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action fur elle-même pour vouloir ou ne pas vouloir (a)... Or qui empêche qu'il ne lui ait été donné pareillement une action fur le méchanifme auquel elle eft unie?

Quelques Métaphyficiens par leurs diftinctions fingulieres femblent avoir donné lieu aux Matérialistes de dire, que puifqu'il y a des modifications dans l'intelligence, & quelle ne peut fe déterminer d'elle-même, elle n'eft rien de plus qu'un artificieux méchanifme.

Mais il importe extrémement de prouver contre eux, que les différentes opérations de l'ame ne font nullement des modifications de fa fubftance, & que la différence qui y paroît, eft moins en elle que dans les objets vers lefquels elle fe porte... . Ce n'eft que par l'effet d'une feule & même puiffance

(a) Res cogitans illa eft quæ poteftatem habet volendi & nolendi, negandi & affirmandi. Spin. Cogit. Metaph. Append. Part. 2. Cap. 12.

Clarè fequitur nos femper poffe cavere ne in errores incidamus. Princip. Cartef. Part. 1. Prop. 14. Vid. Schol.

que

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l'ame veut, ou qu'elle ne veut pas; & cette puiffance n'eft nullement un accident, mais une propriété de fa fubftance & une fuite néceffaire de fa deftination (a)... Car les Matérialistes mettent tout en ufage pour établir que l'ame eft une fubftance purement paffive, afin d'en conclure qu'elle n'eft rien de plus qu'un mode d'une certaine ma tiere déterminée à la forme du corps humain... Et il importe infiniment d'établir au contraire & de démontrer qu'elle eft une fubftance effentiellement active... Ce qui ne fe peut, fi elle n'a pas dans fa nature une force mouvante & une détermination fpontanée & libre, c'est-à-dire, fi fa volonté & fon action ne font pas à elle.

Ces mêmes Métaphyficiens cités plus haut, ont femblé encore vouloir établir que l'intelligence créée n'étant rien avant qu'elle exiftât, elle ne peut con

(4) Chacun fent en foi-même que la fubftance qui veut aujourd'hui le bien, & demain le mal, eft affurément la même en nombre, (c'est-à-dire en nature)

féquemment rien avoir dans fon fond qui lui foit propre; & par une fuite de la même conféquence, n'étant ce qu'elle est que dans le principe duquel elle tient fon être ; & ne pouvant rien que par lui & en lui, elle n'a point d'action proprement dite (a)... C'eft relever, ajoutent-ils, la majefté de l'Etre fouverain, que de mettre toutes les opérations de l'intelligence créée dans une entiere dépendance. . . Un état contraire feroit injurieux au Créateur... Mais ils ne font pas attention que quand même l'intelligence créée jouiroit d'une indépendance entiere dans fes opérations, cette indépendance ne fçauroit

(a) Il faut mettre dans ce rang ceux qui établiffent que l'ame ne produit point fes idées, mais qu'elles lui viennent de Dieu immédiatement, excepté les mauvaises, fans dire ni pourquoi, ni fur quoi ils fondent un tel principe, qui femble exiger du moins que l'on y apporte quelques modifications. Car fi les bonnes idées ne font point produites volontairement & librement dans notre ame, pourquoi les mauvaises n'y feront-elles pas produites par la même nécef fité? C'eft ce qu'il falloit dire, & ce qu'ils n'ont point dit.

jamais être telle qu'elle fût injurieuse au Créateur, puifqu'elle ne feroit que l'effet de fa puiffance & de fa volonté... Ce paffage de l'Ecriture, où on lit, que c'eft en Dieu que nous vivons, que nous fommes mûs, & que nous exiftons (a), ne veut aucunement dire que notre existence & nos opérations foient les fiennes; nous avons de bonnes preuves du contraire; mais que c'eft par l'effet de fa puiffance que nous avons l'être, & que c'eft par l'effet de fa volonque nous le tenons en la mesure & en la maniere qu'il nous a été donné ...

De ce que l'intelligence a été créée, il ne s'enfuit pas qu'elle n'ait pu produire aucune opération dont elle ait été le principe; & ce qui nous porte à le croire, c'est l'idée que nous avons néceffairement de la juftice... Entre les intelligences d'une nature fupérieure que Dieu a créées dès le commencement, plufieurs ont été privés de lui... Or felon les notions que Dieu nous donne lui-même de la juftice (b), il

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At. Apoft. Cap. 17.

Cogit. Metaph. Append. Part. 2.

faut que celles de ces intelligences qui font privées pour jamais de la fouveraine félicité, ayent une conviction qui égale leur malheur, c'eft-à-dire, qui foit infinie; que c'eft avec une juftice parfaite qu'elles font déchues d'un état que le mauvais ufage de leur liberté leur a fait perdre, fans qu'elles puiffent attribuer leur perdition à une caufe qui ne foit pas en elles (a). Quod propriè malum eft, id ab ultroned & voluntariá electione fumpfiffe principium fcito. Malitia quifque fuæ fe ipfum autorem agnofcat (b).

Quelques Auteurs ont femblé crain

Cap. 8. Vous y verrez que.... felon Spinofa, il n'eft pas néceffaire pour être éternellement malheureux d'être coupable; & voici comme il le prouve. Si tantùm illi quos ex libertate fingimus peccare puniendi effent; cur homines ferpentes exterminant? N'est-ce pas là une belle preuve !

(a) Oportebat enim illis fine excufatione fupervenire interitum .... Eum enim qui non debet puniri

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condemnare exterum judicas à tuâ virtute. Sapient. Cap. 16. v. 4. Cap. 12. v. 15. 16.

(b) Bafil. Magn. Hexa. Homil. 2.

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