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khan.

mettre une armée en campagne, d'aller reprendre Tongkoan, de fortifier les frontieres du Chenfi & les paffages du Lan 1216. Apr. J. C. Caramoran, afin que les Mogols ne puffent faire des cour- Genghizfes dans le Honan. Mais le Miniftre Kao-ki n'eut aucun égard à tous ces avis, & ruina l'Empire des Niu-tché à la Chine, en perfuadant à l'Empereur de ne fonger qu'à défendre fa capitale. Le Général Samouka, furnommé Bahadour, à caufe de fon courage (a), commandoit alors l'armée Mogole; après avoir fait des courfes dans le Honan, il avoit repaffé le Caramoran, & marchoit vers Pim-yamfou, ville confidérable du Chanfi. Auffi-tôt le Gouverneur de cette place, nommé Su-ting, ordonna à tous les Officiers des places voifines, qui étoient fous fes ordres, de venir le joindre avec leurs troupes; il en compofa une armée, avec laquelle il alla attaquer les Mogols, & les défit.

Pendant que les Généraux de Genghizkhan étoient à la tête de fes armées dans la Chine, ce Prince fe repofoit des fatigues de la guerre dans un palais qu'il avoit fait conftruire en Tartarie, auprès de la riviere Lou-ku, que Fon foupçonne être la même que le Kerlon. De-là s'étant tranfporté auprès de la riviere Toula, il fit affembler tous les Grands L'an 1217′′de fa Cour, afin de délibérer avec eux fur les affaires de l'Empire, qui étoit menacé d'une nouvelle guerre du côté de l'Occident. Dans la Tartarie plufieurs Hordes avoient pris les armes, & le Sulthan de Kharizme avoit fait mourir les Ambassadeurs que Genghizkhan lui avoit envoyés pour établir le commerce entre les deux nations. Om fongea d'abord à réduire les Hordes rebelles, & l'on prit des mefures pour conferver les conquêtes qu'on avoit faites dans la Chine. Sudai bahadur fut nommé pour porter la guerre chez les Merkites; Tchepe-novian, dans les pays voifins de l'Irtifch, & contre Kefchlouk, Khan des Naïmans; ce dernier avoit foulevé plufieurs Hordes, s'étoit fait reconnoître Khan, & avoit époufé la fille de Gourkhan, Empereur du Carakhatai; enfuite de concert avec Mohammed, Sulthan de Kharizme, il avoit détrôné Gourkhan. Touchi

(b) Bahadur veut dire un brave. Les Chinois prononcent Patourou, & ap

pellent le Général, dont il s'agit, Sa
moho.

Apr. J. C. reçut ordre d'aller dans les pays feptentrionaux qui font au. L'an 1217. Nord-oueft de la Chine. Mogli, dont Genghizkhan fit puGenghiz- bliquement un grand éloge, fut déclaré Généraliffime des

troupes, & fon Lieutenant général dans la Chine. Il lui conféra le titre de Roi, voulut que cette dignité fût héréditai- › re dans fa famille, & en préfence de toutes les troupes Chinoises & Tartares qui avoient leurs étendarts déployés, il lui donna un cachet d'or pour fceller fes ordres. Mogli fe rendit à la Chine avec les troupes qu'il avoit fous fes ordres, & s'empara en peu de tems d'un grand nombre de villes du Chanfi, du Pe-tcheli & du Chantong. La ville de Li-tcheou, dans le Pe-tcheli, qui ofa faire de la résistance, fut obligée de fe rendre, & Mogli ordonna que l'on paffât au fil de l'épée tous les habitans; mais un de fes Officiers, nommé Tchao-tfin, s'étant jetté à fes pieds, & offrant de mourir pour fauver la vie à fa mere, à fes freres qui étoient dans la ville, & aux autres citoyens, Mogli fut touché de fa gé-; nérofité, & accorda la vie aux habitans. Genghizkhan, qui fe préparoit à marcher en perfonne dans l'Occident, confia le gouvernement de la Tartarie à fon frere Tamouka (a). Il choifit quelques Officiers Chinois pour l'accompagner dans fon expédition, forma plufieurs compagnies de foldats, dont l'art étoit de lancer de groffes pierres avec de grandes machines. Enfuite tous ces Généraux partirent avec leurs ar mées.

Kudath (b), frere de Toctabegh, Khan des Merkits, avec fes deux neveux, venoit de paffer chez les Naimans, où il excitoit les peuples à la révolte. Sudai bahadur & Camu-tuchazar, avec un corps confidérable de troupes, marcherent contre lui; ils le rencontrerent fur le bord de la riviere Dfam mouran, le mirent en déroute, & firent rentrer les Merkits dans le devoir. Bourgou (c) novian marcha contre les Tumats, qui avoient auffi commis des hoftilités ; ce Général vint à bout de les foumettre, en fit maffacrer un grand nombre, & exerça fur le refte une rigueur fi terrible, que Genghizkhan en fut touché, & leur pardonna. Tchepe

(4) Les Chinois le nomment Tiemou-ko.

(b) Pétis le nomme Coudoù khan. (c) Pétis le nomme Baba noyian.

novian

khan.

novian (a) alla attaquer Keschlouk, qui étoit le plus puiffant & le plus redoutable de tous ces ennemis. Les Kang-li, L'an 1218. Apr. J. C. les Captchac, les Khitans, & d'autres peuples avoient em- Genghiz braffé fon parti, trois cens mille Khitans avoient pris les armes en fa faveur. Avec une armée fi fupérieure à celle des Mogols, il vint au-devant d'eux. Genghizkhan qui étoit luimême à la tête de fes troupes, remporta une grande victoire fur Keschlouk. Dans cette bataille Couba (b) ayant été bleffé dangereusement, Genghizkhan lui rendit vifite, & le fit panser en la présence. Tchepe-novian pourfuivit Kefchlouk, & lui tua encore beaucoup de monde. Kefchlouk, avec quatre perfonnes, fe fauva auprès de Sarekoll, dans le voisinage de Badakschan, mais le Général Mogol, qui ne ceffoit de le poursuivre, ayant appris par quelques payfans qu'il prenoit cette route, le joignit auprès de Sarekoll, lui fit couper la tête, & revint enfuite joindre Genghizkhan. Ce Prince avoit détaché Couba, qui étoit rétabli de sa blessure, vers Bischbalig. Almaligh, Bedakhfchan & les pays voifins furent foumis à Genghizkhan, de même que la ville de Kafchgar & ce Prince fut reconnu Empereur par les Carakhitans, par les Naïmans, & par les Kang-li.

Après avoir ainfi foumis toute la Tartarie, les Mogols marcherent vers Otrar (c), qui appartenoit au Sulthan de Kharizme. Nous avons vu dans le Livre précédent quels étoient les motifs qui engagerent Genghizkhan à porter la guerre dans l'Empire des Kharizmiens (d): le malfacre de fes Ambaffadeurs commis à Otrar (e) par Ghaïrkhan, Gouverneur de cette ville, étoit un motif légitime, & plus que fuffifant, pour déterminer ce Prince à entreprendre cette guerre contre un Monarque auffi puiffant que Mohammed, L'un & l'autre avoient de nombreuses armées, & Mohammed étoit en état de réfifter aux Mogols. Auffi Genghizkhan prit-il les mesures néceffaires pour ne point fuccomber dans une entreprise fi délicate. Outre ces motifs il étoit encore

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Apr. J. C.
L'an 1218.

follicité par le Khalif Nafer, ennemi irréconciliable du Sulthan, depuis que celui-ci avoit eu la témérité de nommer Genghiz- dans fes Etats un autre Khalif qu'il vouloit conduire à Bagdad. Genghizkhan qui n'étoit occupé que du projet de cetAboulfa- te guerre, fit publier que Dieu lui accordoit fa protection. I

khan.

radge.

prétendoit avoir vû en fonge un Evêque qui étoit venu le Îui annoncer de la part de Dieu; ce perfonnage, comme il le dépeignit à fon réveil, étoit Mar-denha, Evêque du pays d'Igour. Genghizkhan voulut le voir. On ajoute que c'eft depuis ce tems-là qu'il protégea toujours les Chrétiens. Quoi qu'il en foit, après avoir été joint par Arflan, Khan des Karlicks, par Idikout, Khan d'Igour, par Saphtac, Khan d'Almaligh, il fe mit en marche vers les Etats du Sulthan de Kharizme.

Pendant ce tems-là Toufchi, qui revenoit d'une expédi– tion qu'il avoit faite au Nord du Sihon, & qui marchoit pour rejoindre l'armée de fon pere Genghizkhan, rencontra un corps de Kharizmiens, proche les rivieres de Cabli & de Camzi (a), qu'il tailla en piéces. Le lendemain le Sulthan de Kharizme, qui espéroit furprendre ce détachement des Mogols, arriva avec toute fon armée. Après s'être informé de quelques foldats bleffés quelle route Toufchi avoit prise, il marcha en diligence, & fe trouva bientôt en préfence des Mogols. Toufchi qui n'avoit pas d'ordre de livrer bataille à Mohammed, & dont l'armée étoit inférieure, fit affembler fes Officiers pour délibérer fur le parti que l'on prendroit. Tous étoient d'avis qu'il ne falloit point s'expofer à une bataille; mais Touschi, perfuadé qu'il feroit honteux pour lui de reparoître devant fon pere après avoir pris la fuite, penfa qu'il étoit plus à propos de livrer un combat, que de périr en fuyant; il mit auffi-tôt fes troupes en bataille, & marcha à l'ennemi. Dans la mêlée il perça plufieurs fois les rangs des Kharizmiens, joignit le Sulthan de Kharizme, auquel il porta plufieurs coups de fabre, que celui-ci para heureufement. Les Kharizmiens, malgré leur fupériorité, étoient fur le point de prendre la fuite; Mohammed les ranima par

a) Elles fe jettent dans le Sirth

L'an 1218.

fon exemple, & les engagea à tenir ferme jufqu'à la nuit, par-là il évita la honte d'une fuite, & lorfque la nuit eût fé- Apr. J. C. paré les combattans chacun rentra dans fon camp. Les GenghizKharizmiens étoient réfolus de recommencer le combat le khan. lendemain; mais Toufchi, qui croyoit en avoir fait affez pour en imposer aux ennemis, fit allumer plufieurs feux, décampa à la faveur de la nuit, & alla rejoindre Genghiz khan (a).

Ce Prince qui venoit d'être informé que le Sulthan de Hift. géné Kharizme avoit difperfé fes troupes dans fes places, & qu'il des Tatarse s'étoit retiré dans l'intérieur de fes Etats, détacha fes deux fils, Oktai & Zagatai, avec un grand corps de troupes pour aller faire le fiége d'Otrar; il envoya fon autre fils Toufchi vers la ville de Nadgiand ou Jonde & fes Généraux Alan. (b) novian & Suktubouga, avec cinquante mille hommes, du côté de Khojend & de Pharnacande ou Phenaket, autrement Toncat, pendant qu'avec le refte de fon armée il alla, suivi de Touli, vers Bokhara. La premiere ville qu'il rencontra fut celle de Sarnouc. Ses foldats jetterent de fi grands cris, L'an 1219å en s'approchant de cette place, que les habitans effrayés Aboulfafermerent leurs portes & réfolurent de fe défendre; mais radge. Hill. géné Genghizkhan leur ayant envoyé un homme appellé Da des Tatars, nifchmend hadgib, pour les engager à fe foumettre, & leur faire voir qu'ils ne pourroient réfifter long-tems à fes armées innombrables, ils prirent le parti d'aller audevant de lui avec des préfens. Genghizkhan les reçut avec bonté, ordonna que leur ville porteroit déformais le nom de Koutlouk-baligh, choisit enfuite tous les jeunes gens qu'il destina à renforcer fon armée, & permit au reste de demeurer dans la ville. Il marcha enfuite vers Nour fituée entre Bokhara & Samarcande. Les habitans qui espéroient que le Sulthan de Kharizme leur enverroit des. fecours, fe laifferent fommer plufieurs fois de fe rendre, & n'obéirent que lorfque Genghizkhan fut irrité de leur réfiftance. Pour les punir il ordonna qu'ils miffent à part les 1 beftiaux, les grains & les légumes, dont ils avoient un

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(b) M. Pétis le nomme Elac noïan.

Petis.

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