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L'an 1214.

khan.

des Khitans qui étoient foumis à ce Monarque, fe foule Apr. J. C. verent dans le même tems, il avoit fait trancher la tête à Genghiz quelques Seigneurs de cette nation; plufieurs, mécontensde ces traitemens, enleverent tout ce qu'ils purent prenHift. géné. dre, & fe retirerent fur les terres de Genghizkhan. Leur des Tatars mécontentement, joint aux follicitations de Kanta, qui of frit de joindre fes troupes à celles de Genghizkhan, fervirent de prétexte à ce Prince pour rentrer dans la Chine. Il étoit à Hoam-tcheou en Tartarie quand il apprit la retraite de l'Empereur des Niu-tché à Kai-fong-fou. N'écou tant alors que fon ambition, il envoya le Général Mafgan. bahadur (a) pour aller joindre Kanta, & investir ensuite Yenking.

Gaubil.

Auffi-tôt que l'Empereur des Niu-tché fut inftruit de la marche des Mogols, il ordonna à fon fils de quitter Yenking, & de fe rendre à Kai-fong-fou. Plufieurs Officiers: s'oppoferent à ce deffein de l'Empereur, ils penfoient aut contraire qu'il falloit fortifier les frontieres, & laiffer le Prince héritier dans cette ville; mais leur avis ne fut point fuivi, & le départ du jeune Prince découragea la garnifon d'Yen-king & celles de toutes les places voifines. Les Niu-tché ne pouvoient plus cacher leur foibleffe, les Empereurs de la Dynaftie des Song qui régnoient dans le Midien profiterent pour refufer de leur payer un tribut auquel ils avoient été forcés ; mais la crainte qu'ils eurent en mêmetems que les Mogols ne détruififfent entiérement les Niutché, & ne pénétraffent enfuite dans le Midi, les empêcha de fe lier avec le Roi du Tangout pour faire la guerre aux Niu-tché. Ceux-ci étoient encore en état de résister longtems aux Mogols ; ils avoient dans le Leao-tong une armée de deux cens mille hommes, qui avoit repris les années. précédentes plufieurs villes, & fur-tout celle de Leao-yang capitale de la Province. Genghizkhan y envoya (b) fes Généraux Mogli & Cüir, tant pour foutenir Lieouko, Chef des Khitans, que pour couper la communication du Pe-tcheli avec le Leao-tong. Toute la nombreuse armée

(a) Les Chinois le nomment Min- (b) A la neuvieme lune de l'an 1114.

an.

L'an 1214

khan.

des Niu-tché fut bientôt diffipée, moins par la force des Mogols que par la trahifon des principaux Chefs. Lieou- Apr. J. C. ko reprit Leao-yang & Mougden (a) & fe rendit à Mogli. Genghize Ce Général, pour intimider les garnifons des autres places, fit égorger un grand nombre de foldats fous prétexte qu'ils avoient trop tardé à fe foumettre, & il ne fit ceffer ce carnage que quand on lui repréfenta que cette conduite obligeroit les autres garnifons à fe défendre jufqu'à l'extrémité. Mogli fit plufieurs détachemens de fes troupes qui fe rendirent maîtres de tous les poftes par lefquels on eft obligé de paffer pour aller du Leao-tong à la Chine, & fur la fin de l'année s'empara de Tong-tcheou place importante fituée à l'Eft d'Yen-king.

Pour foutenir une guerre fi onéreufe, & dans laquelle les L'an 1215 Niu-tché avoient fi peu d'avantage, leur Empereur étoit obligé d'exiger de grands impôts. Plufieurs Seigneurs qui étoient mécontens fe fervirent de ce prétexte, les uns pour fe rendre aux Mogols, les autres pour devenir indépendans. D'un autre côté, les Khitans qui étoient affez puiffans dans le Leao-tong pour fe foutenir, propoferent à leur Chef Lieou-ko de fe déclarer Empereur, & de fecouer le joug des Mogols; mais Lieou-ko qui s'étoit engagé par des fermens de refter foumis à Genghizkhan, ne voulut point y confentir, il croyoit qu'en prenant ce titre ce feroit s'oppofer aux volontés du Ciel, & afin qu'on ne le preffât plus fur cet article, il envoya fon fils Sie-tou avec quatre-vingt-dix chariots, qui étoient chargés de riches préfens pour Genghizkhan. Le Khan Mogol, avant que de les recevoir, les fit expofer pendant fept jours fur des feutres, comme pour prendre le Ciel à témoin de la fidélité que Lieou-ko lui juroit, il traita honorablement le Prince Sie-tou qui lui remit un état des familles qui lui étoient foumifes, leur nombre montoit à fix cens mille. Sur la fin de l'année Lieou-ko vint lui-même rendre hommage à Genghizkan.

Hift. géné

Pendant que ces chofes fe paffoient ainfi du côté des Gaubil. Khitans, les Mogols étoient occupés du fiége d'Yen-king

(6) Cette ville étoit alors appellée Pe-king, ou Cóur du Nord.

L'an 1214.

que les Orientaux appellent Khan-balig. Cette ville comApr. J. C. mençoit à fe reffentir de la difette. L'Empereur des Niu-tché Genghiz- fit faire de grandes provifions à Ta-mim-fou, & ordonna à plukhan. fieurs de fes Généraux d'aller au fecours des Affiégés, &

principalement de faire entrer ces provifions dans la ville; mais le premier qui fe mit en marche (a) appellé Li-ing, homme fans expérience, & trop adonné au vin, fe laiffa furprendre au nord de Pa-tcheou. Tout le convoi fut enlevé par les Mogols, les autres Généraux en apprenant cette nouvelle prirent la fuite, & Yen-king ne reçut aucuns fecours. Alors Van-yen & Mo-nien qui commandoient dans la place, perdirent toute efpérance de pouvoir défendre plus long-tems cette ville, Van-yen alla trouver l'autre Général de qui dépendoient immédiatement les troupes, & lui dit qu'il ne leur reftoit d'autre parti à prendre pour ne pas tomber dans l'esclavage que de fe donner la mort, Monien ayant refufé de fuivre ce confeil, Van-yen fe retira en colere, alla faire les cérémonies à fes ancêtres, & appella un de fes Officiers, auquel il dit qu'il étoit réfolu de mourir. Il compofa auparavant un Mémoire pour être remis à l'Empereur, dans lequel il expofoit les principes d'un bon gouvernement, faifoit l'énumération des crimes du Miniftre Kao-ki, dont l'Empereur fe fervoit, & finiffoit par avouer que pour n'avoir pû conferver la ville Impériale, il méritoit la mort, il diftribua enfaite tout ce qu'il avoit aux gens de fa maifon, qui fondoient en larmes, fit remplir de poifon une taffe & l'avala, après avoir fait fortir un Officier qui étoit avec lui; ainfi périt ce brave Général. Mo-nien refté feul dans la ville fe préparoit à en fortir le jour même avec ce qu'il avoit de plus précieux, lorfque plufieurs Dames du Palais vinrent le trouver, & demanderent à le fuivre. Il répondit qu'il étoit néceffaire qu'il marchât devant afin de leur montrer le chemin; ces Dames le crurent & s'en retournerent au Palais. Auffi-tôt Mo-nien fit assembler fa maison & fes amis, & fortit de la ville, abandonnant à la difcrétion du Vainqueur toutes ces Dames qui étoient

(a) A la troifieme lune

khan.

autant de femmes de l'Empereur, les Mogols entrerent dans Yen-king & s'en emparerent. 11 périt dans le défordre un 'an 1215. Apr. J. C. grand nombre d'habitans & d'Officiers; les Mogols mirent Genghizle feu au Palais, & l'incendie dura un mois. Genghizkhan qui étoit alors à Hoam-tcheou en Tartarie, fit féliciter le Général Mafgan fur cette grande victoire, & lui ordonna en même tems de faire tranfporter en Tartarie les foyes, l'or & l'argent qui étoient dans le tréfor. Koutouktou-novian & deux autres Officiers qui avoient été envoyés par Genghizkhan, furent chargés de cette commiffion. Mo-nien s'étoit retiré à Pao-ting-fou, d'où il fe rendit à Kai-fong-fou. L'Empereur ne lui dit rien de la prife de la capitale, & lui donna même une Charge confidérable; mais quelque tems après il le fit mourir. Ce Général étoit accufé d'avoir de mauvais deffeins. Van-yen dont le Mémoire avoit été préfenté à l'Empereur fut honoré, quoique mort, du titre de Vang, ou de Roi.

Après la prife d'Yen-king, Genghizkhan ordonna au Gé néral Mafgan de rechercher avec foin un Officier qui étoit de la famille Royale des Khitans, appellé Ili-tchou-tfai (a). Lorsqu'on l'eût trouvé on le conduifit à Genghizkhan, qui conçut une fi grande eftime pour lui, qu'il le déclara fon premier Miniftre. Il ordonna enfuite au Général Sankepa d'aller forcer le fameux détroit nommé Tong-koan, qui eft fitué entre les montagnes fur les frontieres du Chenfi & du Honan. Sankepa avec dix mille chevaux fe rendit par pays du Roi de Tangout à Siganfou, & tenta vainement de paffer par le Tong-koan. Il fut obligé de prendre une autre route par la montagne Song, d'où il fe rendit à Joutcheou. Après, bien des fatigues qu'il effuya pour paffer de profondes ravines fur lefquelles il étoit contraint de faire des petits ponts avec les halebardes & les piques de fes foldats, il parvint enfin devant Kai-fong-fou. Mais les troupes de l'Empereur ayant fait une fortie, elles l'obligerent de fe retirer jufqu'à Chen-tcheou, à quinze lieues du Tong-koan, & il fut trop heureux de trouver le Cara

le

(a) On le nomme Tchou-tfai par abbréviation.

་་་བ

Apr. J. C.

moran gelé pour le paffer fur les glaces & fe fauver. L'Em L'an 1215. pereur des Niu-tché fit faire alors quelques propofitions de Genghiz- paix à Genghizkhan; mais celui-ci ayant exigé des conditions trop dures, on fe fépara pour reprendre les armes.

khan.

L'an 1216.

Pendant ce tems-là les Généraux Ouïr & Mogli étoient occupés à diffiper quelques partis qui avoient voulu fecouer le joug des Mogols dans le Leao-tong. Ils y laifferent plufieurs Officiers, Tchang-ping l'un d'eux avoit reçu ordre de Mogli d'aller joindre quelques troupes qui étoient dans la Chine; le deffein de ce Général étoit de s'emparer de plufieurs poftes importans; mais ayant été informé que Tchang-ping trahiffoit les Mogols, il le fit mourir. Auffitôt Tchang-tchi, frere de ce traître, ne fongeant qu'à venger fa mort, s'empara de Kin-tcheou & de plufieurs autres places qui font fituées entre la riviere Siramouren (a) & la mer Orientale; il prit le titre de Roi, & fe déclara en faveur des Niu-tché qui le mirent à la tête de leurs armées dans le Leao-tong. Mogli fut contraint de venir faire le fiége de Kin-tcheou, place forte, & dans laquelle y avoit une bonne garnifon; il ordonna en même-tems au Général Ouïr d'aller s'emparer d'un pofte qui étoit fur une montagne voifine, pendant qu'un autre fe tiendroit entre la ville & ce pofte pour couper toute communication. Tchang-tchi voulut aller au fecours & fortit de la ville, Mogli vint le furprendre à la pointe du jour, le tailla en pieces, & l'obligea de rentrer dans Kin-tcheou, où il fe défendit encore pendant plus d'un mois. Un Officier de la garnifon le livra aux Mogols; alors Mogli lui fit couper la tête, & s'empara de la ville.

il

Les Niu-tché ne fe foutenoient pas mieux dans la Chine; les Mogols enfin parvenus à forcer le Tong-koan (6) vinrent camper entre la ville de Jou-tcheou & la montagne Song. La capitale de l'Empire fut effrayée de les voir fi proches d'elle, on délibéra beaucoup dans le Confeil de l'Empereur, on craignoit que les Mogols ne vinffent faire le fiége de Kai-fong-fou: pour les arrêter, on proposa de

(a) On la nomma en Chinois Leao

(b) A la dixieme lune.

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