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que comme un effai, attendu que le peu de tems qu'on a eu & la difficulté de rétrograder fur un grand nombre d'événemens fugitifs, n'ont pas permis de le remplir davantage. Le fecond, qui paroîtra à la fin d'août & qui contiendra avril, mai & juin, fera plus ample & deviendra une règle pour tous les autres qu'on fera exact à donner quinze jours après chaque trimestre.

Comme on obferve dans cette Hiftoire journalière l'ordre du tems,

&

que les faits font trop différens pour être fufceptibles de liaison, il a paru mieux d'en faire autant d'articles diftingués par des chiffres romains qui fe fuiviffent dans les quatre volumes de chaque année.

Les personnes inftruites de quelques particularités relatives à Paris font priées de vouloir bien les communiquer à l'auteur; il leur en fera très obligé, leur en fera honneur & les inférera dans la forme qui lui fera mar

quée, de même que les differtations ou recherches qu'on voudra lui envoyer, pourvu qu'elles puiffent fervir à l'hiftoire de cette grande ville, & qu'il n'y ait rien contre la réputation ou contre l'honneur de qui que ce foit. On fupplie que les copies foient correctement écrites & furtout les noms propres, parce qu'on se fait un point capital de l'exactitude de l'impreffion. On n'aura qu'à les envoyer cachetées au libraire avec la fufcription: Pour l'auteur de l'Hiftoire journalière de Paris.

HISTOIRE JOURNALIÈRE

DE PARIS.

1716-1717.

L'

ARTICLE PREMIER.

E lundi 30 de décembre 1715, le Roi quitta le château de Vincennes, & vint faire fa demeure à Paris au palais des Tuileries. Depuis ce même jour, le conseil de régence fe tient trois fois la femaine dans le grand cabinet de Sa Majesté, & les édits, ordonnances, déclarations & arrêts du confeil d'État font datés de Paris.

ARTICLE II.

On ne connoiffoit point, avant l'année 1716, les bals publics, fpectacle nouveau

qui commença pour la première fois le jeudi deuxième de janvier fur le théâtre de l'Opéra (1); on jouit de ce divertissement trois fois la femaine & les trois derniers jours du carnaval. Le parterre, ou plutôt un faux plancher de fa fuperficie, s'élevoit par le moyen d'un moulinet à la hauteur du théâtre & de l'amphithéâtre, &, s'y ajustant de niveau avec des abattans, n'en faifoit plus qu'une même aire. Tout le tour de la falle représentoit une boisure peinte en blanc avec des filets dorés pour en figurer les lambris. Cette décoration, montée fur plufieurs grands châffis d'affemblage, fe mettoit chaque fois, & fuivoit le trait des loges afin de ne les point boucher, en forte qu'elles formoient autant d'étages de balcons à l'italienne pour ceux qui vouloient être spectateurs.

La falle étoit très bien éclairée & garnie de deux rangs de banquettes. Il y avoit à chaque bout une excellente fymphonie composée des violons de l'Opéra.

Le bal commençoit à onze heures du foir & duroit toute la nuit jufqu'à fix heures du matin. On prenoit l'écu courant (2) par per

(1) L'Opéra occupoit alors l'ancienne falle du PalaisRoyal, qui avoit été conftruite pour les repréfentations de Mirame du cardinal de Richelieu & prêtée enfuite à la troupe de Molière. Elle étoit fituée là où la rue de Valois débouche fur la rue Saint-Honoré.

(2) En janvier 1716, l'« écu courant, étoit celui

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