J. Godin Sculp DISCOURS ET AUTRES PIECES INTÉRESSANTES DU PAPE CLÉMENT XIV. DISCOURS SUR LA RELIGION; Prononcé à Afcoli, vers l'an 1732.. Filii, audite me; timorem Domini docebo vos. Mes enfants, écoutez-moi; je vous apprendrai à craindre le Seigneur. TANDIS que la fortune ne prêche de toutes parts que l'amour des richeffes; que Tome IV, Part, II. A la volupté fait entendre fa voix féduifante, pour nous envelopper dans fes filets; que la gloire nous offre tous les honneurs du monde, pour nous enivrer d'un vain encens; que tous les objets embellis par la nature, font autant d'échos qui retentiffent des charmes de ce monde, & qui nous invitent à nous y attacher: la Religion nous conjure de ne nous occuper que de Dieu Filii, audite me; timorem Domini docebo vos. Qu'il eft éloquent ce langage tout divin qu'il renferme de chofes en peu de mots! Ce n'eft point ici le difcours d'une perfonne qui cherche à nous tromper, ni l'élocution d'un Rhéteur qui emploie .des paroles pompeufes pour furprendre notre crédulité; c'eft la Religion elle-même, qui, fille du Ciel, & mere des vertus, n'eft defcendue fur la terre que pour établir un faint concert entre l'homme & Dieu, & pour y donner un fpectacle mille fois plus admirable & plus touchant, que toutes les beautés éparfes dans ce vafte Univers. Je la vois cette Religion toute fainte, fortant du fein de Dieu même comme un éclair, & répandant fa lumiere d'une pôle à l'autre, avec le plus grand éclat & la plus grande majefté. Toutes les Nations frappées d'un tel prodige, vont fans doute avec des tranfports d'admiration lui prodiguer les hommages de leurs cœurs & de leurs efprits, oublier enfin la nature entiere, & fe détacher de toutes les créatures, pour ne plus contempler que ce grand & magnifique objet. Non, mes Freres, & par l'aveuglement le plus incroyable, les objets les plus frivoles, & qui n'ont qu'un éclat momentané, feront difparoître aux yeux des mortels cette Religion même, qui vient environnée de -toute la gloire de Dieu. Il n'y aura que quelques ames privilégiées, que le monde regarde même avec mépris, qui entendront fa voix. On prêtera l'oreille à la voix des fyrenes & des ferpents; & on la fermera à celle de la Religion, qui appelle avec la plus grande tendreffe tous les hommes, & qui leur recommande plus que toutes chofes la crainte du Seigneur: Filii, audite me; timorem Domini docebo vos, Il n'y a point de mere plus tendre que la Religion; il n'y en a point qui chériffe plus fincérement fes enfants, ni qui foit plus capable d'exécuter tout ce qu'elle entreprend pour leur bonheur. On admire Monique, cette femme incomparable, qui répandit tant de larmes. fur fon fils Auguftin; qui traverfa les mers avec le courage le plus héroïque pour ne pas l'abandonner, fe rendant d'Afrique en Italie, uniquement occupée de fa converfion, attendant avec une fainte impatience les moments de la grace néceffaire pour changer fon cœur : cependant, Chrétiens Auditeurs, Monique n'offre ici qu'une étincelle du feu qui embrafe la Religion, quand il s'agit de fecourir le pécheur. Je vois la terre & les mers témoins du zele du grand Apôtre, de la ferveur de les autres Difciples qui fe fuccedent de fiecle en fiecle, pour répandre les vérités faintes jufques dans les Ifles les plus barbares, jufques dans les déferts les plus reculés. Ici, ce font d'heureuses tempê tes qui épouvantent efficacement les Idolâtres & les impies: là, ce font des nuées & bienfaifantes qui répandent à grands flots le Sang de Jefus Chrift. On entend par leur bouche facrée la Religion elle-même, qui ne ceffe de répéter avec la tendreffe la plus vive & la plus ardente cha- rité: Filii, audite me; timorem Domini docebo vos, Et c'est comme fi elle difoit à tous les hommes: je ne vous apprendrai point à manier la fphere & le compas; mais à tenir en main la Croix de Jesus-Chrift comme le plus ferme appui que vous puiffiez avoir je ne vous enfeignerai point les regles de la politique, qui n'eft que trop fouvent l'art de tromper; mais je vous montrerai fimplement la voie qui conduit au Ciel je ne vous apprendrai point à connoître le cours des Aftres, à découvrir les fecrets de la nature; mais je vous convaincrai que la figure de ce monde paffe, & qu'il n'y a rien de plus dangereux que de vous y attacher je ne vous ferai point la defcription de la *』 |