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XXX. Qu'on rétablira dans l'églife les anciennes pénitences publiques pour les péchés griefs & publics, comme auffi les jeûnes & les mortifications publiques & les autres exercices laborieux de la pénitence, pour appaiser la colere de Dieu.

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XXXI. Comme l'excommunication & l'anathême font les plus fortes armes que l'église employe pour les fautes énormes & les grands péchés, elle ne s'en fervi ́ra que quand le pécheur sera incorrigible, & ne viendra point à refipifcence après une feconde & une troifieme monition.

XXXII. Que les procès pour les bénéfices ayant déshonoré prefque tout l'ordre eccléfiaftique, nonfeulement on abolira cette nouvelle distinction du pétitoire & du poffeffoire en matiere bénéficiale, mais encore on ôtera aux, universités les nominations que le concile de Bafle leur avoit accordées ; & l'on ordonnera aux évêques de fuivre cette maxime de faint Gregoire pape, qui leur commande de donner les bénéfices, non pas à ceux qui les demandent, mais à ceux qui les fuyent, & qui par-là même les méritent. Que ceuxlà, généralement parlant, feront cenfés les mériter, qui après avoir pris quelque dégré dans une univerfité, fe feront appliqués pendant quelque tems à la prédication, avec le consentement de l'évêque, & l'approbation du peuple ; que lorfque quelqu'un aura obtenu la collation de l'évêque, ou la nomination du patron, il ne fera pas permis au fupérieur de donner ce bénéfice à un autre, à moins que le premier nommé ne foit déclaré indigne par les juges.

XXXIII. Quand il y aura procès touchant la collation ou présentation de quelque bénéfice, & fur

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le droit de le conférer, l'évêque après avoir pris le conAN. 1563. feil de fon chapitre, établira premierement au bénéfice vacant un econome qui en percevra les fruits, & qui deffervira l'églife, en fatisfaifant à toutes les charges, fans rendre aucun compte de fon administration à celui qui fera pourvû du bénéfice, parce que le:: revenu n'appartient qu'à celui qui a fait l'office. Que les deux contendans choifiront des eccléfiaftiques-fçavans pour arbitres, faute de quoi l'évêque leur en don& que ces arbitres décideront l'affaire dans fix. mois, fans qu'on puiffe appeller de leur jugement, ou que fi le concile jugeoit qu'on en dût appeller, il ordonnera en même tems que la fentence fera mife à exé

nera,

cution.

XXXIV. Que les fynodes diocésains se tiendront au moins une fois chaque année; les provinciaux tous les trois ans, pour y traiter du choix des miniftres, & des fautes de ceux qui s'écarteront de leur devoir, afin qu'ils foient séverement punis. Que l'on tiendra auffi des conciles généraux tous les dix ans, à moins qu'il ne fe trouve quelque empêchement confidérable.

L'original de ces demandes étoit figné du roi, de la reine régente, d'Alexandre frere du roi, qui fut enfuite Henri III. d'Antoine-roi de Navarre, de Charles de Bourbon de la Roche-fur-Yon, de François de Lorraine duc de Guife, du connétable de Montmorency, de Michel de l'Hôpital chancelier de France & des maréchaux de Saint-André, & François de Montmorency.

L'on y faifoit auffi mention de la délibération qu'on avoit prife sur ce fujet dans le confeil d'état, en préfence du cardinal de Lorraine, avant fon départ pour

le concile, de Nicolas Pellevé archevêque de Sens, & de Jean de Morvilliers évêque d'Orléans, de l'avis def- AN. 1563. quels tous ces articles avoient été dreffés, & l'on preffoit particulierement celui du rétablissement de la communion fous les deux efpeces, comme un remede néceffaire aux maux qui augmentoient de jour en jour dans le royaume.

Il n'y eut point de congrégation le mercredi fixieme de Janvier, à caufe de la fête de l'Epiphanie qu'on folemnifoit ce jour-là.

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VI.
On continue

tions avant la

Nicol. Pfalm.

Le lendemain jeudi Pierre d'Albert, François, évêque de Comminges dit fon fentiment fur la réfidence: après lui Pierre Danez évêque de Lavaur, après avoir les congrégaexhorté les peres à l'affaire de la réformation, dit en feflion. parlant de la réfidence, que bien qu'elle fût de droit in alis Trid. ut divin, il ne croyoit pas néanmoins qu'on dût en faire Supp. 361. une définition, à moins qu'on n'entrât dans le détail des devoirs de l'évêque. Alexandre de Sfortia de SainteFiore évêque de Parme dit qu'il falloit ménager ceux de la cour Romaine, qui ne manqueroient pas de défenfeurs. Martin de Cordula de Mendoza, dominicain Espagnol & évêque de Tortofe, dit, qu'il ne convenoit pas de demander que le concile décidât que la réfidence étoit de droit divin; que le pape étant, felon lui, directeur du concile, c'étoit à lui à y propofer ce qu'il jugeroit à propos, & qu'il devoit feulement laifler aux évêques la liberté de dire leur avis ; mais ce prélat changea de fentiment dans la fuite, il opina pour la réfidence de droit divin, & foutint même que le pape étoit obligé par le même droit de contraindre les évêques à réfider, & à lever tous les empêchemens qui arrêtent les fruits de la réfidence.

act. conc. Trid. p. 362.

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Dans la congrégation du vendredi huitieme de JanAN. 563 vier, après qu'un évêque Efpagnol fe fut élevé conNicol. Pfal. in tre ceux qui demandoient qu'on définît la résidence de droit divin, & contre la réformation que quelques ambaffadeurs demandoient, Melchior Avoimediano évêque de Guadix remontra, que comme les devoirs d'un évêque font commandés par le droit divin, il falloit dire la même chofe de la réfidence, fans laquelle on ne pouvoit s'en acquitter. Il cita une lettre de faint Athanafe à un évêque de l'ifle de Crete, où ce faint docteur prouve qu'un évêque devoit être affidu dans fon diocéfe, que rien ne devoit l'en éloigner Il ajouta que c'étoit un péché mortel dans un pafteur de s'en abfenter fans une nécefsité très-presfante. Il parla enfuite de l'abus qui s'étoit introduit dans l'église touchant la pluralité des bénéfices, il exhorta les peres à faire contre cet abus les réglemens convenables, où l'on comprit auffi les cardinaux, & affura qu'un certain homme dans le diocéfe de Leon en Espagne, avoit eu jufqu'à vingt-huit & trente bénéfices.

VII.

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Un autre évêque Espagnol religieux Carme parla après lui & opina à peu près de même, mais avec plus de foibleffe.

*

Dans l'affemblée du lendemain quelques canoniftes Italiens parlerent, entr'autres l'évêque d'Oppido dans la Calabre, qui dit, que les évêques ne recevoient leur puissance ni de Dieu, ni de faint Pierre, mais des princes qui absorboient la jurisdiction eccléfiaftique ce qui fit rire toute l'affemblée.

Le dimanche dixieme de Janvier le cardinal de Lorá Trente en ac-raine célébra pontificalement une méffe du Saint-Ef

Meffe célebrée

AN. 1563.

de la victoire du

Nicol. Pfalm.

prit, à laquelle affifterent les légats, les ambaffadeurs & les peres, en action de graces de la victoire remportée auprès de Dreux par le duc de Guife fur les Calvi- tions de graces niftes: L'évêque de Metz y fit un difcours fort long, roi de France. mais très-éloquent, dans lequel après avoir beaucoup ibid. ut fup. relevé la valeur du duc, il parla avec éloge des officiers morts dans cette action, pour lefquels l'évêque de Meaux célébra folemnellement la meffe le lendemain. Enfuite le prédicateur avertit les peres du concile de travailler férieusement à la grande affaire de la réformation, & de ne la point négliger, s'ils ne vouloient pas voir la ruine entiere du chriftianifme.

Le lendemain la matinée ayant été employée à célé brer un fervice pour les morts, on tint une congrégation l'après-midi, où les fentimens furent affez partagés; & l'affemblée étant finie, un grand nombre d'évêques affifterent aux funérailles de Louis Vannini de Theodolio évêque de Brentinone, qui fut enterré chez les Dominicains. Le douzieme de Janvier André Dudith Hongrois, évêque de Tina en Dalmatie, ambaffadeur du clergé de Hongrie, dit en parlant des défordres · de fon pays, que les évêques étoient continuellement en guerre avec les ennemis de la religion, & il exhorta les peres à finir promptement l'affaire de la réformation, afin que les prélats euffent la liberté de retourner dans leurs diocéfes; leur préfence y étant fi nécessaire, ajouta-t'il, que pour les obliger à y demeurer, on ne doit faire aucune difficulté d'établir la réfidence de droit divin, fans fe mettre en peine de ceux qui prétendoient fauffement que par une décifion fi fage, & fi conforme aux faints canons on diminuoit l'auto-rité du pape.

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