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cepteur, avec les autres perfonnes qui doivent être employées à fon éducation.

Mme la ducheffe de Ventadour prit congé du Roi & lui baifa la main. Sa Majesté l'embraffa tendrement & donna en cette occafion des marques fenfibles de fon bon cœur. Auffitôt les grands officiers de la chambre & de la garde-robe, les quatre premiers valets de chambre & les quatre premiers valets de garde-robe entrèrent dans l'exercice de leurs charges. Pour les officiers inférieurs, ils avoient toujours fervi avec les femmes. Le gouverneur du Roi, le précepteur, les fousgouverneurs & les fous-précepteurs commencèrent auffi en même tems leurs fonctions.

L'après-midi, Mme la ducheffe de Ventadour étant venue voir le Roi, M. le marquis de la Vrillière (1) lui apporta de la part de Sa Majefté un préfent de cinquante mille écus en pierreries.

être gouverneur de fon petit-fils. Il fut disgracié en 1722 par le Régent, qui redoutoit fon influence fur l'efprit du jeune roi. Né en 1644, il mourut en 1730.

(1) Louis Phélypeaux, marquis de La Vrillière, fils du fecrétaire d'État mort en 1681, étoit né en 1672. Il mourut en 1718, ayant confervé fous la Régence les fonctions de miniftre de la maifon du Roi que lui avoit confiées Louis XIV en 1715. Son fils fut le célèbre Saint-Florentin dont la faveur dura autant que le règne de Louis XV.

n'eft pas poffible qu'elle ne foit fort confidérable. La maifon du marchand a été entièrement brûlée, à la réferve de la cave où le feu ne pénétra point, heureusement pour lui & pour le voisinage, attendu qu'elle étoit pleine de foufre, de cire & d'huile, toutes matières auffi aifées à s'enflammer que difficiles à éteindre. Il n'eft refté que la moitié des deux maisons d'à côté & les voisines ont été fort endommagées; d'ailleurs l'alarme fut telle qu'elle caufa autant de dommage à proportion que le feu même, par la précipitation qu'eut le voisinage de déménager, chacun jetant fes meubles pêle-mêle par les fenêtres & les emportant fans favoir où les mettre: ressource dans une pareille extrémité presque auffi ruineufe pour l'ordinaire que la perte qu'on veut éviter.

A cette occafion, on remarquera qu'étant d'une fage police de tenir des fecours tout prêts pour les divers accidens, la Ville a pour les incendies un grand nombre de feaux d'ofier doublés de cuir; ils font faits de cette forte afin d'être jetés de haut fans s'endommager (comme il arrivoit aux feaux anciens qui étoient de bois cerclés de fer). Ces feaux font gardés chez les échevins & chez les bourgeois qui l'ont été & ne fervent que dans les embrafemens. Depuis 1705, il y a auffi des pompes femblables à celles de Hollande, compofées de plufieurs tuyaux de cuir

qui entrent l'un dans l'autre, pour empêcher le progrès du feu en élevant l'eau & en la jetant à la hauteur que l'on veut & où l'on veut. Elles font entretenues préfentement aux dépens du Roi. L'ordonnance, qui fut faite au mois de janvier 1716 (1) pour leur renouvellement, porte en substance que « le "Roi étant informé que ces pompes établies en 1705 par les foins du fieur Dupérier, étoient fort négligées depuis 1708 qu'il a "ceffé d'être chargé de leur entretien, lequel Sa Majesté veut affurer à perpétuité, Elle "a affigné un fonds annuel de fix mille livres qui fera pris au tréfor royal & remis au "fieur Dupérier pour fatisfaire à toutes les

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dépenfes convenables de ces pompes; "qu'outre des quatre qui font & demeure"ront à l'Hôtel de ville, il en rétablira juf"qu'à la quantité de feize du nombre des

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vingt qu'il a fournies précédemment, les

quelles feront dépofées, favoir quatre à "l'ordinaire dans l'Hôtel de ville, quatre "dans le couvent des Augustins près le Pont"Neuf, quatre dans celui des Carmes de la "place Maubert, quatre au couvent de la Mercy près l'hôtel de Soubife & quatre

(1) L'ordonnance rappelée eft du 22 février 1716. Le privilège accordé à Dumouriez-Dupérier, le 12 octobre 1699, fut renouvelé plufieurs fois & continué en 1770 au fieur Morat.

dans la maifon des Auguftins déchauffés près la place des Victoires, & que, pour les fervir & les faire jouer dans les occafions, "il inftruira seize gardiens & feize fousgardiens auxquels il fournira à chacun un "bonnet particulier pour le porter dans les incendies, afin d'être plus facilement re" connus & commander parmi les autres ❝ ouvriers qu'on y emploie. "

ARTICLE VII.

Il y a eu cette année une prolongation de la foire de Saint-Germain jufqu'au jeudi de la femaine de la Paffion (1).

Autrefois elle ne finiffoit que le jeudi de la même semaine & les marchands déménageoient

(1) La foire Saint-Germain, établie en 1482, s'ouvroit d'ordinaire le 8 février & duroit trois femaines. Son emplacement occupoit à peu près l'efpace du marché SaintGermain actuel, entre les rues Félibien, Mabillon, Lobineau & Clément. On y vendoit de tout, excepté des armes & des livres. Très fréquentée fous la Régence, elle vit tomber peu à peu fa vogue & ceffa vers 1786. En 1762, la charpente qui couvroit les loges fut détruite par un violent incendie. Gabriel de Saint-Aubin a gravé fix vues de cet incendie fur une même planche, & il en avoit lavé un grand deffin à la plume, mêlé d'aquarelle & de gouache, fignalé par M. E. de Goncourt chez M. de La Béraudière.

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le lundi & le mardi faint; mais, depuis environ vingt ans, elle fe ferme quinze jours avant Pâques, ainfi que les théâtres qui ne fe rouvrent que le lendemain de la Quafimodo. Cependant l'Opéra, non plus que les comédiens françois & italiens, n'ayant point voulu profiter de cette prolongation, finirent à l'ordinaire la veille du dimanche de la Paffion.

On fait que la pièce que représentent les comédiens françois, ce dernier jour, est Polyeucte, tragédie fainte de Corneille. Elle fait ordinairement tout fon effet à cette représentation & par les beautés qui lui font propres

&
par la perfection du jeu, les acteurs fe fur-
paffant à cause de l'émulation que leur donne
l'affluence du monde. Les loges font retenues
plus de deux mois auparavant & tout eft
plein à trois heures. Cet empressement vient
encore de la curiofité d'entendre le remer-
ciement que les comédiens font ce jour-là, le
dernier de l'année théâtrale. Anciennement
c'étoit toujours le même comédien qui le
faifoit & qui annonçoit; on l'appeloit dans fa
troupe l'orateur. Cela n'eft plus; ils font l'un
& l'autre tour à tour.

Ce compliment contient en fubftance des expreffions de reconnoiffance de la part des comédiens de l'honneur que le public leur a fait pendant le cours de l'année, de très humbles excufes de ne l'avoir pas contenté

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