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Comme il étoit devenu valétudinaire depuis quelques années, il y avoit déjà du tems qu'il faifoit peu de chofe lorsqu'il mourut le 16 de mai. Il étoit marié & n'a point laiffé d'enfans. Il eft enterré à Saint-Roch.

ARTICLE XXXI.

Nicolas Colombel, peintre & profeffeur de l'Académie, étoit de Sotteville, proche de Rouen (1). Étant venu à Paris, il apprit à deffiner & peignit quelque tems chez M. de Sève, recteur de l'Académie. Il alla enfuite à Rome, où il passa plusieurs années à étudier Raphaël, & il profita fi bien qu'il y fit pour un Augustin du grand couvent de Paris des tableaux comparables à ceux du Pouffin, entre lefquels font la Femme adultère (2), & Jésus-Chrift chez le Pharifien (3). Les Ro

citer J.-B. Santerre, Louis Silveftre, Jean Raoux, Tournières, Cazes, Dulin, Nicolas Bertin, Jofeph Christophe. (1) Il y étoit né en 1646.

(2) Gravée par Claude Duflos.

(3) Gravé par Michel Doffier. Selon Thiéry (Guide des amateurs & des étrangers à Paris, tome II, p. 466), le chœur de la chapelle étoit orné de fept tableaux enrichis de bordures magnifiques. « Le premier & le plus près de l'autel repréfente le facrement de l'Euchariftie; on ignore le nom du peintre. Ce tableau eft le don d'un religieux de cette maison. "

mains faifoient une telle eftime de fon mérite qu'ils lui donnèrent une place dans leur Académie (1). Son premier ouvrage, lorsqu'il fut revenu d'Italie, où il avoit fait un affez long féjour, fut un Saint Hyacinthe pour la chapelle de ce faint aux Jacobins de la rue Saint-Honoré (2). Quelque tems après il fe présenta à l'Académie, & y montra de fort beaux morceaux qu'il avoit peints à Rome. Il y avoit entre autres une Bacchanale & un tableau représentant le roi Candaule qui fait voir fa femme à fon favori. On lui donna pour fujet de fon tableau de réception les amours de Mars & de Rhea (3). Prefque tous fes ouvrages parent les cabinets, en ayant fait peu de grands. Il a peint dans fa dernière maladie un tableau qui représente le Paralytique qu'on defcend par le toit (4). La manière de cet habile peintre fait voir qu'il s'étoit attaché à Raphaël, jusque-là que l'on

(1) Il fut reçu membre de l'Académie romaine de SaintLuc en 1686.

(2) Selon d'Argenville, les têtes des religieux qui figurent dans ce tableau, appartenant aujourd'hui au musée du Louvre, furent peintes d'après nature dans le couvent auquel il étoit destiné.

(3) Appartient également au Louvre. Il fut présenté à l'Académie le 6 mars 1694 & offert par elle l'année fuivante à Colbert de Villacerf.

(4) On ignore ce qu'eft devenu ce tableau, ainfi que la Bacchanale & le Roi Candaule mentionnés plus haut.

convient qu'aucun peintre n'en a plus approché depuis M. Le Sueur. Il deffinoit correctement, ordonnoit bien fes fujets, & obfervoit une grande précifion, qui, fur les fins, le rendit un peu fec. Il étoit excellent payfagiste, & il a fait quantité de portraits hiftoriés qui font eftimés. Il favoit plus qu'il n'eft ordinaire aux perfonnes qui n'ont point de lettres. Il mourut le 27 de mai, fans avoir été marié, âgé de foixante & treize ans, regretté de tous les honnêtes gens à cause de sa probité & de la douceur de fes mœurs. Il est enterré à Saint-Euftache.

ARTICLE XXXII.

DISSERTATION SUR L'ORIGINE DES JETONS
ET LEUR ARRANGEMENT.

Comme il est malaifé de diftinguer aujourd'hui, parmi les médailles antiques, celles qui fervoient de monnoies & celles qu'on employoit à d'autres ufages particuliers, il ne faut pas douter qu'à l'avenir on n'ait encore de la peine à connoître la différence de tant de pièces modernes d'or, d'argent & de cuivre dont les espèces fe multiplient tous les jours. C'eft pourquoi quelques perfonnes ont déjà pris foin d'en féparer la plupart des monnoies, principalement celles de France; & plufieurs ont décrit un grand nombre de médailles;

mais il reste encore une quantité extraordinaire de pièces à faire connoître, qu'on af femble ordinairement fous le nom de jetons. Ce font toutes les efpèces d'or, d'argent ou de cuivre qui n'ont point eu cours parmi les monnoies, & qui n'ont ni le poids ni le relief de ces monumens plus considérables auxquels on attribue par excellence le nom de médailles modernes. Entre les jetons de France, il s'en rencontre d'anciens dont on ne fauroit marquer le véritable usage, ni même fous quels règnes ils ont été fabriqués. Des jetons faits du tems du roi Charles VII, fous le roi Louis XI, fous le roi Charles VIII, fous le roi Louis XII & fous le roi François Ier expriment par le mot Gettoirs, par d'autres infcriptions & par des armes ou des fymboles connus, que ces pièces étoient employées à calculer tant dans les bureaux des finances de nos rois que chez les ducs de Bourgogne, les ducs d'Orléans, d'autres princes, divers feigneurs, officiers, cardinaux, prélats, & même chez des particuliers dont la mémoire s'eft confervée par ces monu

mens.

Des communautés ont fait faire en différens tems des marques qu'on nomme mereaux, qui font diftribuées dans les églifes & dans les chapitres ou affemblées, à ceux qui doivent y recevoir quelque rétribution, ou droit de préfence, & aux ouvriers que ces com

munautés font travailler, & qu'on paye fuivant ces mereaux, comme on fait auffi dans des ateliers de bâtimens ou d'autres grands travaux. Il y a des jetons qu'on diftribue dans les compagnies aux étrennes ou aux jours que ces compagnies s'affemblent. Les marchands & les négocians font faire des marques qu'ils nomment lots, parce que ces marques fervent à tirer au lot ce qui dépend du négoce qu'ils font en commun. Diverses perfonnes font faire des marques de jeu de figures différentes, & les monnoyeurs ont auffi fabriqué fort fouvent divers effais ou autres espèces qu'ils nomment pièces de plaifir, ainfi qu'ils appellent toutes les différentes efpèces, dont nous venons de parler, & que nous comprenons toutes fous le nom de jetons.

Il n'y a pas lieu de douter qu'en France toutes ces espèces, ainfi que les monnoies, n'aient été fabriquées avec le marteau jufqu'au tems du roi Henri II, que les défauts de ce monnoyage & les inconvéniens fâcheux qu'ils caufèrent tous les jours engagèrent à y remédier. Quelques perfonnes prétendent qu'un menuifier nommé Aubin Olivier, né à Saint-Genest en Auvergne (1), inventa alors

(1) Il eft affez fingulier que l'auteur de ce mémoire infifte à deux reprifes fur les origines auvergnates d'Aubin Olivier, puisque la Chronologie collée de Léonard Gaultier

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