Yen-king. Touchi, Zagatai & Oktai, fils de Genghiz Genghizkhan, allerent ravager les pays qui font au Sud &

khan.

L'an 1214.

au Sud-oueft de Peking, jufqu'au Caramoran; Potcha & Joudgicafar, frere de Genghizkhan, firent la même chose au Nord, vers le Leao-tong jufqu'à la mer ; & Genghizkhan, avec fon fils Toli, marcha vers Ho-kien-fou dans le Pet-cheli, vers Tfi-nan-fou dans le Chantong & vers d'autres places. Les Niu-tché avoient envoyé par-tout de nombreuses garnisons, & des troupes pour garder les paffages des rivieres & les gorges des montagnes. Genghizkhan fit prendre dans les villages & dans les villes qui étoient fans défenfe, les vieillards, les femmes & les enfans, qu'il fit mettre à la tête de fes armées. Par ce moyen, quand il fe présenta devant les villes, les Chinois à la vue de leurs peres, de leurs meres, de leurs femmes & de leurs enfans, refuferent de combattre, dans la crainte de répandre le fang de ceux. de qui ils tenoient la vie. La défolation devint générale dans le Pet-cheli, dans le Chantong, dans le Chạnfi, & dans la partie du Honan qui eft au Nord du Caramoran. Plus de quatrevingt-dix villes furent pillées ou détruites les bourgs & les villages réduits en cendres ; des milliers de perfonnes inutiles par leur âge ou leurs infirmités, furent maffacrés, & un nombre prodigieux d'enfans de l'un & de l'autre fexe furent conduits en efclavage. L'or, l'argent, les foies & tous les beftiaux furent emportés. Il n'y eut que dix villes qui réfifterent aux Mogols.

Genghizkhan, de retour du Chantong, rassembla en un seul corps toutes les troupes, alla inveftir Yen-king (a), au Nord de laquelle il fe pofta. Tous fes Généraux le folliciterent de leur accorder la permiffion de monter auffi-tôt à l'affaut; mais ce Prince, qui avoit deffein de fe retirer en Tartarie, ne voulut point y confentir. Il envoya un de fes Officiers vers l'Empereur des Niu-tché, pour lui représenter qu'il devoit fe hâter d'appaifer par des préfens confidérables la colere des Mogols, & de faire réflexion qu'il ne lui

(a) A la quatrieme lune Chinoise,

reftoit

L'an 1214.

khan.

reftoit, pour ainsi dire, plus que Yen-king fa capitale. Genghizkhan parloit alors en maître & impofoit la loi. Un Of Apr. J. C. ficier de l'Empereur des Niu-tché dit dans le confeil qu'il Genghizfalloit marcher à l'ennemi, parce que l'armée Mogole étoit remplie de malades, & par conféquent hors d'état de tenir long-tems la campagne. Un autre représenta au contraire, qu'il y avoit tout à craindre d'une bataille perdue, & peu d'avantages à efpérer d'une victoire remportée; il ajouta, que les troupes qui avoient ailleurs leurs familles, ne penfoient qu'à fortir de la ville. L'Empereur fe rendit à cet avis, & fit propofer la paix aux Mogols. Genghizkhan y consentit, & exigea que ce Prince lui donneroit une fille du feu Empereur Yun-tfi, avec cinq cens jeunes garçons & autant de filles, trois mille chevaux, de la foie, & une fomme confidérable d'argent. Après que toutes ces choses eurent été remises entre fes mains, il leva le fiége, & fe retira par Kou-yong-koan. Il fit mourir en route tous les jeunes gens des deux fexes qu'il avoit faits efclaves dans les vinces de la Chine; leur nombre étoit très-considérable.

pro

L'Empereur des Niu-tché avoit été fi effrayé de l'arrivée des Mogols, qu'il réfolut de tranfporter fa cour à Pienleang (a), ou Kai-fong-fou dans le Honan, malgré l'avis de fes Miniftres, qui lui représenterent que les provinces du Nord alloient être perdues fi on les abandonnoit; mais ce Prince qui avoit pris fon parti, leur répondit, que fes tréfors étant épuifés, les troupes affoiblies, & les villes voifines ruinées, il ne pouvoit pas être en fûreté dans Yenking. Il partit avec fa famille & un détachement de troupes, laiffant dans fa ville le Prince héritier fon fils, & quelques Officiers pour veiller à la garde de cette capitale. Cette conduite de l'Empereur, & celle qu'il tint encore enfuite, acheva de ruiner fes affaires. Dans la route il redemanda aux troupes leurs chevaux & leurs cuiraffes; la plûpart fe mutinerent & tuerent leur Général, elles en nommerent trois autres, parmi lesquels étoit Kanta, revinrent fur leurs pas, & s'emparerent d'un paffage à deux lieues de Peking. Ceux

(4) Pien-leang étoit à peu près où eft aujourd'hui Kai-fong-fou.

Tome III.

E

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