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même naturel, en vertu de fa connoiffance & de fa liberté, s'oppofer aux fuites que les fenfations pourroient avoir fi elle s'y livroit fans examen ; & c'est là un des caracteres qui la diftingue effentiellement de l'ame des brutes, qui fait néceffairement tout ce qu'elle fait. Je vois que les compléxions chaudes ou froides, feches ou humides, n'occafionnent les différentes inclinations, & ne constituent les différens caracteres, que par la différence des fenfations; mais je vois en même tems que la compléxion, telle qu'elle foit, ne peut impofer de néceffité invincible pour les opérations morales, parce que l'ame, qui, de fa nature, eft intelligente, n'a été unie au corps, pour lui obéir fans exception, mais plutôt pour le régir. J'obferve encore que la complexion peut fort bien occafionner à l'ame un penchant naturel au vice ou à la vertu, c'eft-à-dire, qu'elle peut influer fur l'organe d'une maniere à occafionner des fenfations propres à la porter au vice ou à la vertu, mais je vois en même tems que cela ne peut avoir fon effet que l'ame ne s'y prête ; parce que l'impref Tome I.

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pas

fion & la fenfation font foumises à l'examen comme à l'autorité de l'intelli gence. Voilà l'action libre de l'ame humaine, & ce que l'expérience perfonnelle apprend à tout le monde. Je vois que la même cause opere les mêmes effets, proportion gardée dans les animaux; car ils ont, comme nous leurs complexions particulieres qui les différencient; & conféquemment ils ont auffi leurs caractères & leurs inclinations; mais ils n'ont, ni vices, ni vertus, parce qu'ils n'ont, ni la liberté de l'action, ni la faculté de l'examen & parce qu'étant toujours & néceffairement déterminés par les impreffions faites fur l'organe, ils n'ont point d'opérations libres & fpontanées (a)... Ce qui n'eft pas dans l'homme; ainfi que chacun peut s'en rendre à foi-même un témoignage non fufpect; quoi qu'en dife Spinofa, qui

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(a) Virtus & vitium folis ratione præditis contingunt, quibus folis datum eft feire quare, quatenùs, quemadmodum. Sener. Epift. 124.

penfoit intérieurement comme nous, & qui agiffoit en conféquence (a).

Voyant donc la matiere paffer conftamment par tous ces différens dégrés & prendre toujours les formes propres à chaque efpece; & ne la voyant jamais agir, mais au contraire fournir mais agir, mais toujours un fujet d'action; pourquoi le Matérialiste voudra-t-il que je n'aie pas l'idée d'une fubftance fupérieure à la matiere; effentiellement diftinguée d'elle, agiffant fur elle, fans avoir aucune analogie phyfique avec elle, & produifant en moi ce que j'appelle la pensée ?

D'ailleurs le Matérialiste fçait-il affez bien lui-même ce que c'eft que fentir, penfer, connoître, raifonner pour décider fi affirmativement que la matiere, en vertu d'un arrangement qu'elle ignore, peut fentir,

(b) Ethic. Part. 2. Ptop. 48. Vid. Schol. & paffim.

Il fe contredit fur-tout. Cogit. Metaph. Append. Part. 4. Cap.12.

penfer, connoître

raifonner? Pen

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dant qu'il eft fi clairement & fi invinciblement démontré par la raison & par les Ecrits de tant de Philofophes fublimes, que la matiere na rien de plus par fon extenfion, que la capacité de recevoir la forme, & de fubir l'action.

Fin du Tome premier.

Fautes à corriger, contenues dans le Tome premier

Age 16 ligne 6, exiftée, lifez exifté. Page 58 ligne 10,chacunes,lifex chacune. Page 94 ligne 1, ne s'entendroit, lifez ne

s'étendroit.

Page 115 ligne 20, que nous le difons, lifez nous ne le difons.

Page 116 ligne 19, qu'elle veut, lisez qu'elle

le veut.

Page 159 ligne 22, ame, lifez l'ame.

Page 204 ligne 21, poumons, lifez pomons. Page 254 ligne derniere, à point, lifez n'a point.

Page 266 ligne 22, ame, lifez l'ame.

Page 290 à la remarque, Áriftoxens, lifez

Ariftoxenès.

Page 381 à la remarque, t-noc, lifez notre

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