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fournir aux frais néceffaires pour les diverfes expériences & recherches que chaque académicien pourra faire; & afin de récompenfer l'affiduité aux affemblées de l'Académie, Sa Majefté fera diftribuer à chaque affemblée quarante jetons à tous ceux d'entre les académiciens qui feront 66 préfens. "

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L'affemblée fuivante, qui fut la première de la nouvelle académie, fe trouva composée des anciens académiciens & des nouveaux que le Roi avoit nommés. Quelques féances fe paffèrent à prendre la nouvelle forme que le règlement prefcrivoit. Les places d'honoraires, d'affociés & d'élèves qui restoient vides furent remplies, & l'on travailla à trouver un feeau & une devife.

Le fceau fut un foleil, fymbole des fciences, entre trois fleurs de lis, & la devife une Minerve environnée des inftrumens des fciences & des arts avec ces mots latins: Invenit & perficit. Enfin, après quelques autres préliminaires, cette compagnie commença au mois de mars à en venir à un travail férieux. Elle avoit jufques alors occupé une petite chambre dans la Bibliothèque du Roi; mais Sa Majefté lui donna dans le Louvre un logement fpacieux & magnifique où fe tint la première affemblée d'après Pâques, qui, felon le règlement, fut publique. Ce renouvellement pouvoit-il être accompagné de circon

ftances plus honorables pour elle & plus agréables pour le public?

L'établiffement de l'Académie royale des fciences eft le fujet de la quatre-vingt-huitième médaille de l'Hiftoire métallique de Louis XIV. Minerve y eft représentée; autour d'elle on voit une fphère, un fquelette, & un fourneau avec un alambic, ce qui marque l'aftronomie, l'anatomie & la chimie; pour légende: Nature Inveftigandæ & perfic. Artib., & dans l'exergue: Regia fcientiarum Academia inft. MDC.LXVI.

Comme les circonftances qui marquent l'estime que méritent ces fortes de fociétés ne fauroient être trop fues, la gloire des sciences ne permet pas d'omettre celle qui fe paffa au commencement du nouveau règne à l'égard de l'Académie qui fait le fujet de cet article.

Un jour, Monfeigneur le duc d'Orléans témoigna fouhaiter de voir cette compagnie. Elle en fut avertie auffitôt; & comme ce même jour elle étoit affemblée, elle se rendit au Palais-Royal, ayant à sa tête M. l'abbé Bignon. Son Alteffe Royale la reçut avec beaucoup de bonté & ne dédaigna pas d'entrer dans le détail des occupations de l'Académie. On vit alors le régent d'un grand royaume, occupé des affaires importantes & difficiles de l'État, paroître dans l'instant académicien, parler le langage de toutes les

fciences, ne point héfiter fur les matières les plus abftraites, enfin expliquer la nature, comme ceux qui l'ont étudiée toute leur vie. Quelqu'un ayant vanté le grand miroir ardent du Palais-Royal (1), Monfeigneur le duc d'Orléans en rapporta les effets furprenans, & donna les raifons d'une réflexion fi prompte, fi active & fi puiffante, avec une précision, une clarté & une facilité rare, peut-être même dans les plus habiles phyficiens. De forte que ce grand prince renvoya l'Académie auffi remplie d'admiration pour Son Alteffe Royale que glorieufe de l'honneur qu'elle venoit de recevoir.

Il reste à faire une remarque qui regarde également les trois académies dont on vient de parler, & qui est une preuve de la grande eftime où elles ont toujours été. Les perfonnes les plus distinguées par la naissance & par les dignités fe font fait de tout tems honneur d'entrer dans ces compagnies. Elles comptent aujourd'hui au nombre des acadé

(1). Ce miroir lantifque de verre & d'une grandeur extraordinaire étoit placé, felon Germain Brice (édit. de 1717, tome I, p. 207), dans le laboratoire fitué de plein pied avec les jardins. Jean Homberg, médecin confultant du duc d'Orléans, a fourni aux Mémoires de l'Académie des fciences, années 1702 & 1707, plufieurs differtations fur la fonte du fer & de l'or à l'aide des rayons de ce miroir.

miciens qui les compofent, des cardinaux, des archevêques, des évêques, des ducs & pairs, des maréchaux de France, des chevaliers de l'Ordre, des confeillers d'État, & d'autres favans très qualifiés.

ARTICLE XV.

Il fut publié le 27 d'avril une ordonnance de Sa Majesté du 8 du même mois, pour faire obferver la déclaration du feu Roi du premier de juillet 1713, par laquelle il eft expreffément ordonné que tous les domeftiques,

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compris fous le nom de gens de livrée, "porteront fur leurs jufte-au-corps & furtouts, ou du moins fur le parement de chacune des manches ou fur les poches, un galon de livrée de couleur apparente. " Ce qui a donné lieu à cette déclaration & à l'ordonnance qui la renouvelle & en commande l'exécution, c'eft qu'un très grand nombre de domestiques de cette efpèce n'ayant aucune des marques qui puiffent les faire connoitre pour tels, fe trouvent fouvent confondus, & principalement dans les fpectacles & dans les promenades publiques, même dans les maifons royales, avec des perfonnes de toutes les conditions, fujets de Sa Majefté ou étrangers: ce qui non feulement eft contraire au bon ordre, & aux règles de la bienféance, mais

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auffi peut donner occafion à plufieurs incidens, au préjudice de la fûreté & de la tranquillité publiques.

La mention qui eft faite nommément des étrangers montre à quel point on est attentif en France à l'hospitalité civile. Nos coutumes les naturalifent en quelque forte lorsqu'ils nous vifitent; nous nous faifons un devoir de leur fûreté & de leur fatisfaction. Il est vrai que quand l'humanité ne l'ordonneroit pas, la réputation qu'a la nation françoise dans tous les pays du monde de bien traiter les étrangers eft une reconnoiffance de leur part qui femble l'y engager particulièrement.

ARTICLE XVI.

Depuis quelque tems les affemblées de jeux de hafard fe multiplioient extrêmement à Paris. La néceffité d'empêcher ce mal eft le fujet d'une ordonnance du 8 d'avril, publiée le 29 du même mois, dans laquelle le Roi dit qu'ayant été informé que la licence des jeux eft parvenue au dernier excès, furtout " à l'égard de ceux appelés la baffette & le pharaon, à qui l'on a affecté de donner d'autres dénominations, quoiqu'ils foient "proprement les mêmes, dont l'injufte inégalité excite également de fréquentes querelles entre les joueurs, porte à des ufures

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