de lui-même pour ne plus représenter que la juftice dont il eft le chef. C'est par cette raifon que (1) nul autre que lui n'a fon appartement paré des marques de la magiftrature royale, c'est-à-dire des tapifferies femées de fleurs de lis, qui font les ornemens des cours fouveraines. Enfin il eft le feul qui ait un CentSuiffe de la Garde à fa porte & un exempt de la prévôté, qui a le titre de lieutenant, avec deux hoquetons attachés à sa personne pour la garde des fceaux.

Quand il va au confeil, il est toujours accompagné des huiffiers du confeil & de ceux de la chancellerie, ces derniers portant des maffes. Jufques à Henri II, il n'y avoit à la chancellerie qu'un huiffier à masse; mais on trouve qu'à l'entrée de ce roi, en 1549 (2),

doyers d'Ant. Lemaiftre eft de 1657, in-folio; ils ont été réimprimés en 1705 par Iffali (in-4o) & de nouveau, fous le titre d'Euvres choifies, par Ambroife Falconet (1807, in-4°).

(1) François Duchefne (D.).

(2) Il est à peine néceffaire fans doute de rappeler à des lecteurs bibliophiles que le fouvenir de cette folennité a été confacré par le magnifique livre : C'est l'ordre qui a efté tenu à la nouvelle & joyeuse entrée que.... le roy Henry, deuxiefme de ce nom, a faite en fa bonne ville & cité de Paris le feiziefme de juing MDXLIX, J. Roffet, 1649, in-4°. Les onze planches fur bois qui le décorent, tour à tour attribuées à G. Tory (mort feize ans auparavant) & au Primatice, paroiffent devoir plus férieufement être reftituées à Jean Coufin.

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deux huiffiers de la chaîne, portant masse, marchoient devant le chancelier. Auffi eft-ce fous le règne de ce prince que les chanceliers & gardes des fceaux commencèrent à mettre derrière leurs armes deux maffes de vermeil doré : ce qui a fait dire à La Colombière (1) que le chancelier de France a "pour marques extérieures de fa haute di"gnité le mortier de toile d'or rebraffé "d'hermines pofé fur le cafque de fon écu, "d'où fort pour cimier une figure repré"fentant la France, couverte d'un manteau

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royal, la couronne de France fur la tête, "tenant d'une main le fceptre & de l'autre les "grands fceaux du Royaume, & derrière l'écu

de fes armes deux grandes maffes d'argent doré paffées en fautoir, avec le manteau d'écarlate, pareil à celui des ducs & pairs ❝de France, orné de rayons d'or vers le haut & fourré d'hermines. "

ARTICLE IV.

M. Joly de Fleury, avocat général, fut fait en même tems procureur général (2). Cette

Le véritable titre eft:

(1) Science héraldique (D.). La Science héroïque, traitant de l'origine des armes, de leurs blafons & Symboles, &c., Paris, Sébastien & Gabriel Cramoify, 1644, in-folio.

(2) Guillaume-François Joly de Fleury, né à Paris en

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charge eft la même dans toutes les cours fouveraines du Royaume, foit pour les fonctions, foit pour les honneurs; mais une distinction particulière au procureur général du parlement de Paris (1), c'est qu'il prend la qualité de garde de la prévôté de Paris, le siège vacant la raifon s'en trouve dans le favant Loyfeau dont on rapportera tout au long la remarque (2).

"Les prévôtés ne furent plus (fous Char"les VIII) conférées en garde, ains en office. "Ceux auxquels elles furent conférées s'ap

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pelèrent prévôts & non plus gardes de la prévôté, comme ils faifoient lorsque le

1675, avocat général en 1700, bien qu'il fe fût d'abord deftiné à la prêtrife & qu'il eût porté le petit collet, exerça les fonctions de procureur général de 1717 à 1746, époque à laquelle il céda fa charge à fon fils aîné. Il confacra les dix dernières années de fa vie à claffer les regiftres & les archives du Parlement, & mourut à Paris le 25 mars 1756. L'immenfe collection de documens hiftoriques, adminiftratifs & judiciaires raffemblée par G. Fr. Joly de Fleury & fes fils a été acquife en 1836 par la Bibliothèque royale. Un inventaire fommaire en a été rédigé & publié par M. Augufte Molinier (Alph. Picard, 1881, in-8°).

(1) Mémoire fur l'origine & l'inftitution des cours, par Pierre de Miraumont (D.). La première édition est de 1584, in-8°; la feconde, intitulée l'Origine & établissement du Parlement & autres juridictions royales, eft de 1612, in-8°.

(2) Des Offices, 1, 3 (D.).

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"domaine faifoit partie d'icelle, & que le "Roi en étoit le vrai feigneur, ainfi que "d'un comté, châtellenie ou autre feigneurie. "Toutefois ce titre de garde eft demeuré au prévôt de Paris qui ne s'intitule que garde de la prévôté de Paris, foit à caufe que le règlement de la prévôté de Paris avoit été fait féparément par l'ordonnance du roi "S. Louis, auffi que cette prévôté est autre " que les autres, attendu qu'elle reffortit di“rectement à la cour, foit à cause de l'émi"nence de la ville capitale du Royaume, où le Roi eft jaloux qu'aucun prenne un titre approchant de feigneurie, ains veut être réputé lui-même le vrai prévôt de Paris; & de fait, pendant la vacance de cet office, "c'eft M. le procureur général du Roi qui, comme prévôt de Paris au lieu du Roi, eft intitulé en tous les actes & contracts de cette juridiction. "

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ARTICLE V.

Les femmes en France ne fervent plus les princes quand ils ont atteint sept ans; la gouvernante les remet au chef de la famille le jour qu'ils entrent dans leur huitième année. Comme le Roi eft né le 15 de février 1710, Monseigneur le duc d'Orléans fe rendit pour cette cérémonie à pareil jour au palais des Tui

leries fur les neuf heures du matin. Mme la ducheffe de Ventadour (1), gouvernante de la perfonne de Sa Majefté, l'amena. Quelques jours auparavant elle avoit fait examiner par les médecins la fanté du Roi, qu'ils trouvèrent auffi bonne qu'on le pouvoit fouhaiter. Monseigneur le duc d'Orléans témoi

gna à Mme la ducheffe de Ventadour la fatiffaction qu'il avoit de fes fervices, & combien la France lui devoit d'avoir par fes foins & fon attention maintenu le Roi dans une fanté parfaite & la remercia.

Enfuite S. A. R. préfenta au Roi M. le maréchal duc de Villeroy (2), son gouverneur, & l'ancien évêque de Fréjus, fon pré

(1) Charlotte - Éléonore-Madeleine de La Motte-Houdancourt, ducheffe de Lévis - Ventadour, un moment aimée de Louis XIV & qui fut adjointe en 1704 à fa bellemère la maréchale de La Motte-Houdancourt, comme furvivancière à la charge de gouvernante des enfans de France. Elle avoit été fort belle, & Saint-Simon, dans le cruel portrait qu'il a tracé d'elle, l'accufe d'avoir dû tour à tour fa faveur à fes bonnes grâces pour le maréchal de Villeroy & à la piété qu'elle affecta lorfque Mme de Maintenon fut devenue toute-puiffante. Née en 1651, Mme de Ventadour mourut le 13 décembre 1744, au chàteau de Glatigny, près de Versailles.

(2) François de Neuville, duc de Villeroy, maréchal de France en 1693. Succeffivement battu à Chiari & à Ramillies, obligé de rendre Crémone au prince Eugène, il n'en fut pas moins, malgré fes revers, miniftre d'État en 1714 & défigné par Louis XIV, dans fon teftament, pour